Vice-présidente du conseil départemental de Vaucluse, Dominique Santoni, également maire d’Apt et vice-présidente de la communauté de communes du Pays d’Apt Luberon, prendra part aux prochaines élections départementales en juin prochain. En cas de reconduction de sa majorité, celle qui est à la tête de son groupe politique départemental pourrait être la première femme à présider le Département de Vaucluse.
La date des élections départementales vient enfin d’être fixée aux 20 et 27 juin 2021 (ndlr : en même temps que les régionales). C’est un délai très court par rapport aux élections précédentes ?
« Nous sommes dans un contexte un peu particulier qui ne va pas permettre de mener une campagne ‘normale’. On dit que cela peut être un atout pour les sortants. Encore faut-il qu’ils aient fait ce qu’ils avaient à faire durant les années où ils ont été élus. »
Vous estimez que durant le mandat de la majorité actuelle ce travail a été fait ?
« Je pense que nous présentons un bon bilan, notamment sur les Finances. Aujourd’hui, on dégage un investissement record avec plus de 114 M€ en 2021. Je crois que c’est cela la véritable mission du Département. C’est d’arriver à dégager de l’investissement, car c’est cette investissement qui sert à tous les Vauclusiens. »
Qu’entendez-vous par tous les Vauclusiens ?
« Quand je dis tous les Vauclusiens, c’est tous les cantons car nous avons œuvré d’une manière que l’on ne peut pas qualifier de partisane. Tous les cantons ont profité de cette augmentation de l’investissement. Toutes nos compétences ont été assurées. Et cela malgré une majorité qui n’était pas très large. C’est pour cela qu’il a fallu être consensuel avec cette idée d’agir pour notre territoire, avec équité, au profit de tous ses habitants. Il faut aussi reconnaître que c’est la première fois qu’une majorité dispose de 6 ans pour travailler – avant, il y avait renouvellement par moitié tous les 3 ans – cela évite le clientélisme. »
Quels sont ces investissements ?
« D’importants travaux ont été menés au niveau des routes notamment et il y a encore de gros projets qui seront réalisés dans une éventuelle seconde mandature. Il y a eu aussi l’extension du Très haut débit (THD) à l’ensemble du territoire d’ici 2022 au lieu de 2036. De quoi faire gagner 14 ans au département qui aura consacré 170 M€ à ce projet depuis 2012. C’est un pari que l’on a fait avec les intercommunalités d’accélérer ce déploiement dans l’ensemble du Vaucluse qui est un département particulièrement adapté à cette technologie car c’est un territoire attractif où l’on peut valoriser le télétravail. »
« Il y a aussi d’autres projets qui ont été engagés mais qui ne sont pas encore visibles car ils seront menés à leurs termes dans les années à venir : le réaménagement de Bonpas, la déviation de Coustellet, l’échangeur d’Orange, la nouvelle MDPH (Maison départementale des personnes handicapées), les archives dans la zone d’Agroparc… »
Vous êtes aussi vice-présidente du conseil départemental en charge des collèges ?
« Nous avons déjà réhabilité plus de 25 % des collèges vauclusiens et cela continuera dans les années à venir. Nous avons aussi mené un gros travail sur la restauration dans les cantines des collèges sur le gaspillage, la qualité des produits et la mise en place d’approvisionnement privilégiant les circuits courts comme Agrilocal84 par exemple. Par ailleurs, dès la rentrée prochaine nous allons équiper les élèves de 6e ainsi que tous les professeurs en distribuant des ordinateurs. »
« Mais au-delà de l’éducation, on a aussi travaillé sur l’insertion avec la plate-forme job-vaucluse ainsi que sur l’agriculture, avec, là-aussi, la volonté de mettre en avant la consommation locale. Et cela bien avant la crise du Covid. »
Le Département s’est aussi largement impliqué dans le domaine environnemental ?
« Ici, on a la chance de compter désormais 2 parcs naturels régionaux : celui du Luberon et tout récemment celui du Ventoux. Les Espaces naturels sensibles (ENS) font aussi partie de notre ADN car le Vaucluse est un département un peu différent de ses voisins. Les gens qui viennent ici ne recherchent pas la même chose que ceux qui vont sur la Côte d’Azur. Le développement durable c’est un domaine très transversal. Nous ne sommes pas ‘verts’ mais aujourd’hui tout le monde l’est. »
Durant ce mandat, le Département a aussi perdu la compétence transport au profit du Conseil régional à partir de 2017 ?
« Je regrette vraiment que nous ayons perdu cette compétence car je trouve que nous avions fait pas mal de chose comme lorsque nous avons négocié les DSP (Délégation de service public), le transport à la demande…. La mobilité est un vrai enjeu en Vaucluse et il y a encore beaucoup de choses à faire sur ce sujet-là. Donc c’est vrai, on a perdu des compétences. Mais ensuite, il faut savoir travailler tous ensemble, comme avec la Région, pour obtenir et mettre en place ce qui est utile aux Vauclusiens comme la résorption des points noirs routiers par exemple. »
Comment arrive-t-on à faire avancer son territoire, y compris dans des compétences qui ne sont pas les vôtres, comme cela été le cas avec la santé avec la crise du Covid-19 ?
« Je crois beaucoup au travail d’équipe pour un territoire. C’est important d’arriver à assembler les différents acteurs en collaborant avec les Intercommunalités, la Région, l’Etat, l’Europe. Avec pour seul objectif : l’intérêt général. Une fois qu’on est élu, on ne doit avoir que l’intérêt général en tête. »
« C’est dans cet esprit collectif que nous développons notamment ‘Vaucluse Ingénierie’. Cette plateforme vise ainsi à accompagner les communes et les intercommunalités dans leurs projets. Cet outil devrait fonctionner d’ici quelques mois en apportant du conseil, de l’expertise et même de l’assistance à maîtrise d’ouvrage aux porteurs de projets. Et bien sûr, on ne le fait pas seuls dans notre coin mais en lien avec une vingtaine de structures expertes dans leur domaine, comme le Caue84, Vallis habitat ou encore les parcs naturels du Luberon et du Ventoux. Ce sera simple d’utilisation : imaginons qu’une petite commune souhaite revitaliser son cœur de village, elle trouvera sur Vaucluse ingénierie un premier niveau d’information et pourra ensuite entrer en contact rapidement avec un opérateur qui mobilisera l’ensemble des partenaires pour faire avancer le projet en question. La plateforme couvrira tous les types de projets, de la valorisation du patrimoine jusqu’à la protection des milieux naturels en passant par l’adaptation de son parc locatif aux besoins des personnes handicapées ou la promotion touristique. En tout, une trentaine de thématiques seront proposées. Ce sera un très bel outil, au service de tout le territoire, et donc au final de tous les Vauclusiens. C’est comme ça qu’on peut faire avancer le Vaucluse, en mobilisant toutes les énergies. »
Pour revenir aux prochaines élections départementales, nous sommes dans un cas de figure particulier avec Maurice Chabert, un président sortant qui n’a pas encore fait part de sa décision de continuer ou pas ?
« Le président est assez serein. Il sait ce qu’il va faire et pour ne rien vous cacher je sais ce qu’il va faire. Maintenant, il attendait de savoir quand auraient lieu les élections. Désormais, c’est à lui qu’il faut poser la question. Mais aujourd’hui Maurice Chabert est président du Département et il le sera jusqu’à ce qu’il y ait des élections. Dans tous les cas, j’ai de très bons rapports avec le président. Je pense qu’il a fait un très bon travail en ayant su emmener cette équipe avec lui dans un contexte qui n’était pas très facile quand nous sommes arrivés aux affaires. »
Avec un RN (Rassemblement national) fort et des blocs politiques assez équivalents, ne pensez-vous que l’on risque (ndlr : le président sortant a été élu au bénéfice de l’âge à l’issu d’une égalité) de se trouver, à nouveau, avec une majorité difficile à déterminer ?
« Nous avons une équipe sortante qui présente un véritable bilan. On peut donc imaginer qu’il y aura peu de changements dans cette équipe. Par ailleurs, nous travaillons dans les cantons où il pourrait sortir de bons candidats afin que l’on puisse éviter de se retrouver dans ce cas de figure. Mais effectivement, si l’on peut s’abstenir de se retrouver dans cette situation incertaine… »
« Aujourd’hui, on a cependant l’impression que le RN plafonne, qu’il y a des ‘guéguerres’ un peu partout dans les cantons et que la Ligue du Sud connaît un certain recul. Dans tous les cas, on travaille en amont pour éviter cela. En fait, on travaille depuis un certain temps déjà, comme si les élections devaient avoir lieu demain. »
« Mais faire de la politique c’est la campagne électorale. C’est le moment avant d’être élu. Par contre, une fois élu c’est l’inverse de la vie politique, on devient l’élu de tout le monde. Je suis très pragmatique. Au final, ce qui m’intéresse c’est de mener des actions concrètes qui se voient sur tous les territoires. »
Justement, le fait de disposer d’une majorité plutôt fragile dès le début du mandat, vous a-t-il poussé à faire preuve d’encore plus de pragmatisme ?
« Comme je l’ai déjà dit, une fois élus, nous sommes au service de tous les Vauclusiens mais il est clair qu’il est plus facile de travailler avec certains élus que d’autres. Dans tous les cas, je suis une élue de proximité et j’aime voir les choses se faire. Et le Département reste pour moi un échelon où l’on est encore sur le terrain. »
Dans un département où les présidents sont régulièrement des hommes élus au bénéfice de l’âge (ndlr : 3 sur les 4 derniers présidents) est-il envisageable d’imaginer une présidente en cas de reconduction de la majorité actuelle ?
« On peut tout imaginer, mais pourquoi pas une femme à la tête du Département ? L’essentiel n’est cependant pas d’être sur la photo, l’important c’est que lorsque l’on s’en va on voit le changement. On voit ce qui a été fait. Le véritable engagement politique c’est cela. »
Vous êtes maire, vice-présidente de l’intercommunalité du Pays d’Apt, vice-présidente du Département, que vous ont appris ces mandats ?
« Il faut s’inscrire sur la durée. Avoir une feuille de route et s’y tenir. On n’est pas là pour être aimé. On est là pour le bien collectif. Prenons l’exemple de la place de la mairie à Apt, on l’a refaite parce que l’on avait dit qu’on la referait. Puis avec le Covid cela a tout décalé cette année, lors d’une année de scrutin municipal. Certains on dit que l’on allait perdre car on ne faisait pas de grand chantier avant les élections. Moi, je trouve malhonnête que sous prétexte qu’il y ait des oppositions, on le décale de 1 an juste à cause des élections. Si les gens ne veulent pas voter pour moi parce que l’on a changé un sens de circulation ou que l’on a bouleversé les habitudes du commerce et bien tant pis ! Il faut avoir le courage de se projeter et savoir avancer. Quand on pense avoir pris la bonne décision, on l’applique. Pas dans 3 semaines, 6 mois ou 1 an, mais maintenant. Qu’on m’aime ou qu’on ne m’aime pas, je fais ce que je dis. »
Et pour le Département ?
« Il faut avoir une vision. Il faut travailler sur l’attractivité du Vaucluse. Aujourd’hui, nous sommes un département un peu à part. On a pu avoir certaines difficultés, car nous sommes un territoire qui s’est fortement paupérisé, mais qui a aussi la chance d’avoir de belles entreprises. Le fait d’avoir amené le THD dans nos territoires doit permettre d’attirer des populations différentes qui pourraient travailler à distance ou implanter des entreprises dans les secteurs du développement durable, des nouvelles technologies, de l’ESS (Economie sociale et solidaire)… Nous devons miser sur nos atouts comme le tourisme, avec la politique vélo notamment, et puis travailler parallèlement sur l’amélioration de la qualité de vie. Il est important de capter de nouvelles populations qui vont amener du pouvoir d’achat, du renouveau, du développement économique, de la fréquentation touristique. Le Très haut débit doit permettre d’attirer ces gens en télétravail, tout en offrant une qualité de vie exceptionnelle.
Prenons le cas d’Apt, comment concilier développement économique et préservation du cadre de vie ?
« Nous avons la chance d’avoir de très belles industries avec des gens qui ont fait le choix de vivre à Apt. Leur principal problème aujourd’hui, c’est des salariés qui ne veulent pas forcément résider sur ce territoire et qui cherchent des écoles, de la culture, des lieux de vie et des commerces. Il faut donc travailler sur tout ceci. C’est pour cela que nous, à Apt, on a choisi un créneau qui est celui de la ‘Silver économie’ en se disant qu’il fallait ramener des gens dans le centre-ville en proposant des commerces, des services afin de favoriser le développement de l’activité. L’idée est de faire revenir des gens de 55 ans et plus avec un fort pouvoir d’achat. Des ‘jeuniors’, les vieux des jeunes ou les jeunes des vieux selon l’âge que l’on a, qui pourraient s’investir dans la ville pour y passer 3 mois, 6 mois ou 1 an. Pour cela, nous travaillons avec le groupe SRS, investisseur dans les secteurs sanitaires et médico-sociaux en France, pour rénover notre centre-ville. »
En quoi consiste ce projet de renouvellement urbain ?
« Nous sommes confrontés, comme beaucoup de communes de Vaucluse, à des propriétaires d’immeubles qui ne les ont pas rénovés pour des raisons économiques avec des commerces installés en rez-de-chaussée privant d’accès les logements situés au-dessus. Cela participe à la détérioration et au dépeuplement de nos cœurs de ville. L’idée est que cet investisseur achète ces logements à la commune ou au privé, mais uniquement des bâtiments aujourd’hui désaffectés : Comme la Caisse d’épargne, un très beau bâtiment qui est sur la place principale de la ville, ou l’ancienne usine de fruits confits Rambaud, tombé en désuétude et dont la réhabilitation demanderait un budget énorme. Il s’agit donc de rénover tout cela au standing actuel. Pour démarrer, il faut au minimum 300 appartements. Nous en sommes à 280 aujourd’hui. Mais attention, il ne s’agit pas de faire une ville de vieux. Ce n’est pas un Ephad (Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) à ciel ouvert. Il n’y a aucun service médicalisé mais des services de proximité qui se développeront avec cette nouvelle présence. Il y a donc un travail à faire pour réintégrer les commerces en centre-ville. Pour cela, il faut embellir. C’est fondamental d’embellir la ville et le territoire pour créer l’envie de s’y installer. Je crois que le ‘beau’ est essentiel. Par ailleurs, une partie de ces logements devrait être accessible aux salariés qui voudraient s’installer sur le territoire. Ce qui est intéressant en cas de succès ? C’est que ce modèle pourrait être dupliqué dans le département. »
Est-ce que la notion de ‘beau’ n’a pas été un peu trop oubliée dans le département, notamment parce qu’il dispose de nombreux atouts dans ce domaine ?
« On a tout. Nous avons un département naturellement beau. Un climat très agréable. Deux parcs naturels régionaux. On a beaucoup de force mais il faut parfois aussi être là où l’on ne nous attend pas. On a parlé d’embellir, il faut aussi être innovant, créatif. Avoir envie et être malin. C’est pour cela qu’il faut réfléchir ensemble à comment construire le Vaucluse de demain : autour des compétences du Département mais aussi de toutes les forces vives de ce territoire. Par exemple, essayer de transformer une partie de ces résidents secondaires -chefs d’entreprise, artistes, écrivains etc- en résidents permanents et en acteurs locaux. Plein de gens ayant connu des réussites en France où dans le monde ont choisi de vivre 1 à 3 mois dans le Vaucluse et nous voudrions qu’ils restent 6 mois ou 1 an ici. Nous avons d’ailleurs sollicité une partie d’entre eux dans le cadre d’un groupe de réflexion afin qu’ils travaillent avec nous sur des idées que nous n’aurions peut-être pas. »
Le domaine de la Culture en fait partie ?
« La Culture elle est à Avignon, c’est formidable. Elle est à Orange, c’est formidable. Mais je pense qu’elle doit être partout. Nous sommes un petit département où il est plutôt facile de se déplacer. Donc, il faudrait que la Culture irrigue tout le Vaucluse. Ici, ‘Terre de festivals’, le slogan de la Région Sud, prend tout son sens. C’est pour cela qu’il y a une forte implication du département dans ce secteur alors que ce n’est pas une de ses compétences directes. »
Et en termes de développement économique, notamment les problématiques de manque de foncier pour garder nos entreprises et en attirer de nouvelles ?
« L’idée c’est de conserver les entreprises du territoire en répondant à leurs besoins fonciers et aller chercher des entreprises exogènes qui n’ont pas forcément besoin de beaucoup d’espace. Il faut donc aller chercher ces entreprises et ces domaines d’activités qui pourraient être pertinents chez nous. VPA (Vaucluse Provence attractivité) fait déjà un très gros travail, mais il faut peut-être donner encore plus de moyen. Par contre, je ne suis pas sûre qu’il faille essaimer des petites zones qui se ressemblent pour se faire concurrence entre les territoires. Il faut plutôt se compléter selon les spécificités des uns et des autres en organisant le territoire : la logistique vers la vallée du Rhône et ses autoroutes A7 et A9, l’agro-alimentaire vers le Comtat et le long de la Durance, les activités de pleine nature, le sport, le tourisme vert et le cinéma vers l’intérieur du département. Les élus doivent aussi être les ambassadeurs du territoire et ensuite les services techniques doivent concrétiser ces démarches dans le cadre de missions bien précises pour que ce développement que l’on cherche à mettre en place profite à tout le territoire. »
Quand on voit le nombre de Parisiens qui abandonnent tout pour venir s’installer dans la Région, le Covid peut être une chance pour ce département ?
« Il faut effectivement saisir cette opportunité et tirer le positif de cet événement. Ne pas se contenter que des mauvaises choses. Nous sommes à un tournant et il ne faut pas hésiter à capitaliser sur la notoriété du ‘Vaucluse’. Le Vaucluse aujourd’hui est une marque reconnue. Quand on parle du Vaucluse, on sait de quoi on parle. Pour autant, pour attirer tous ces personnes, il faut leur donner les moyens de s’installer et c’est le haut débit qui entraîne tout le reste. »
Vous semblez particulièrement motivée à la perspective d’un second mandat ?
« Un vrai travail de fond a été fait. Cela va se voir. Souvent le second mandat est important, car c’est un peu court pour réaliser les choses. Il est donc important d’avoir une continuité quels que soient les élus. Toutefois, il faut des élus suffisamment intelligents pour continuer ce qui a été entrepris. Les politiques qui arrivent et qui changent tout pour changer cela n’a pas de sens. Il faut de la constance mais il faut aussi accepter que l’on travaille pendant 6 ans et que s’il on est battu, quelqu’un d’autre en tirera les lauriers. L’important est de voir aboutir ses projets. »
« Je peux avoir des idées assez arrêtées mais je suis une femme de consensus. Il ne faut pas prendre les gens pour des imbéciles. Quand on prend le temps d’expliquer pourquoi il faut faire les choses de telles ou telles manières, in fine, ils l’acceptent beaucoup plus facilement. Par contre, c’est beaucoup de temps et d’énergie, c’est pour cela qu’il faut également être très persuadé de ce que l’on veut faire. Il faut y croire. »
Justement, comment gère-t-on cette dépense de temps et d’énergie quand on vient du privé où le rythme de la prise de décision n’est pas forcément le même que dans l’action publique ?
« Oui, c’est toujours trop lent pour moi qui vient de la société civile (ndlr : elle a travaillé dans plusieurs agences de communication depuis 1987 avant de définitivement revenir sur Apt en 2006). Et c’est vrai que lorsque j’ai été élue, dans les premiers temps, j’ai eu du mal à m’acclimater à ce rythme. Il faut cependant comprendre que les procédures sont très lourdes et que lorsque l’on parle de l’échangeur de Bonpas ou du contournement de Coustellet il y a des études à faire en amont. On n’a pas forcément conscience de toutes les étapes nécessaires qu’il faut respecter lorsque l’on passe au niveau départemental ou régional. Mais c’est vrai qu’il pourrait y avoir un peu de simplification dans les process. Au final, je trouve que le temps est long et ce d’autant plus que mandat est court. »
On peut aussi avoir le sentiment que les administrations, les services de l’État, la réglementation constituent des freins à l’action de l’élu local ?
« Il y a le rôle des élus, avec d’un côté le politique, et de l’autre, l’administration, qu’il ne faut pas mélanger. En revanche, entendons-nous bien : ce sont les élus qui décident des politiques et qui impulsent les projets. Les services sont ensuite là pour les mener à bien. Les élus doivent fédérer mais aussi manager en suivant les projets pour s’assurer qu’ils seront menés à terme sans pour autant s’immiscer dans la bonne marche des dossiers. Je crois vraiment que c’est aux élus de s’impliquer pour faire changer les choses, même doucement. C’est aussi à eux d’aller défendre les dossiers car il ne faut pas que l’administration se substitue aux élus comme cela peut-être le cas dans certains grands services de l’Etat. En fait, pour moi, le politique dit où l’on va et l’administration dit comment on y va.»
« Quand je suis arrivée à la mairie un fonctionnaire m’a dit ‘ici nous sommes les murs et vous, vous êtes les meubles’. Je n’ai pas vocation à être là tout le temps. Douze ans à la mairie c’est bien pour porter les projets mais je n’ai pas que cela dans la vie. »
Propos recueillis par Laurent Garcia