Le cœur d’Entraigues-sur-la Sorgue bouge se renouvelant sur lui-même, ainsi, le maire, Guy Moureau, choisit d’y faire construire des bâtiments veillant particulièrement à y accueillir des habitants de toutes les générations. Objectif : créer des espaces de vie partagés et respectueux de la personne à tous les âges de la vie du célibataire aux couples en passant par les familles et les personnes avançant dans l’âge. Le projet à un nom : La résidence Julien Lauprêtre.
Son ambition ? Créer un espace de vie ouvert sur la ville qui tisserait des interactions entre les résidents et les habitants afin que chacun trouve sa place, de l’entraide, nouant des relations les uns avec les autres. Son arme secrète ? Un Comité de pilotage réunissant tous les acteurs pour tenir chacun informé de la progression de la construction de ces logements sociaux de la Résidence Julien Lauprêtre, assortie des projets de vivre ensemble et de cohésion. Et les projets sont très concrets, notamment grâce à la Maison partagée qui permet à tous les habitants de se retrouver et d’échanger comme autour de 4 postes informatiques pour s’initier au numérique, communiquer, faire des recherches, se rassembler, cuisiner, jouer aux jeux de société, accueillir des associations, accéder aux commerces alentours. Bref, une résidence vivante et ouverte sur sa ville.
L’idée ?
L’idée provient de Corinne Ettouati, directrice générale de Sorenis, agence qu’elle a créée après un parcours dans la Politique de la ville et la rénovation urbaine. Son crédo ? Donner un supplément d’âme aux bâtiments qui s’érigent pour que les habitants dans et hors les murs fassent société. Alors elle a conçu un modèle qui accompagne les acteurs de la politique des territoires. Ce sont des maires, présidents d’agglo pour promouvoir l’habitat intergénérationnel et donc remettre de la vie dans la ville, le tout via une gestion responsable, ce qui veut dire transparente de l’habitat social et solidaire. Et cette idée est une première en France !
Le modèle
Le modèle propose une solution humaine aux maux de la société actuelle comme l’isolement, faciliter la vie des personnes les plus fragiles et surtout initier le lien intergénérationnel dès la petite enfance jusqu’à un âge avancé. Cela implique le maintien en autonomie des personnes vieillissantes à leur domicile le plus longtemps possible, initie la solidarité entre les générations, propose des lieux partagés où même trônent des postes informatiques pour ceux qui n’auraient pas pu encore appréhender Internet. En quelques mots, cela s’appelle apprivoiser la vie avec ses voisins et son environnement en créant un écosystème. Et cette ambition commence dès la construction, en passant par la mise en œuvre du projet de construction jusqu’aux 3 ans de vie du bâtiment, le temps du retour d’expérience tant matériel –conception de la résidence, des logements et espaces partagés, points à améliorer- qu’humain –pour réapprendre à vivre ensemble-.
Confiance et vérification
Alors, Corinne Ettouati joue la transversalité, tous au même niveau d’information et tous, surtout pour le bien commun. Toujours très concrètement, on se penche, sur l’adaptation de l’appartement aux difficultés de s’y mouvoir avec l’âge, de désencombrer les flux de circulation menant au couloir, aux toilettes, à la salle d’eau, aux chambres, à la cuisine, au salon, à la salle à manger sans portes trop encombrantes, particulièrement si l’on circule en déambulateur ou en fauteuil et que l’on puisse accéder à la terrasse sans marche. Il est aussi question de ré-habiter le centre-ville ce qui permet de lutter contre l’isolement, avec la satisfaction de voir la vie s’agiter juste derrière sa fenêtre, et pouvoir se permettre d’accéder aux commerces locaux ; de mutualiser les actions médicales et sociales. L’esprit est aussi, comme d’habitude, de minorer les charges en termes de dépenses énergétiques ; de prendre en compte les aspects environnements ; de faire vivre des espaces communs pour s’y rencontrer ; d’opérer le tri-sélectif et de tendre vers le zéro déchets. Et puis, tous ces process achevés, on modélise pour reproduire et personnaliser ces solutions dans des villes urbaines et villages ruraux.
C’est chose faite
Maintenant c’est chose faite ! Avec, pour sa 1re réalisation la résidence Julien Lauprêtre portée par le maire d’Entraigues-sur-la-Sorgue, Guy Moureau et Grand Delta Habitat via une Vefa (Vente en état futur d’achèvement) avec le promoteur Promosud. Pour cela, Sorenis a mis en place une assistance à maîtrise d’usage (AMU) réunissant le maire, le bailleur social et le promoteur via le Comité de pilotage décisionnel qui a également accueilli des associations, des Caisses de retraites, le Département, le Grand Avignon et des habitants. Pour que chacun en suive l’avancement, Corinne Ettouati a créé un espace numérique de suivi de projet à destination de tous les partenaires sur son site internet afin d’y intégrer l’ensemble des éléments du programme, dont, notamment la synthèse de chaque Comité de pilotage rendant compte de chaque étape et décision ce qui a induit une transparence de tous les instants. La valeur ajoutée de Sorenis ? C’est aussi d’avoir su lever des fonds pour asseoir le programme en cours de réalisation. Un exemple ? Corinne Ettouati a sollicité la Région Sud afin d’équiper les 78 foyers avec une tablette ‘Facilotab’ possédant une interface simplifiée d’accès à Internet et à la messagerie pour les personnes peu habituée à l’utilisation de l’informatique.
Sorenis pour quoi faire ?
Ce que propose Sorenis ? Rassembler les acteurs du logement autour d’un projet de société et surtout de l’habitat multigénérationnel ; soutenir les projets de territoire ; créer un modèle d’habitat intégrant le vieillissement, les publics fragiles, les travailleurs pauvres, les étudiants, l’environnement, avec des charges minorées et la mutualisation les financements publics. Pour cela, Corinne Ettouati prend son bâton de pèlerin, toque aux portes pour défendre le projet auprès du Conseil régional Paca ; des Caisses de retraite régionales ; à la Carsat Sud-Est ; à l’ARS (Agence régionale de santé) ; à l’USH (Union sociale pour l’habitat) régionale ; auprès de l’Etat ; d’Action logement ; de la Banque des territoires …
La Maison partagée
Elle est unique car elle a été entièrement conçue avec des matériaux de récupération. C’était le fer de lance de Corinne Ettouati. Un lieu comme à la maison où l’on pourrait se retrouver pour passer un moment, quand on en a envie, seul ou accompagné. Dans le détail, l’endroit propose un espace cuisine, bibliothèque, salon, 4 postes d’ordinateurs, une table de salle à manger, une rampe de siège de cinéma pour les projections, un bureau, et juste derrière les baies vitrées, un jeu de boules bientôt végétalisé ponctué de bacs pour y faire pousser des fleurs et se prêter à la démarche du potager parce que regarder les légumes pousser c’est aussi de la vie. Pour cet endroit et surtout son aménagement, Corinne Ettouati a levé près de 80 000€. Ce qu’on y vit et fait ? De l’aide aux devoirs pour les enfants par les seniors de la résidence, des ateliers toutes générations confondues, de l’aide administrative aussi. Évidemment des loisirs, de la gym douce…
La résidence Julien Lauprête
Dans les faits ? La résidence Julien Lauprêtre se compose de deux bâtiments accueillant 78 logements dont 36 dévolus aux seniors -dont 3 aux personnes handicapées avec le label Handitoit, et 42 dévolus aux familles. Une maison partagée, en rez-de –chaussée est propice au lien intergénérationnel. Ce nouveau pôle de vie, signé Grand Delta Habitat a été livré en novembre 2020. Il se situe 30, route de Sorgues à Entraigues-sur-la-Sorgue.
Témoignages
Guy Moureau
«Ce bâtiment devait à la fois répondre aux besoins des personnes âgées, handicapées et des familles en favorisant les liens intergénérationnels expose Guy Moureau, maire d’Entraigues-sur-la-Sorgue. On a bien vu, lors de cette pandémie, comme la question de l’isolement était prégnante et le lien intergénérationnel un puissant outil du vivre ensemble. La solution est là ! Chacun voulant vivre, tout simplement, comme tout le monde ! Puis-je dire qu’il n’est pas question de ‘parquer’ , de ‘mettre de côté’, dans un monde ‘à part’, parfois même virtuel, les gens ? Alors qu’il est question de se relier à la vie tout court, c’est là l’objet de cette résidence et de la Maison partagée pour laquelle nous avons remporté un appel à projet de l’ARS (Agence régionale de santé) qui finance le poste d’animateur pour y faire vivre le caractère intergénérationnel.»
Des ponts entre les générations
«Ce lien intergénérationnel est également en lien avec le centre-ville et la commune, souligne le maire d’Entraigues. Ainsi, avec le Grand Avignon, tous les trottoirs ont été adaptés à l’accessibilité et la circulation pédestre afin qu’anciens et personnes handicapées puissent aller en centre-ville, faire leurs courses, prendre un café et même déjeuner à la brasserie, quand ça sera à nouveau possible. Ce partenariat avec Sorenis a permis de questionner le vieillissement et le handicap. Cela aboutira aussi, très bientôt, à lancer au quartier gare sur 5 hectares, de nouveaux lieux de vie. Outre les labels HQE (Haute qualité environnementale) et BDM (Bâtiments durables Méditerranéens), nous souhaitons acquérir le label accessibilité (Icert) et Bâtiment accessible certifié (Bac) ce qui fera de ce nouveau quartier le 1er labellisé en France, en Paca et en Vaucluse. L’enjeu est important et l’objectif ambitieux car les questions posées dans ce nouveau quartier sont fortes au moment où la Loi Elan (Évolution du logement, de l’aménagement et du numérique) a réduit l’accessibilité de 100% à 20%, ce qui est à mon avis une faute… Nous, nous avons décidé que nos appartements seront 100% accessibles mais aussi la commune !»
Grand Delta Habitat
«Grand Delta Habitat, 1er bailleur de Vaucluse, a accompagné ce projet qualifié de qualité, témoigne Guy Moureau, durant toute sa construction et pour les années à venir et pourra intervenir sur d’autres projets, notamment parce que constructeurs et bailleurs portent l’innovation dans la construction et dans la vie quotidienne des habitants du lieu.»
Corinne Ettouati
«Ça a été une aventure, relate Corinne Ettouati, directrice-générale de Sorenis, en charge de la Maîtrise d’usage de la résidence depuis sa construction jusqu’aux 3 ans de vie des habitants dans les bâtiments, avec Primo Sud lorsque l’on a décidé de mettre en place cette ingénierie de service. Lors des Comités de pilotage, la confiance entre les différentes parties prenantes –GDH, Grand Avignon, les institutions, les associations, les Caisses de retraite- s’est instaurée. Le plus intéressant ? Nous avons pu échanger à bâtons rompus sur l’usage car aujourd’hui, le plus important, ce sont les habitants, comment ils vivent et les liens qu’ils tissent entre eux, entre les générations, comment ils s’insèrent dans le territoire. La Maison partagée est là pour répondre à des enjeux sociétaux et apporter des solutions concrètes à la fracture numérique, à la protection de l’environnement, à accroître les interactions avec les commerces de la commune. L’intégralité du mobilier de la Maison partagée a été réalisée avec des matériaux de récupération via la Nouvelle Mine à Gréasque. Les espaces extérieurs, en partenariat avec GDH, seront aménagés dans le même esprit avec un jeu de boules, des jardinières, le tri sélectif et le zéro déchet seront également mis en place, l’essentiel restant la qualité du lien entre les gens.» Enfin, pour mesurer l’impact social réel de la résidence le cabinet indépendant ‘Ingéniera’, a mis en place des critères d’évaluation avec des membres du Comité de pilotage et les résidents. ‘L’ensemble des habitants de la résidence ont un sentiment de présence et d’entraide entre eux. Ils évoquent un très fort sentiment d’attente et d’envie de s’impliquer dans les activités de la Maison partagée. Quant au ressenti du bien-être actuel, les résidents évoquent la note de 8/10.’ A travers ses premières impressions me vient l’idée de nécessité que le lieu s’adapte à la vie sociale et non pas le contraire », relève Corinne Ettouati. L’agence Sorenis est adhérente à la CRESS (Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire) Paca et agréée ESUS (Entreprise solidaire d’utilité sociale).
Suzette et Serge Ganz
«Je suis native d’Entraigues et nous avons toujours été locataires de Grand Delta Habitat, relate Suzette Ganz, locataire avec son époux d’un appartement GDH dans la résidence. Mon mari n’arrivait plus à monter les escaliers et nous avions, tous deux, des problèmes de santé. Nous sommes très bien ici, nous nous plaisons beaucoup. Nos liens avec les voisins ? Ma voisine ? Nous nous sommes connues toutes petites. Quant aux autres locataires ? Nous avons toujours vécu ensemble au village ! Ça ne nous change pas. Nous avons deux enfants, sept petits-enfants et huit arrières petits-enfants. Ce qu’on apprécie dans ce bâtiment ? Je sors quand je veux, je suis libre, sourit Suzette.»
Andrée Moureau
«Je suis Entraiguoise depuis fort longtemps. J’ai été l’ancienne directrice de l’ADMR (Association d’aide à la personne) Vaucluse aujourd’hui très présente dans ce lieu. J’ai investi mon appartement en décembre, il y a 4 mois. Sa position au cœur du village me permet de parcourir mes 4 km par jour, à pied, mais en vieillissant il devient difficile de faire ce que l’on veut. J’avais besoin de me rapprocher du village et envie de continuer à être bénévole auprès du CCAS (Centre communal d’action sociale). Je veux surtout aider les personnes âgées, dont je fais partie, particulièrement pour lutter contre le manque de relations sociales de la plupart. J’ai toujours été, aussi, écrivain public, ce qui me permet également d’aider. J’ai participé au Comité de pilotage depuis le début. La Maison partagée est très importante pour vivre ensemble. L’essentiel est de nourrir le lien entre nous, entre les générations. Pour être heureuse ? Il faut se projeter vers l’avenir, ne pas regarder dans le rétroviseur parce qu’on a des souvenirs qu’il faut parfois oublier, et continuer à être en bonne santé pour pouvoir rester tous ensemble… profiter encore des jours…»