22 novembre 2024 | Avignon, capitale du 7ᵉ art

Ecrit par Echo du Mardi le 27 mars 2023

Avignon, capitale du 7ᵉ art

Portée par toute une équipe à une dimension nationale et présidée par René Kraus, l’édition 2023 des Rencontres du Sud a accueilli à Avignon plus de 300 professionnels venus de toute la France pour découvrir dans les salles du Vox et Utopia Avignon centre-ville dix-huit films en avant-première du 20 au 25 mars 2023, pour échanger entre-eux et avec dix équipes de films.

Avec, entre autres, Dany Boon, Charlotte Gainsbourg, Samuel Le Bihan, Victoria Bedos, Chad Chenouga, ou Andréa Bescond et Eric Métayer qui lors de la prestigieuse soirée des Victoires 2023 mettant à l’honneur Jocelyn Bouyssy, directeur général de CGR Cinémas, ont reçu pour leur film ‘Quand tu seras grand’ le prix des lycéens, décerné par les élèves des établissements de formation du campus des sciences et techniques d’Avignon. Le prix des « Montreurs d’images » revenant à ‘Chien de la casse’ de Jean-Baptiste Durand. Onze films étaient en compétition. Sept hors-concours.

À noter que ces rencontres cinématographiques ont été partiellement ouvertes au grand public avec des films présentés en présence des équipes à Utopia Manutention et Pathé Cap-Sud à Avignon, au Rivoli à Carpentras, à La Cigale à Cavaillon et au Capitole myCinewest au Pontet, où s’est également déroulé samedi 25 mars le CinéPitchoun destiné au jeune public.

‘Quand tu seras grand’

Le 23 mars au cinéma Le Vox à Avignon, Andréa Bescond et Eric Métayer sont venus présenter ‘Quand tu seras grand’. Après ‘Les chatouilles’, histoire s’inspirant du drame de l’enfance d’Andréa Bescond qui avait été victime de violences sexuelles, ils s’attaquent dans ce nouveau film à la maltraitance envers les personnes âgées et la forme d’abandon qui existe dans notre société par rapport à ces derniers. Le long métrage, dont la sortie nationale est prévue pour le 26 avril prochain, a reçu un bel accueil du public de ces Rencontres cinématographiques du Sud, et a été primé par le prix des lycéens lors de la prestigieuse soirée des Victoires 2023.

À travers les histoires des résidents d’un Ehpad qui vont devoir partager leur réfectoire avec une classe d’enfants, et les difficultés du personnel soumis à une pression permanente et à des restrictions budgétaires impactant les conditions de travail, c’est un véritable moment de vie, d’amitié et d’amour qui est proposé aux spectateurs. Un film choral sur un sujet difficile qui donne à voir la vieillesse mais aussi l’enfance et qui parle avant tout de l’humain. Avec Vincent Macaigne, Aïssa Maïga, Evelyne Istria, Christian Sinniger, Marie Gillain, Carole Franck, Eric Métayer, Sylvie Artel…

« L’idée du film est née il y a quelques années quand ma grand-mère était en Ehpad, rapporte Andréa Bescond. Nous sommes venus la voir avec nos enfants et nous avons remarqué à quel point leur présence faisait réagir les personnes âgées. Tout à coup elles pétillaient de nouveau. Cela nous a beaucoup émus. » « Voir se rallumer une étincelle dans leurs yeux grâce à la présence d’enfants, a sans doute créé un déclic en nous », ajoute Eirc Métayer. « L’enfance et la vieillesse constituent deux parties de la vie qu’on ignore un peu. Les gens en Ehpad ont eu un métier, une vie, une histoire. Ce ne sont pas simplement des vieux qu’on ramène le soir dans leur chambre. Et c’est la même chose pour les enfants », analyse Andréa. Ce film n’est ni totalement une comédie ni un drame mais un peu des deux.

Eric Métayer et Andréa Bescond. ©Jean-Dominique Réga

‘La vie pour de vrai’

C’est accompagné de Charlotte Gainsbourg que Dany Boon est venu présenter en avant-première aux professionnels sa nouvelle comédie ‘La vie pour de vrai’, qui sortira dans les salles le 19 avril prochain. Un film de 109 minutes où le scénariste, réalisateur et acteur retrouve au casting son complice Kad Merad, Caroline Anglade et Charlotte Gainsbourg, avec qui il avait joué dans le film ‘Ils sont partout’ d’Yvan Attal.

L’intrigue a pour point de départ le Club Med au Mexique, où Tridan Lagache (Dany Boon) changeait d’amis toutes les semaines. Un lieu idyllique où ses parents travaillaient. Il y est né et y a vécu toute sa vie. À 50 ans, il décide de quitter pour la première fois son environnement de toujours pour retrouver Violette, son amour d’enfance qu’il n’a connu que huit jours. Il débarque à Paris avec toute sa naïveté loin d’imaginer les obstacles à sa quête du bonheur. Quelque peu perdu, il va faire la rencontre inattendue de Louis (Kad Merad), demi-frère dont il ignorait l’existence. Mais ce dernier, pour se débarrasser de lui et le flouer dans l’héritage d’un appartement qu’il occupe dans la capitale, va supplier Roxane (Charlotte Gainsbourg), l’une de ses conquêtes, de se faire passer pour Violette.

« C’est un film sur l’amour et le fantasme qu’on peut faire, explique Dany Boon. Sur le relationnel aussi. Les premières émotions lorsqu’on est enfant restent en mémoire toute la vie. Quand je suis arrivé comme étudiant à Paris, je ne comprenais pas pourquoi les gens ne se parlaient pas et avaient peur. Tridan a un regard décalé sur le monde. Il suffit de pas grand-chose pour faire basculer les échanges sociétaux du bon côté. Louis ne voit pas la chance qu’il a d’avoir Roxane. Chacun est dans son monde. » Tridan avec sa personnalité va apporter quelque chose dans l’univers de Louis mais aussi dans celui de Roxane qui est une femme libre et authentique. Une Roxane interprétée avec sincérité et subtilité par Charlotte Gainsbourg qui apporte tout son talent dans ce trio amoureux.

Dany Boon et Charlotte Gainsbourg. ©Jean-Dominique Réga

‘Le prix du passage’

Thierry Binisti, réalisateur qui s’est fait connaître du grand public en portant à l’écran l’adaptation de ‘La bicyclette bleue’, roman de Régine Desforges avec Laetitia Casta, était présent au Vox à Avignon le 20 mars pour le lancement des Rencontres du Sud où il est venu présenter en avant-première son dernier long métrage ‘Le prix du passage’ dont la sortie nationale est prévue le 12 avril prochain.

Un film sur les migrants qui se retrouvent après un long périple dans le Nord de la France avec l’espoir de trouver une vie meilleure en Grande-Bretagne. Un sujet traité à travers l’histoire croisée de Natacha, jeune mère célibataire de 25 ans, et celle de Walid, migrant d’origine Irakienne. Elle fait face à des difficultés pour élever son fils Enzo, 8 ans. Walid, lui, attend de réunir assez d’argent pour payer son passage vers l’Angleterre. Aux abois, ils improvisent ensemble une filière artisanale de passages clandestins… Une histoire qui met en relief également le choc de deux précarités, celle des migrants et celle d’une forme de sous-prolétariat urbain dont Natacha fait partie, car elle aussi est dans une situation économique qui limite son univers et la rend dépendante des personnes qui gravitent autour d’elle.

« Les frontières s’étaient estompées mais elles se relèvent, constate Thierry Binisti qui a passé du temps auprès des populations locales et des associations qui œuvrent dans des villes comme Calais, Boulogne sur mer ou Cherbourg. Il n’y a pas encore de volonté politique de les faire tomber car cela fait peur. Il y a un réseau de volonté et une force de solidarité qui est touchante, avec au final des frontières qu’on arrive à contourner. » Deux attitudes existent, le soutien et le rejet…

Thierry Binisti. ©Jean-Dominique Réga

‘Le principal’

Le réalisateur Chad Chenouga est venu aux Rencontres du Sud présenter en avant-première au cinéma Le Vox à Avignon ‘Le Principal’ dont la sortie nationale est prévue le 10 mai prochain. Un film avec, dans le rôle principal, Roschdy Zem, avec Marina Hands de la Comédie-Française avec Yolande Moreau. C’est l’histoire de Sabri Lahlali, principal adjoint d’un collège de quartier, qui est prêt à tout
pour que son fils, sur le point de passer le brevet, ait le dossier scolaire idéal. Mais il ne sait pas jusqu’à quel point son entreprise va le mener…

Une histoire qui est tirée de faits réels révèle le réalisateur. « J’étais allé présenter mon film ‘De toutes mes forces’ dans un ciné-club où le public était constitué en grande partie d’enseignants, explique-t-il. Deux professeurs m’ont raconté qu’ils avaient travaillé avec un principal adjoint atypique qui avait trahi sa fonction. Il avait triché en donnant un corrigé à son fils. Mais comme il était bien noté, l’affaire avait été étouffée et il avait quand même été nommé principal dans un autre établissement. » Chad Chenouga, qui y voit une dimension d’autodestruction avec quelqu’un qui dans le fond n’est pas très épanoui, ajoute que le principal est « un homme un peu spécial, psycho-rigide et un peu paranoïaque, qui avait pris l’initiative de tricher et qui, quand il avait été soupçonné, avait menti et demandé à son fils de se dénoncer. »

« Quand vous arrivez à vous extraire de votre milieu vous pouvez avoir un sentiment de culpabilité, analyse Chad Chenouga qui a été nommé aux Césars en 2000 pour son film ‘Rue bleue’. Je fais de la fiction mais j’insuffle dans ce film des choses très personnelles. J’aime bien la littérature, l’art m’a aidé tout jeune. » Acteur et scénariste, il est lauréat du grand prix du concours Sopadin de meilleur scénariste pour son film ‘De toutes mes forces’. Pour le théâtre, il a écrit ‘La niaque’ qu’il a mis en scène. Et il est intervenant aux cours Florent.

Chad Chenouga. ©Jean-Dominique Réga

‘Last Dance’

‘Last Dance’ une comédie de Delphine Lehericey avec François Berléand, Kacey Motte Klein, Maria Ribot dite La Ribot (chorégraphe, danseuse) Déborah Lukimuena, Astrid Whettnall, Dominique Reymond. Date de sortie en France le 20 septembre prochain.

C’est l’histoire de Germain, 75 ans, qui vit une retraite contemplative se laissant aller à une certaine douceur de vivre. Sa femme, Lise, décède brutalement. Il a à peine le temps de réaliser ce qui lui arrive que sa famille s’immisce dans son quotidien avec des activités organisées. Sa vie est alors envahie par ses enfants qui se mettent à la régenter. Pour retrouver sa liberté, il rejoint la compagnie de danse contemporaine dont son épouse était membre, réalisant également ainsi une promesse faite à cette dernière. Il n’en dit rien à ses enfants, craignant que ceux-ci l’en empêchent.

Delphine Lehericey, réalisatrice, metteure en scène, comédienne franco-suisse née à Lausanne en 1975 et installée en Belgique, est venue présenter son film à Avignon, ville qu’elle connaissait pour avoir participé en début de carrière au festival Off. «J’avais déjà travaillé avec des danseurs et je connaissais le travail de La Ribot, détaille-t-elle. J’ai travaillé en amont avec François Berléand qui est un immense acteur, avec une certaine souplesse. Sa rencontre avec La Ribot a été magique ! » Le long-métrage, sorti en Suisse, a reçu le prix du public au Festival du film à Locarno. « Ici, il y a une espèce de harcèlement de la part des proches de Germain qui veulent organiser sa vie, lui préparent quotidiennement ses repas alors qu’il en a assez et que la nourriture s’accumule. C’est la métaphore d’une grande famille qui prend de mauvaises décisions, au point que Germain se réfugie dans une autre famille, celle de la troupe de danse où il va rencontrer des gens qu’il n’aurait jamais fréquentés autrement ; une comédie avec un sujet dramatique », précise Delphine Lehericey.

Delphine Lehericey. ©Jean-Dominique Réga

‘La plus belle pour aller danser’

Après avoir écrit l’histoire de ‘La famille Bélier’ qui lui a valu une nomination pour le César du meilleur scénario original et le César de l’espoir féminin pour Louane, Victoria Bedos pouvait légitimement être fière de voir que l’adaptation américaine de cette œuvre avait raflé trois Oscars en 2022. Passée à la réalisation, elle était présente le 22 mars à l’avant-première de son film ‘La plus belle pour aller danser’, dont la sortie nationale est prévue pour le 19 avril prochain. Une comédie où elle a imaginé avec son coscénariste Louis Pénicaut, l’histoire d’une famille atypique : les Bison.

« Je pars toujours de quelque chose de personnel, explique la réalisatrice. Nous avons eu envie de raconter l’histoire d’une jeune fille de 14 ans qui se cherche. Et d’une relation père-fille perturbée par la maladresse paternelle d’un homme qui commence à voir que sa fille peut lui échapper. » Le film traite des relations entre une adolescente et sa famille, des difficultés pour les adolescents de trouver leur place, du rejet, de l’exclusion de l’autre, du harcèlement, de la place des personnes âgées dans la société. Des sujets universels qui touchent tous les milieux. Il aborde aussi le thème du travestissement mais la question du genre n’est ici pas du tout traitée sous son aspect politique. Il n’y a ni revendication ni dénonciation. « Aujourd’hui, dans notre société les codes évoluent, tout est possible. Cela peut faire peur », dit Victoria, qui s’appuie dans ce film sur le passé, le présent et l’avenir, comme Marie-Luce, la protagoniste du film, qui se conforte auprès de grands-pères de substitution.

Marie-Luce Bison, 14 ans, est élevée par son père dans une joyeuse pension de famille pour seniors dont il est le directeur. C’est bientôt la soirée déguisée de son nouveau collège : son père ne veut pas qu’elle y aille… et de toute façon, elle n’est pas invitée. Mais poussée par Albert, son meilleur ami de 80 ans, Marie-Luce, s’y incruste, habillée en homme comme il le lui a conseillé. Ce soir-là, tout le monde la prend pour un garçon… un garçon que l’on regarde et qui plaît. Elle décide alors de s’inventer un double masculin prénommé Léo pour vivre enfin sa vie d’ado. À la maison la relation avec son père se complique… Avec Brune Moulin (Marie-Luce), Philippe Katerine, Pierre, Richard, Guy Marchand, Alice Belaïdi.

Victoria Bedos. ©Jean-Dominique Réga

‘La nuit du verre d’eau’

Carlos Chahine, réalisateur était invité aux Rencontres du Sud 2023 à Avignon pour présenter aux professionnels son film ‘La nuit du verre d’eau’ en avant-première. Un long métrage dont la sortie nationale est prévue le 14 juin prochain. Avec notamment Nathalie Baye, Pierre Rochefort, Marilyne Naaman, Rubis Ramadan, Joy Hallack, Ahmad Kaabour, ou encore Antoine Merheb.

1958, alors que la révolution gronde à Beyrouth, trois sœurs passent l’été en villégiature dans un village reculé de la montagne libanaise dans la Vallée Sainte non loin de la forêt des cèdres. Il y a Nada, la rebelle, Eva, la romantique et surtout Layla, l’aînée, bien sous tous rapports et appréciée de tous. Trois femmes et trois caractères différents. Cet été-là, le danger de la guerre approche. Et l’arrivée de deux estivants français, Hélène et son fils René, 30 ans le jour même où la statue de la vierge pleure des larmes de sang, pousse Layla, la mère de Charles, 6 ans, et l’épouse parfaite, à envoyer valser les apparences. Elle se révolte contre cette société patriarcale qui la tient sous contrôle, où les hommes, pères, maris, fils, décident du sort des femmes. Layla, une femme que tout le monde envie et qui est pour son père une fille adorée et un exemple pour les autres, a ouvert les yeux. C’est une femme insatisfaite qui doit combler un vide et va transgresser un interdit avec un étranger.

« Ce film, une œuvre autobiographique, c’est l’enfance qui se termine, et surtout un portrait de femme avec toute sa complexité dans une société patriarcale », détaille Carlos Chahine qui est né au Liban et a quitté son pays natal en 1975 à cause de la guerre. Après un diplôme de chirurgien dentiste, métier qu’il n’exercera jamais, il découvre le théâtre avec Véra Gregh qui l’encourage à poursuivre une carrière d’acteur de théâtre avant qu’il ne devienne réalisateur cinéma.

Carlos Chahine. ©Jean-Dominique Réga

‘Ma langue au chat’

Laure (Zabou Breitman), Daniel (Pascal Ebé) et leur chat adoré Max, accueillent leurs amis dans leur maison de campagne pour un week-end. Alors que ces derniers sont arrivés pour fêter l’anniversaire de Daniel, le chat disparaît. À l’aube de la cinquantaine, Laure ne supporte plus rien : ni son travail, ni son mari Daniel, ni sa vie. Le seul être qui trouve grâce à ses yeux, c’est son chat bien-aimé. Alors Laure disjoncte et se met à enquêter afin de retrouver l’animal. Que lui est-il arrivé ? Quelqu’un s’en est-il pris au chat ? Y a-t-il un coupable parmi ses visiteurs ? Laure va enquêter. Cette disparition va être l’occasion pour tous de régler leurs comptes et de voir les non-dits refaire surface. Laure n’est pas au bout de ses surprises, avec un retournement de situation à la fin.

Cécile Télerman la réalisatrice bruxelloise qui présentait là son quatrième film, et Samuel Le Bihan comédien étaient présents aux Rencontres du Sud à Avignon pour présenter ‘Ma langue au chat’ en avant-première aux professionnels. Avec Zabou Breitman, Pascal Elbé, Samuel Le Bihan, Mélanie Bernier, Marie-Josée Croze, Pascal Demolon, Camille Lellouche, et Mathias Mlekuz. La sortie nationale de cette comédie avec huit acteurs a été fixée au 26 avril prochain.

« Des amis se retrouvent pour un week-end dans cette maison de campagne. De la même génération ils ont une cinquantaine d’années. Mais la société a changé et aujourd’hui, ils sont un peu ringards. L’élément déclencheur qui va faire éclater l’harmonie du groupe, c’est Pauline (Camille Lellouche), qui est la plus jeune du groupe. La joie de vivre de cette dernière et une certaine arrogance renvoient Laure (Zabou Breitman) à ce qu’elle a été mais qu’elle n’est plus. Mais le chat est le grain de sable perpétuel », résume la réalisatrice aux côtés du comédien Samuel Le Bihan qui à la lecture du scénario a eu vraiment envie de s’engager dans le rôle d’un personnage qui arrive avec sa fragilité envers les femmes, un manque de confiance en lui et la peur du rejet. « Ces problématiques de cinquantenaires traitées de façon humoristique et tendre dans un film chorale avec huit personnages, me plaisaient. »

Cécile Télerman et Samuel Le Bihan. ©Jean-Dominique Réga

‘Avant l’effondrement’

Benoît Volnais qui a co-écrit et co-réalisé ‘Avant l’effondrement’ avec Alice Zeniter était à Avignon aux Rencontres du Sud 2023 où leur film, qui était en compétition pour les Victoires du cinéma, a été présenté au public en avant-première. Sortie nationale le 19 avril prochain.

Dans un Paris caniculaire, Tristan, directeur de campagne d’une candidate aux législatives, reçoit un courrier anonyme contenant un test de grossesse positif. Parce qu’il est peut-être atteint d’une maladie génétique mortelle et incurable, il devient obsédé par l’idée de retrouver la femme qui lui a envoyé ce test. Mais a-t-il affaire à une blague morbide, une vengeance froide, un appel à l’aide ou à une manœuvre politique ? Tristan décide de mener l’enquête, au péril de sa vie professionnelle et affective. Avec Niels Schneider, Ariane Labed, et Souheila Yacoub.

Le film s’organise autour d’un double conflit, intime et collectif. La maladie génétique qui accable la famille de Tristan fait écho à la catastrophe écologique qui menace la planète à cause de l’action de l’Homme. L’histoire, c’est le parcours de Tristan, un homme romantique entouré de femmes. Engagé dans la politique, il n’a plus assez de temps pour faire tout ce qu’il voudrait. Il va finir par s’effondrer lui-même. « Il s’agit d’une fiction qui est née à la suite d’évènements qui me sont arrivés ainsi qu’à Alice, ou à des gens que nous connaissons, précise Benoît Volnais. Le point de départ du film, c’était la question du contemporain. Nous sommes convaincus qu’un des aspects cruciaux c’est la croyance de plus en plus partagée que l’avenir sera sombre, périlleux, que le pire est à venir. Et ça reconfigure, selon nous, les manières de penser, de voir, d’aimer, d’envisager le temps, le travail, les modes de vie, l’amitié, la filiation, etc. Nous avions envie de raconter ça, avec les moyens du cinéma, les émotions, les partis pris narratifs et esthétiques. » Tristan est un transfuge de classe qui s’est sorti de son milieu. Les rapports à son père le ramènent à la vie dont il s’est extirpé. Les deux femmes qui l’entourent, Fanny et Pablo, qui a un nom masculin, viennent d’un milieu bourgeois. Ensemble, ils vont avoir une discussion idéologique marquante masquant un véritable règlement de compte entre femmes…

Benoît Volnais. ©Jean-Dominique Réga

‘Notre corps’

Claire Simon a clôturé cette édition des Rencontres du Sud 2023 avec la projection de son film-documentaire ‘Notre corps’, qui a été tourné à l’hôpital Tenon Assistance Publique – Hôpitaux de Paris. « J’ai eu l’occasion de filmer à l’hôpital l’épopée des corps féminins, dans leur diversité, leur singularité, leur beauté tout au long des étapes sur le chemin de la vie, explique-t-elle. Un parcours de désirs, de peurs, de luttes et d’histoires uniques que chacune est seule à éprouver. Un jour j’ai dû moi-même passer devant la caméra. » Le long-métrage sortira dans les salles le 11 octobre prochain.

La réalisatrice a filmé dans un service représentant essentiellement un monde féminin parce que les grossesses y sont suivies, ainsi que toutes les pathologies gynécologiques. Une incursion dans le service de gynécologie-obstétrique et médecine de la reproduction, au cœur des consultations où se retrouvent des femmes qui ne cachent pas pourquoi elles sont là, acceptant la présence d’une caméra qui filme parfois la nudité. Claire Simon montre un bout de chemin des méthodes d’assistance médicale à la procréation. L’accouchement et la naissance d’un enfant aussi. « Je voulais montrer toutes les étapes sur le chemin de la vie d’une femme, ajoute-t-elle. La caméra c’est mon regard. J’ai rarement autant pleuré derrière l’appareil tellement c’était beau. »

Il y a beaucoup d’émotion dans ce superbe documentaire. De la joie, de la peine, de la tendresse, de la dureté. Des scènes qui touchent au cœur. Comme cette jeune femme atteinte d’un cancer. Une maladie qui tombe aussi brusquement sur la cinéaste qui passe à son tour devant la caméra.

Claire Simon. ©Jean-Dominique Réga

Jean-Dominique Réga

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