Installée mardi 23 août, la préfète de Vaucluse s’est aussitôt immergée dans le monde des vignerons samedi, en fin d’après-midi, sur les hauteurs du Rocher des Doms. C’est là qu’elle a proclamé ‘Le ban des vendanges’, lancement officiel de la récolte des raisins qui a déjà débuté dans l’appellation de la Vallée du Rhône, notamment pour les blancs. Elle a salué « Le labeur des vignerons, la générosité de Bacchus, les chais remplis de raisin, le verre de l’amitié pour se retrouver dans le partage, quelle que soit la place de chacun, fraternellement » et a conclu « Vive la République, vive la France, vive les Côtes du Rhône et vive les vignerons ! »
Auparavant, le défilé bachique – avec toutes les confréries invitées, du Ventoux, de Tavel, Beaumes de Venise, Caromb, Lirac, Viledieu, du terroir d’Avignon, Laudun qui passera en crû en 2023 – avait remonté en musique la rue Joseph-Vernet, traversé la place de l’Horloge et rallié la Métropole des Doms pour la messe vigneronne. « Pour ceux qui ont tout perdu dans les incendies, pour la nature qui souffre, pour nos soldats du feu, mon Dieu, nous te prions » dira le recteur Daniel Bréhier dans son homélie.
Il a évidemment été question de l’état de la vigne en cet été caniculaire. « Il a fait beau et sec, avec du stress hydrique et la pluie du 15 août était la bienvenue, les raisins sont sains, nous aurons sans doute un joli millésime 2022 » prédit un viticulteur. Cécile Helle, la maire d’Avignon, capitale des Côtes du Rhône, se dit « Ravie de participer à cet évènement majeur, populaire et fraternel mais aussi de soutenir les vignerons ».
André Bernard, Président de la Chambre Régionale d’Agriculture lance « Aiguisez les sécateurs, allez-y ! » et il en profite pour faire un point sur la situation des paysans avec une métaphore : « Le moteur, c’est la viticulture, la carrosserie : les fruits et légumes, les roues : les céréales et la lavande, le reste, les options : le bio, les olives, le safran. Mais pour la faire avancer cette auto il faut savoir que le prix du gasoil a doublé, le prix des engrais qui viennent de Russie et de Biélorussie a triplé. Autre production dont nous manquons : la moutarde à cause de la sècheresse qui a sévi au Canada d’où elle provient. Heureusement, cette année on a eu une bonne récolte en France, dont on va bientôt la retrouver sur nos étals. La tomate est une filière en souffrance également. On en consommait 400 000 tonnes en 1985, 800 000 en 1990 mais on n’en produit plus que 160 000. On court à la catastrophe. Dans un flacon de ketchup, 10 centimes d’euros seulement reviennent au paysan qui vend ses tomates aux conserveries. On importe 50% des fruits et légumes dont la France a besoin. En quelques décennies, on a perdu une énorme capacité de production. Pour compenser, on va semer des lentilles, du blé et des pois chiches, espérons que cela aidera les agriculteurs à sortir de l’ornière ».
Après la proclamation de l’ouverture du ‘Ban’ en français, italien espagnol, allemand et latin, c’est l’hymne de la Provence, ‘La Coupo Santo’ que tout le monde, vignerons, élus, personnalités, invités d’honneur et grand public entonna à tue-tête avec fifre et tambourin.