Quel bien fou. Notre esprit chauvin est immuable mais l’accent du sud manquait un peu de folklore. Des bribes nous parviennent çà et là, des voix qui fleurent bon l’étranger, des accents chantants, d’autres un peu plus rustres, les touristes sont bel et bien de retour !
Pas de combinaison sandales-chaussettes, rassurez-vous. À la place: tongs, maillots estampillées Tour de France, bermudas et pois rouges partout. Pour cette 11e étape Sorgue-Malaucène, les partenaires distribuent des casquettes jaune soleil à profusion, voici que les Danois les attrapent, souvenir de cette journée inédite. Le mot est faible. De l’aveu de tous, la double ascension du Mont Ventoux est l’élément justifiant le voyage. Même si la prononciation demeure approximative (le Mone Ventow pour les plus performants), la ferveur des étrangers pour le Mont Chauve est inégalée.
En témoignent les 190 pays aux yeux rivés sur le Vaucluse. Il faut dire que l’exploit est inédit dans l’histoire du Tour de France. Même le champion Julian Alaphilippe faisait part de ses appréhensions dès l’aube à la radio: « mais pourquoi faire une double ascension ? Ce sera une première pour moi, l’épreuve va être très difficile. » Nos jambes frémissent à la vue de cette pente vertigineuse à gravir sous une chaleur accablante. A Malaucène village arrivé, les chaises étaient dépliées, les casquettes de sortie et les bouteilles d’eau fraîche éparpillées au sol. Beaucoup de touristes souhaitaient être au premier rang pour acclamer les coureurs. Tour d’horizon des meilleurs ambassadeurs de la ‘Grande boucle’.
Les Belges, c’est entre père et fils. Ce duo de choc est venu tout droit du pays de la frite spécialement pour contempler cette prouesse sportive. Le fils est timide mais surtout passionné par le vélo qu’il a enfourché très tôt. Le papa ? Il a un peu chaud mais ne boude pas son plaisir, assis sur sa chaise. Le Tour de France, il en avait un peu marre de le visionner à la télévision alors il s’est décidé et a sauté sur l’ouverture des frontières. Au programme: une semaine dans la région avec des réservations d’hôtel et activités estivales dans la Drôme et le Vaucluse. Ensuite ? Direction maison !
Cette famille de Danois nous communique son dynamisme et son entrain. Armés de leur ombrelle, ils contemplent les rouages de l’organisation du Tour. Chez eux, les événements se vivent en famille, tous sont ravis de frémir à l’arrivée des cyclistes. La famille séjourne dans le Vaucluse pendant une semaine et le papa en profite d’ailleurs pour nous questionner sur les spécialités de la région. Autant vous dire que la discussion s’est éternisée.
30 ans, Hollandais et le sourire jusqu’aux oreilles. Ce passionné de vélo est la pour les frissons, la performance, la beauté de l’effort. La découverte du territoire et de ses paysages font également partie du programme avec une mention spéciale pour les gorges du Toulourenc qu’il prévoit d’explorer avec un ami.
On triche un peu avec Pierre-Yves. C’est une mascotte, un emblème du Tour, fidèle passionné depuis plus de 10 ans. Avec la tenue de circonstance, l’Orangeois se faufile, contemple le staff construire le stand, marque une pause en direction du bar, regarde le ciel pour prendre le pouls de la météo. Le tout avec la banane. « Il y a quelques années, la montée du Ventoux avait été annulée en raison des bourrasques de vent. La double ascension est vraiment périlleuse. Ceci dit, vent ou de la canicule, je ne saurais vous dire quel est le pire ennemi du coureur… »