Bouleversé par l’incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris en avril 2019, l’écrivain britannique Ken Follett a reversé – via la Fondation du patrimoine – l’intégralité des droits d’auteur de son livre “Notre-Dame” pour financer des travaux de restauration et de sécurisation d’une autre cathédrale : celle de Dol-de-Bretagne. Montant du don : 148 000€.
« Je suis heureux d’apporter mon soutien à la Fondation du patrimoine, et à la conservation et la rénovation de la cathédrale Saint-Samson de Dol-de-Bretagne » a indiqué le gallois Ken Follett. « J’aime beaucoup l’ouest de la France, où je me rends régulièrement en villégiature et pour mes recherches. Il me tarde de suivre l’évolution du projet et de voir comment l’argent va être réinvesti. » L’auteur à succès avait annoncé en 2019 son intention de verser les droits d’auteur de son futur ouvrage, écrit en hommage à Notre-Dame de Paris. Celui-ci s’est vendu à travers le monde à plus de 113 000 exemplaires. « Ces bâtiments anciens m’ont inspiré pour écrire Les Piliers de la terre, le roman le plus lu de mon œuvre. » Dans ce roman historique paru en 1989 et vendu à 15 millions d’exemplaires à travers le monde, se tient en fil rouge la construction de la cathédrale (fictive) de Kingbridge, au sud de l’Angleterre.
Un peu d’histoire
Il faut remonter quelques siècles pour comprendre la genèse de cet édifice, dans ce bourg breton qui aujourd’hui compte quelques 6 000 habitants, situé à équidistance du Mont-Saint-Michel et de Saint-Malo. En 548, Saint Samson de Dol, moine évêque de Cardiff au Pays de Galles, fonde à Dol un monastère. En 555, le roi de Bretagne Judual transforme ce monastère en évêché, Dol-de-Bretagne devenant ainsi l’un des neuf anciens évêchés de Bretagne. Au 9ème siècle, Nominoë, roi breton, élève Dol en archevêché, statut qui perdurera jusqu‘au 11è siècle. Les rois de France s’y opposent alors… Il faudra attendre Napoléon III (19è siècle) pour que la Bretagne retrouve son statut d’archevêché, avec Rennes pour siège.
La cathédrale actuelle a été bâtie sur les ruines de la cathédrale romane, incendiée en 1203 par Jean sans Terre, roi d’Angleterre. Elle est entièrement reconstruite en granit dans le style gothique normand. En raison de son prestige et de sa situation aux Marches de la Bretagne et de la Normandie, la ville épiscopale a en effet fréquemment subi des mises à sac et incendies. Elle s’est entourée dès le 13è siècle de remparts, en partie préservés aujourd’hui, auxquels la cathédrale est intégrée.
Un édifice bien austère pour du gothique !
Un visiteur coutumier des façades élancées des grandes cathédrales gothiques classiques pourrait être un peu déçu en apercevant la cathédrale Saint-Samson de Dol-de-Bretagne. Sa façade occidentale se révèle assez austère, comptant deux tours inachevées, dont la tour nord ressemblant plus à un donjon (elle a d’ailleurs servi de prison). Datant pour l’essentiel du 16è siècle, cette tour conserve néanmoins des vestiges de la tour romane originelle.
L’édifice reste précieux à de nombreux titres : des stalles en chêne sculpté, un trône épiscopal, une grande verrière, le tombeau de Thomas James, une sculpture en bois du « Christ aux outrages », une chapelle absidale et la Sacristie dédiée à Saint Samson de Dol datant de la première moitié du 14è siècle. Le chœur entouré d’un déambulatoire rectangulaire sur lequel donnent dix chapelles latérales dénote l’influence anglaise. La cathédrale de Dol compte parmi les rares édifices religieux bretons possédant encore des vitraux du 12è siècle.
2,4M€ de travaux
Le classement de cet édifice aux Monuments Historiques en 1840 lui a permis une lente mais salvatrice restauration. Aujourd’hui, malgré de régulières campagnes de restauration, l’usure du temps continue à faire son œuvre. La charpente et la couverture sont devenues vétustes et ne sont plus étanches ; les balustrades en granit ne sont plus fiables du fait de leur exposition aux intempéries ; quatre verrières du 13è siècle ne sont plus protégées. Un plan de travaux a été engagé en plusieurs tranches par la commune. Débutés au cours de l’été 2019, leur achèvement est prévu en 2024. Au don de 148 000 euros de Ken Follett s’ajoutent les subventions de l’Etat, de la Région Bretagne et la collecte de dons de la Fondation du patrimoine. Reste à la charge de la commune, propriétaire, une enveloppe d’environ 800 000 €.
Un Cathédraloscope
Unique, c’est ce qui caractérise le cathédraloscope qui jouxte la cathédrale. C’est le seul centre d’interprétation en France de l’architecture des cathédrales gothiques. Il propose une véritable expérience, interpellant sur les notions de temps, d’espace, en référence à ces bâtisseurs qui accomplissaient des prouesses pour édifier ces monuments. Le Cathédraloscope a été créé d’une initiative privée, autour de la double idée de rendre à la fois hommage au travail des compagnons de l’époque et d’offrir des clés de compréhension et d’enrichissement personnel, à toute personne qui poussera ensuite les portes d’une cathédrale.
Par la rédaction de 7Jours à Rennes