Rendez-vous pour voir ‘Not I’ (Pas moi) avec Camille Mutel, chorégraphe et interprète. De fibre très écologique, elle n’a fait imprimer que 10 magnifiques affiches, pratiquement introuvables dans la jungle du Festival d’Avignon Off. Elle n’a pas voulu non plus faire de pub. Et pourtant, l’on s’y presse déjà. Direction la grande porte de l’université, côté Rempart, 74, rue Louis Pasteur dans l’intramuros d’Avignon, puis tourner tout de suite à droite, où un drapeau ‘Théâtre du train Bleu’ évoque ce nouveau lieu, un joli havre de paix baigné de lumière où, chaque matin, Camille Mutel cueille un public ouvert à sa mystérieuse et poétique proposition.
Une jolie cour végétalisée et ombragée. Au centre un parquet de bois blond. Savamment posés au sol, une nappe blanche immaculée, un étau et une planche de bois brut. Et aussi, une toute jeune femme, Camille Mutel, dans ce qui pourrait presque paraître un uniforme du quotidien bleu clair doté d’une large ceinture également bleue.
Elle se meut à petits pas,
dans une chorégraphie qui instille, à chaque geste, un nouvel et étrange univers où tout est symbole, lenteur, conscience, lien avec soi, dans son quotidien pour épouser… La planète Terre et ses océans.
Le public est silencieux,
respectueux, en attente de tout ce que la comédienne libère, de respiration, du son de ses pas feutrés sur le bois, de ses postures de danseuse, de ses équilibres fragiles et déséquilibres précaires, de silences et de pleurs parfois voilés.
Elle emprunte
à ce qui aurait pu paraitre être inspiré d’une cérémonie japonaise du thé, la lente élaboration d’un repas : des oignons, un poisson bleu, un maquereau, à la beauté et au fuselage inspirants. Mais tout, la gestuelle, les objets semblent échappés d’une nature morte. Voici donc ‘Not I’, 1er volet de la quadrilogie ‘La place de l’autre’.
Dans le public,
une jeune-femme ne peut la quitter des yeux. Elle est aussi captivée que bouleversée. Les yeux emplis de larmes, le sourire tremblant. Nous nous approchons d’elle au terme de la pièce. ‘Vous semblez si émue ? Que s’est-il passé ?’ ‘Je suis japonaise mais j’ai plutôt vécu à Taïwan. Je ne sais pas ce qui s’est passé. Tout ce que j’ai vu m’a émue. Même si je sais peu de choses de la culture japonaise, tout me parlait, tout faisait sens. J’ai été en complète connexion avec elle, avec son travail, durant toute la représentation. J’étais en lien avec elle.’
Les infos pratiques
Not I. Cloître de l’Université d’Avignon. Théâtre du train bleu hors les murs. 9h15. Jusqu’au 20 juillet. Relâche le 14 juillet. Danse. 50mn. Tout public. 20€. 74, rue Pasteur à Avignon.