Créée il y a déjà plus de 40 ans, l’association Passerelle poursuit son objectif de venir en aide et proposer des solutions aux différents publics qu’elle reçoit : hébergement d’urgence pour les sans-abris, accueil pour les demandeurs d’asile, insertion professionnelle à travers des chantiers d’intérêt général mais aussi aide à la mobilité à travers la gestion de la plateforme « jebougeenvaucluse.fr » et la création d’un garage social et solidaire. Ce lieu qui se trouve au 59 avenue de la Synagogue, à Avignon, a une double fonction mais un seul objectif : louer des véhicules ou proposer des réparations des véhicules à des personnes en difficulté financière afin de leur offrir un meilleur accès à l’insertion professionnelle.
Si vous êtes d’Avignon, vous êtes forcément passé devant ou à côté. Le garage solidaire de « Passerelle » est situé au fond du parking des italiens, le lieu de stationnement le plus fréquenté de la cité papale, à quelques mètres des nombreuses voitures qui viennent chaque jour se garer à cet emplacement gratuit.
Une caractéristique qui correspond parfaitement aux valeurs de l’association Passerelle qui a installé cet espace pour répondre à toutes les demandes de mobilités liées à l’insertion professionnelle et offrir une aide aux personnes en difficultés, envoyés par les référents socio-professionnels.
L’association Passerelle, une histoire de valeurs avant tout
Fraternité, solidarité et entraide. Ce sont ces maitres mots qui ont accompagné la démarche des prêtres Christian Bezol, André Allemant et Paul Dejardin lorsqu’ils décident d’accueillir des personnes démunis dans leur presbytère de l’île de la Barthelasse en 1980. De cet engagement qu’ils poursuivront tout au long de leurs vies, naitra quatre ans plus tard, en 1984, l’association Passerelle qui compte aujourd’hui plus de 40 salariés permanents, 40 emplois en insertion et plus de 900 personnes accueillies et accompagnées chaque année.
Si la structure a considérablement grandi, l’ADN et les valeurs de « Passerelle » restent exactement les mêmes qu’à sa création. Née pour apporter un accompagnement aux personnes en difficulté l’association n’a cessé au cours de ses quarante dernières années de s’accroitre et de diversifier ses activités. Actuellement, Passerelle ce sont 70 places d’hébergement et 116 places au centre d’accueil des demandeurs d’asile. Un accueil puis un accompagnement vers l’autonomie, c’est là tout le leitmotiv de la structure vauclusienne.
« On s’est développé sur plusieurs axes, on répond aux besoins évolutifs des différents publics. Aujourd’hui Passerelle c’est de l’hébergement avec un service hébergement et logement qui se trouve à Saint-Jean, de la protection internationale avec un centre d’accueil des demandeurs d’asile à Saint-Chamand, de l’aide à l’emploi avec les chantiers d’insertion dans le domaine du bâtiment, des espaces verts etc. et bien sûr de la mobilité avec ce garage solidaire ainsi que notre engagement sur la plateforme jebougenvaucluse.fr » détaille Vincent Dumay, le nouveau directeur de l’association Passerelle.
Comment bénéficier du garage solidaire ?
Pour pouvoir profiter de tous les avantages que propose un garage solidaire comme celui de Passerelle, il faut pouvoir remplir certains critères. Avant tout, il faut être un résident du Vaucluse disposant de faibles ressources financières (déterminé par un référent social) et surtout il faut être en parcours d’insertion socio-professionnelle afin de justifier cette aide à la mobilité.
Une démarche qui a donc une portée territoriale et qui est soutenu financièrement par plusieurs aides extérieures comme l’explique le directeur Vincent Dumay « au niveau des aides financières, on a des financements d’Etat, des financements de la Région Sud et puis une implication assez importante du Département du Vaucluse qui nous soutient dans plusieurs de nos démarches ».
« Une implication assez importante du Département du Vaucluse qui nous soutient dans plusieurs de nos démarches ».
Vincent Dumay, directeur de Passerelle
Pour pouvoir guider au mieux le flux et l’accompagnement du public accueilli, le travail des salariés de Passerelle est guidé par un mot clé : l’orientation. Les personnes qui bénéficient de l’aide à la mobilité et du garage solidaire sont ainsi guidés via un référent social et doivent adhérer à l’association pour pouvoir accéder aux avantages du garage.
Ces référents sociaux sont en majorité des acteurs institutionnels du territoire mais aussi des conseillers France Travail, des conseillers de la Mission Locale ou les instances sociales du département. Ils sont informés régulièrement des services et des offres que propose Passerelle ainsi que les nouveautés mises en place via un abonnement à une newsletter de la Plateforme Mobilité « Je Bouge En Vaucluse ».
Une fourniture d’informations indispensables dont est responsable Dimitri Schaller, coordinateur de la plateforme « jebougeenvaucluse.fr » qui détaille sa mission : « Notre première mission est d’informer toutes les personnes en parcours emploi, en parcours formation départementale afin de les orienter vers une mobilité autonome en leur proposant des solutions concrètes via notre garage solidaire et Mobil’ins, notre service mobilité ».
« On est une sorte de guichet unique. »
Dimitri Schaller, coordinateur de la plateforme « jebougeenvaucluse.fr »
A chaque problème, une solution
Chez Passerelle, chaque problème a sa solution. C’est bien d’ailleurs parce que chaque personne a un profil différent que l’orientation est primordiale comme le précise Dimitri : « On reçoit les orientations des référents socio professionnels et en fonction des soucis de mobilité, on propose des solutions : la personne qui n’a pas de moyen de locomotion pour l’emploi, on l’oriente vers la mise à disposition de véhicules, celle qui a un véhicule en panne, on la dirige vers le garage solidaire, celle qui a un souci de permis, on la guide vers le conseiller en mobilité, c’est comme ça qu’on fonctionne, on est une sorte de guichet unique. »
« Jebougeenvaucluse » la plateforme clé de l’orientation en mobilité
Pour mener à bien la mission d’offrir une chance de mobilité à chaque vauclusien et lever les freins de l’accès à l’emploi et à la formation, le Conseil Départemental de Vaucluse s’est associé aux 2 acteurs de la mobilité sur le territoire : Passerelle et Roulez Mob’ilité.
De cette collaboration est né la création de la plateforme « jebougeenvaucluse.fr ». Un site d’accueil, de conseil et d’accompagnement sur les solutions de mobilités sur le département qui est régulièrement alimenté par de nouvelles informations, dispositifs et mises à jour sur ce qui est possible, notamment chez Passerelle.
Cet outil est la véritable clé de voute du travail d’orientation qu’effectue l’association et le canal de communication principal entre elle et les référents socio-professionnels. « Sur le site internet de la plateforme, on a créé un espace dédié pour les prescripteurs (les professionnels, les conseillers pour l’emploi et les assistants sociaux) » argumente Dimitri Schaller avant de préciser « en 2023, via jebougeenvaucluse.fr on a eu plus de 3800 visites avec au final 1259 orientations vers un outil de mobilité solidaire et 1537 personnes qui ont bénéficié d’une solution de mobilité sur le département. Le travail de cette plateforme est donc essentiel pour beaucoup ».
« Ce que l’on fait ici, c’est de permettre aux personnes en situation précaire d’avoir à disposition un moyen de mobilité pour aller au travail. »
Karim Haouache, responsable du service Mobil’ins de Passerelle
Un garage presque comme les autres
Engagée sur la partie service d’aide à la mobilité des personnes vulnérables depuis 1997, l’association Passerelle a installé ce garage solidaire afin d’offrir des moyens et des solutions de mobilités aux publics précaires notamment en vue de faciliter leur insertion professionnelle. D’apparence, ce lieu a tout d’un garage conventionnel. Equipements complets et mécaniciens professionnels qui travaillent toute la journée sur l’entretien et la réparation de véhicules, rien ne peut laisser présager le caractère singulier de cet espace.
Ce qui diverge d’un garage habituel, ce sont les profils des bénéficiaires et les tarifs proposés : « Ce que l’on fait ici, c’est de permettre aux personnes en situation précaire recensées notamment à travers notre plateforme d’avoir à disposition un moyen de mobilité pour aller au travail. Cette offre passe par la réparation ou l’entretien de leurs véhicules s’ils en possèdent un ou bien à travers la location d’un véhicule ou d’un deux roues, le tout à des tarifs adaptés » explique Karim Haouache, responsable du service Mobil’ins de Passerelle, qui comprend le garage solidaire, la mise à disposition de véhicules mais aussi le dispositif ‘Seniors Mobiles’ qui est le transport de personnes de plus de 60 ans à faibles revenus.
Des offres de réparations et de locations adaptés au public
Pour cet ancien responsable d’un service après-vente en concession automobile, il est toujours apparu comme primordial de garantir un service de qualité en ce qui concerne les réparations des véhicules tout en respectant les budgets limités des bénéficiaires. « Ici au garage solidaire, on fait un devis de réparation et on estime dans un premier temps si le véhicule est réparable ou pas car souvent ce sont des vieilles voitures qui sont à la limite. Suite au devis, on demande 30% d’acompte si la réparation est possible. Nous proposons aussi des facilités de paiement jusqu’à 10 fois 100€, la main d’œuvre est à 35€/heure et les pièces sont à prix coûtant » ajoute Karim Haouache.
Ces tarifs adaptés au public que Passerelle accueille sont l’essence même des valeurs défendues par l’association et permettent surtout aux bénéficiaires de retrouver un accès au monde professionnel sans se mettre en difficultés financières. Une aide qui offre un renouveau à des véhicules anciens et un nouveau départ à leurs propriétaires « en passant par le garage solidaire, les véhicules qui ont jusqu’à 10, 15 ou même 20 ans vont être remis en état petit à petit et cela permet aux personnes d’éviter de racheter une voiture. L’année dernière on a pu effectuer plus de 216 réparations bénéficiaires » conclut le responsable du garage.
« Retrouver un accès au monde professionnel sans se mettre en difficultés financières. »
La partie réparations n’est cependant pas la seule offre que propose le garage solidaire de Passerelle. La structure a également mis en place un service de location de véhicules qui permet à toutes les personnes accueillies de pouvoir se rendre sur leurs lieux de travail. Une mise à disposition qui s’accompagne de tarifs particulièrement attractifs qui séduit de plus en plus de bénéficiaires de Passerelle : « en 2023 on a eu 85 bénéficiaires de la mise à disposition de véhicules » annonce fièrement Karim Haouache « C’est un système locatif donc on calcule les kilomètres que la personne doit faire dans la journée, une information que l’on a grâce à la plateforme d’orientation et ensuite on détermine les modalités d’utilisation et de paiement selon le profil de la personne ».
Aujourd’hui, le garage solidaire de Passerelle met à disposition 17 véhicules, 14 scooters, 2 vélos électriques et 6 vélos traditionnels disponibles. Un panel très varié qui s’adapte à tous les besoins et à tous les publics, toujours dans un souci de garantir un accès économique abordable à ceux qui en bénéficient « le système tarifaire c’est 5€ d’adhésion pour l’association, 5€ par jour pour la location des voitures, 2,50€ par jour pour les scooters et 1,50€ pour les vélos. Le tout est régi par des contrats de 14 jours renouvelables sur une durée de trois mois maximum » précise Vincent Dumay, le président de l’association.
Le garage Passerelle, un lieu de vie, de travail et de formation
Si le garage solidaire de Passerelle est là pour venir en aide et apporter une plus-value associative, il n’en reste pas moins un lieu de vie et de formation pour le personnel et les bénévoles de Passerelle. Mustapha Dahmani est le chef d’atelier du garage Passerelle. Dans la mécanique depuis ses 16 ans, il a travaillé et dirigé des garages dans de groupes comme Midas, Mass Auto Pneu ou Best Drive où il a fait ses armes.
C’est après un licenciement économique que ce vauclusien qui souhaitait rester dans le même circuit s’oriente vers Passerelle « ils cherchaient quelqu’un pour diriger l’atelier et il se trouve qu’à ce moment de ma vie, je voulais m’engager dans une cause sociale, me sentir plus utile donc j’ai fait d’une pierre deux coups » sourit-il.
Je voulais m’engager dans une cause sociale, me sentir plus utile. »
Mustapha Dahmani, chef d’atelier du garage Passerelle
Garant de la qualité des réparations du garage Passerelle, Mustapha s’implique sur chaque véhicule avec minutie. Un souci du détail d’autant plus important pour lui qu’il connait l’importance pour les bénéficiaires d’avoir un véhicule sécuritaire pour se rendre au travail « C’est une approche totalement différente pour moi, je travaille pour que les gens subviennent à leurs besoins, ils ont besoin de nous, on n’est pas là pour faire de l’argent c’est vraiment de l’humain » ajoute-t-il fièrement.
Pour œuvrer sur tous ces véhicules qui abondent chaque jour, Mustapha Dahmani n’est pas seul. Il dirige un groupe constitué de plusieurs personnes en formation et de jeunes en voie d’insertion professionnelle, une approche éducative qu’a déjà expérimenté celui qui manage la section depuis novembre 2022 « j’ai eu plusieurs alternants dans mes anciens ateliers je suis habitué. Les garçons qui viennent apprendre ici sont adorables, à l’écoute, il suffit juste de les orienter, de leur donner de la confiance et des responsabilités, ce sont des jeunes volontaires qui sont loin des clichés que l’on peut imaginer. »
Un véritable lieu de formation
Le garage Passerelle n’est donc plus seulement un lieu de travail et de vie mais bien un véritable centre de formation. Un aspect fondamental qui colle parfaitement avec ce que souhaite développer l’association à savoir créer du lien social et offrir une chance à tous les habitants du territoire vauclusien « c’est un double travail pour moi mais chaque matin je me lève heureux et je suis content de venir travailler ici avec toutes les personnes qui œuvrent pour Passerelle, vous aidez quelqu’un à aller au travail, vous aidez un jeune qui demain trouvera un travail qui lui plait, j’ai l’impression de servir à quelque chose, de défendre des valeurs et c’est ce qui résume le mieux la mentalité de des hommes et femmes qui sont engagés ici » conclut Mustapha Dahmani.