Certains le suivent depuis ses premières scènes aux Passagers du zinc, au temps où la fameuse association, et sa salle de spectacle, était installée route de Montfavet à Avignon, emplie de volutes de cigarettes et d’éclats de voix au comptoir pendant les concerts. Il revient régulièrement dans la région et quand il n’est pas invité par les Passagers c’est l’ex-auditorium du Thor ou la Paloma à Nîmes qui le pro- gramme comme en 2019 avec son dernier album ‘Comme un ours’. Alexis Djoshkounian, dit Alexis HK, est un auteur-compositeur- interprète. Ce qui le caractérise ? Son élégance, son dandysme provocateur et surtout sa voix de crooner. Dans le paysage de la chanson française c’est un ovni terrien ou un narrateur lunaire : en quelques mots d’accroche, le décor est plan- té et l’histoire se déroule avec une tendresse débordante avec ‘Je veux un chien’, de l’humour avec ‘Le chien de la vieille’, glaçant parfois avec ‘La chasse’ toujours juste avec ‘Les pieds dans la boue’ et jamais exagéré. Par moment faussement désabusé, peu révolté mais non soumis car la poésie va au secours de cette noirceur assumée. Sa voix de velours et le sourire ravageur portent des textes emplis d’humour certes mais non dénués de piques et de mordant.
Toutes proportions gardées, il y a du Flaubert chez cet homme mais son maître est assurément Bras- sens à qui il a rendu plus qu’un hommage avec le triomphe en 2018 de son spectacle ‘Georges et moi’. Depuis sa première scène en 1997, l’homme s’est en effet enhardi et en 5 albums dont le choc en 2004 de ‘L’homme du moment’ il traverse la scène de la chanson française avec une rare élégance, un public fidèle et des textes toujours aussi bien ciselés. On dit quelquefois que celui qui n’aime pas les animaux n’aime pas les gens. Alexis HK assurément aime les animaux : il plaint le chien de la ‘vieille qui devient aigrie’, soutient les boucs ‘émissaires’, veut un chien, ‘un copain qui remue la queue quand il te voit’, se dandine comme un ours bipolaire. Son bestiaire le suit pour mieux parler des hommes ou de notre pauvre monde. Lui-même est une bête… de scène, il n’a pas son pareil pour nous prendre à témoin, nous provoquer, nous intriguer par des intros captivantes. Bref, il a quelque chose à dire et il sait nous le faire entendre. On l’aura compris, il y a les fans, les inconditionnels, les fidèles -dont je suis- et les autres, ces chan- ceux qui ne le connaissaient pas, qui ont la chance de le découvrir, de s’étonner de ne pas l’avoir fait avant, de bientôt fredonner ses valses ‘Ce que t’ es belle quand j’ai bu’ ou de rentrer dans le cercle très fermé des initiés qui scandent ‘Les Ronchonchons’.
Samedi 22 février. 20h30. 14 et 17€. Alexis HK. Salle de l’Etoile. Avenue de la Libération. Châteaurenard. 04 90 89 45 49. www.passagersduzinc.com