Mouvement et lumière #2 s’épanouit à la Fondation Datris, 10 ans après sa 1e édition. Une exposition exceptionnelle qui réunit les maitres de l’art cinétique, des œuvres dont certaines parties sont en mouvement via le vent, le soleil, un moteur, ou une personne. On y célèbre également les 100 ans de la naissance de Jesus Rafael Soto. En tout ? 81 œuvres de 60 artistes nationaux et internationaux y sont exposés jusqu’au 1er novembre. Courrez vivre cette fabuleuse exposition.
10 ans après sa première exposition ‘Mouvement et lumière’ en 2012 la Villa Datris propose ‘Mouvement et lumière 2023’ « que l’on devrait d’ailleurs appeler ‘Mouvement, lumière et couleurs’ », sourit Danièle Marcovici, la maitresse des lieux. Un exposition de haute facture qui s’épanouit sur plusieurs niveaux, depuis le sous-sol jusqu’au fait de la maison, pour voyager au gré de 81 œuvres et du pouvoir créateur de 60 artistes nationaux et internationaux.
Villa Datris
La Villa Datris ainsi nommée –issue de l’acronyme de Danièle et Tristan Fourtine- «offre une revisite actualisée de ‘Mouvement et Lumière 2012, qui était l’expression d’une intense passion pour l’abstraction, le cubisme et l’art cinétique partagée avec Tristan Fourtine, mon compagnon, à travers nos choix artistiques. Avec son œil d’architecte, il était réceptif à la justesse de la forme, à l’espace en 3 dimensions, à la perception de la lumière, si fondamentale dans son métier,» relate Danièle Marcovici, présidente directrice-générale du groupe Raja qui se place comme la 10e femme la plus riche de France en 2022 et leader européen de l’emballage.»
Cette nouvelle édition
«Cette nouvelle édition réunit un ensemble d’œuvres et d’artistes historiques, pour lesquels j’éprouve admiration et attachement, et s’ouvre à de nouveaux artistes, héritiers des maîtres de l’art cinétique, utilisant les outils contemporains au service de leurs créations.»
Les artistes
«Les femmes sont très présentes, tant du côté des historiques qui ont brillé lors de la dernière biennale de Venise telles que Marina Apollonio et Grazia Varisco, que des plus contemporaines comme Andrea Bowers et Jenny Holzer. Nous rendons un vibrant hommage à Jesús Rafael Soto pour célébrer les 100 ans de sa naissance. Une surprenante scénographie vous fera découvrir Julio Le Parc dans un univers immersif, une installation hypnotique de Manuel Mérida et deux œuvres captivantes d’Elias Crespin qui fascinait Tristan par la subtilité de l’alliance entre technologie et poésie,» conclut Danièle Marcovici.
Un lieu intemporel
Ancienne propriété de Michel Biehn antiquaire et écrivain, cette grande demeure provençale construite en 1870, établie en bord de Sorgue, allait devenir, dès 2011, l’un des hauts lieux de l’art contemporain. Acquise en 2010 par Danièle Marcovici et son compagnon Tristan Fourtine, la Villa Datris propose, depuis 2011, date de son ouverture au public, une découverte de l’art contemporain, via une exposition annuelle, également en lien avec un 2e lieu historique de l’entreprise Raja devenu espace d’exposition : l’espace Monte Cristo dans le 20e arrondissement de Paris, en plein cœur du quartier du Père Lachaise.
Depuis son ouverture,
la demeure de l’Isle-sur-la-Sorgue a accueilli les œuvres de plus de 800 artistes et reçu plus de 400 000 visiteurs. Si l’exposition s’étend du sous-sol au plafond, formes, couleurs, ingénierie, et géométrie déploient leurs savoirs au gré d’œuvres aussi fascinantes qu’hypnotiques, tandis que les jardins donnent une autre respiration avec des sculptures d’Hanna Roeckle aux couleurs saturées et éclatantes, le mobilier urbain détourné et plein d’humour de Jeppe Hein et, entre-autre, l’incroyable sculpture en mouvement conçue à partir d’onyx, de Gabriel Sobin.
Les interviews
Danièle Moscovici, fondatrice de Villa Datris
«Notre regard change au fur et à mesure de l’observation de l’œuvre. Si les objets sont mobiles, nous aussi nous devons l’être, pour acquérir cette perception changeante des œuvres. C’est très joueur comme exposition. C’est un peu comme le mouvement perpétuel de la vie, et la lumière est ce vers quoi nous tendons. Tout cela représente la symbolique de la vie.»
«J’avais envie de faire une exposition jubilatoire.
Que le grand public montre un enthousiasme pour cet espace proactif, que tout le monde perçoive des émotions selon les œuvres, les espaces immersifs. Que les visiteurs déambulent dans le parc et à l’intérieur de la villa Datris au gré des installations, s’arrêtant sur les œuvres de Mérida qui réclament une posture de contemplation ; Les œuvres d’Helias Crespin qui sont tout à fait hypnotiques.»
«A chaque exposition
nous nous attachons à expliquer la démarche artistique, parfois sociétale des artistes, qui peuvent accrocher les visiteurs. Il est important pour nous d’être un lieu où l’on essaie de prendre son temps pour percevoir et ressentir. Il est primordial d’aller de l’avant, d’aller vers les autres. J’ai beaucoup d’admiration pour les artistes.»
«Dans les années 1970,
je faisais partie d’une Maison de la jeunesse et de la culture-Théâtre des deux portes à la Porte de Bagnolet, quartier très populaire. Je fréquentais des danseurs, des comédiens de théâtre. J’étais déjà très militante et féministe. On s’est fait virer par la Ville de Paris. Nous n’étions pas de la même obédience. Puis je me suis mis à diriger l’entreprise familiale.»
«Raja est devenue une entreprise internationale
parce que j’étais très européenne et que je voyageais beaucoup. Je voulais que des personnes de toutes les nationalités travaillent ensemble. J’ai œuvré à ma propre construction européenne. Aujourd’hui ? Raja ce sont 4 500 collaborateurs dans 20 pays, 1 milliard 720M€ de chiffre d’affaires. Ma mère était l’âme entrepreneuse et moi je me suis prise au jeu du développement de l’entreprise d’abord en France et, dans les années 1991, à l’international, au moment où les frontières se sont ouvertes. J’avais la vision qu’il ne fallait pas rester franco-français. »
«Le succès ?
Je le dois à mes convictions comme l’écoute de mes clients, la qualité du service, à l’innovation produit, à un ensemble de valeurs. Et aussi à mon talent et celui de mes équipes, je n’ai pas envie d’être modeste (rires). Est-ce que je lève le pied ? Un peu, (silence) mais pas tant que çà. Je suis au bureau tous les jours sauf lorsque je visite un atelier d’artiste, où quand je vais à Bâle ou dans les expositions.»
Les artistes pourvoyeurs du monde du futur ?
«Je crois beaucoup à l’éducation et à la culture pour tous, à la culture populaire. Lorsque nous avons acquis cette maison avec Tristan, c’était justement pour démocratiser l’art et la sculpture contemporaine, ce qui n’est pas une démarche lointaine de la Maison de Jeunes et de la Culture de l’après Mai 68, dans laquelle j’étais engagée. D’ailleurs ma première exposition a été ‘Sculptrices’, exposition féministe.»
Stéphane Baumet, directeur de la Villa Datris
«Ce qui nous a intéressés ? Faire une exposition sur des sujets qu’abordent actuellement les artistes contemporains que n’abordaient pas forcément les artistes historiques des pièces produites il y a 30, 40, et 50 ans en arrière. Nous avons ouvert notre champ de recherche sur les data days, l’environnement, la nature avec plusieurs exemples d’artistes âgés de 30 à 45 ans, qui sont dans ce mouvement. Andréa Bowers est aussi une artiste féministe qui aborde des problématiques environnementale, de migration, sujets qui ont existé de tout temps mais que les artistes mettent actuellement très en exergue.»
Gabriel Sobin
«Mon travail sur la pierre est très physique, soustractif puisque j’enlève de la matière. Il s’agit, ici, d’onyx venu d’Iran, une pierre très dense, assez homogène. Je me fournis, la plupart du temps, aux carrières de Carrare, au nord-ouest de la Toscane, qui importent du monde entier. Il est le seul lieu qui compte le plus de variétés de pierres du monde entier : onyx, granites, grès, marbres, albâtres… Les carrières de Carrares sont le plus grand marché au monde de la pierre. C’est à 7 heures de Lacoste où je vis et où se trouve mon atelier. Je prends mon pick-up, et je charge mes trouvailles en une journée.»
Mes clients ?
«Ce sont des collectionneurs américains, français, allemands, qui me connaissent depuis un certain temps, qui me retrouvent au fil des expositions… Pourquoi je fabrique des éoliennes depuis 25 ans ? Parce que j’ai grandi dans le vent, en pleine face nord. Il fallait que je fasse quelque chose avec cet élément si impressionnant, saoulant parfois, c’était ma façon d’être créatif avec cette puissance incroyable. »
Comment je travaille ?
«Avec des disques diamant. La modernité ? Ce se sont ces coupes en S façonnées par des câbles reliées à des machines qui tournent à vive allure avec de l’eau, via un programme autocade, ce qui permet les coupes en courbes, en lignes droites… C’est passionnant parce que cela donne moins de travail et surtout l’on gaspille moins de cette matière première précieuse. Au départ ? Il s’agit d’un bloc d’onyx, un parallélépipède rectangle d’entre 100 à 150 millions d’années et dont les trois quart vont disparaitre. Pour concevoir mes œuvres ? Je créé des gabarits très précis, prenant en compte le poids de l’onyx. C’est technique et en même temps un luxe de travailler de telles matières, car je touche à la mémoire de la planète.»
D’où vient l’inspiration ?
«Du vent, comme je l’ai mentionné, puisque j’ai baigné dedans puis de l’Égypte que j’ai découverte à 25 ans. Ce qui m’interpelle ? Il y a plus de 5 000 ans, cette civilisation fascinante avait une connaissance de ce que nous ne savons toujours pas faire aujourd’hui. C’est là que je me suis dit : tout est possible ! C’est aussi à partir de cet instant que je me suis mis à faire des éoliennes. Pourquoi ne pas faire tourner la pierre avec le vent ?»
Gabriel Sobin présente Akh, -qui signifie, en hiéroglyphe : lumineux, transfiguré, lié aux principes de puissance créatrice. Une sculpture éolienne en onyx venu d’Iran. «Elle incarne l’aspect solaire et lumineux du minéral. C’est une célébration des origines, du vent, des planètes, de la terre et des roches qui nous apparaissent fixes et immuables, mais sont en réalité en constante mutation à une échelle spatio-temporelle qui nous échappe.»
Julio Le Parc
La Sphère bleue de Julio Le Parc trône dans une pièce de l’entrée, dévolue au noir absolu, faisait comme naitre cette sphère bleue de plus de 365cmx230x230cm. Elle est faite de plexiglas translucide, de fils d’acier et d’aluminium et semble tout droit extraite du cosmos. Couleur, lumière, transparence, mouvement, tout est dit. Face à cet astéroïde parfait, plongé dans l’obscurité, l’on se sent à la fois petit et immense, contemplant le rêve d’être comme englouti et existant dans le Cosmos, un espace sans bruit, où toutes les dimensions se rejoignent.
Venir en France pour rencontrer l’avant-garde
«L’art est entré dans ma vie tout petit, commence Julio Le Parc. J’avais depuis le plus jeune âge des facilités pour dessiner. Dès l’adolescence ma mère m’a orienté vers les Beaux-Arts. J’ai toujours su que je serais artiste. Je travaillais en journée dans une usine de maroquinerie pour la fabrique de sacs, de gants et accessoires de mode pour femme, et le soir j’allais au cours des Beaux-Arts. Le fait de gagner des prix très jeune, dès l’âge de 15 ans, a été très stimulant.»
Faire sécession pour faire progresser l’art
«Également, avec un groupe d’étudiants, nous nous sommes rebellés contre l’enseignement que nous jugions trop académique et avons occupés les lieux. Lorsque le directeur nous a demandé de partir, nous n’avons pas cédé. Ce mouvement collectif a permis d’ouvrir l’académie à d’autres jeunes peintres, à renouveler les professeurs et leur enseignement. Place était faite à l’avant-garde.»
Le talent récompensé
«Certains de nos professeurs venaient en France et, à leur retour, nous rapportaient leurs expériences. Et puis, un jour, j’ai pu gagner une bourse, dans la catégorie artiste plasticien, qui permettait de venir, à mon tour en France. C’était une immense chance car il n’y avait qu’une seule bourse pour tout le pays, par catégorie d’art. Celle-ci était d’habitude, dévolue aux artistes déjà connus et moi qui ne l’étais pas encore, l’avais obtenue.»
Ce qui s’est passé pour moi ?
«Pour la première fois de ma vie, j’avais 30 ans, je pouvais disposer de 24h par jour à pour faire mon travail. Je dormais à peine, mangeais au restaurant universitaire et je vivais dans une toute petite chambre d’hôtel. Je n’avais pas d’argent pour acheter de matériaux, alors je me fournissais en petits cartons, crayons, en encre de Chine. Mon capital c’était mon temps.»
Je travaillais avec quelques amis.
«Ce qui m’a marqué ? J’avais un ami qui était arrivé peu avant moi en France. Il passait son temps à dormir. Il me disait qu’il avait des idées extraordinaires et que dès qu’il serait riche, il travaillerait. Je lui répondais nous n’avons rien mais pourtant nous ne cessions de travailler. Je lui disais de ne pas gâcher son temps. Puis il épousa une femme riche et ne fit rien de son talent. Nous, nous faisions avec ce que nous avions, nous travaillions pour changer, petit à petit, notre situation. Puis nous avons rencontré d’autres artistes.»
Ce que je veux que l’on voit de moi ?
«Ce que je veux que l’on voit de moi, au-delà de ce que j’ai fait ? Une attitude, un comportement, une posture de réflexion qui passe par des projets, des dessins, des confrontations, la production d’expériences qui aboutissaient ou non. L’essentiel de ma vie ? Avoir toujours été en recherche. J’ai fait ce que je voulais faire. Il y a des artistes qui travaillent sur un ou quelques thèmes toute leur vie, moi j’ai voulu tout explorer, aller au-delà. Il fallait accepter que ces expériences donnent du fruit, d’autre fois pas. Expositions, critiques d’art, je ne me suis jamais laissé entamer par quoi que ce soit. Je voulais explorer, mener mes recherches, c’est la seule aptitude que je souhaitais développer. J’ai remarqué que j’avais toujours eu beaucoup de chance dans ma vie.»
Hanna Roeckle
Native du Lichtenstein Hanna Roeckle conçoit des polyèdres peints à la laque automobile, associant sculpture, peinture et design. Elle travaille particulièrement sur le corps, l’espace, la transparence et l’opacité. L’objet est aussi image, couleurs. « Ici ce n’est pas la sculpture qui se meut mais l’homme qui découvre, à chaque pas, de nouvelles formes et d’invisibles vagues qui voguent au gré de changeantes couleurs, des ombres et des lumières du jardin,» se plait à dire Hanna Roeckle. Ses monolithes iridescents, faits de plastique renforcés à la fibre de verre, semblent des gemmes sortis de terre, arborant des surfaces laquées aux couleurs changeantes, attirant le promeneur, pour mieux le questionner entre nature et industrialisation, surface et espace.
En savoir plus sur Raja
L’entreprise Raja a été créée, au sortir de la guerre, en 1954, par deux amies Rachel Marcovici et Janine Rocher. Leur marotte ? Acheter des cartons usagers pour les revendre à prix cassés aux entreprises. En 1962, à 16 ans, Danièle rejoint l’entreprise familiale en tant que commerciale pour devenir, en 1978, directrice commerciale puis présidente directrice-générale en 1982. Très à l’écoute des tendances et des innovations, elle se lance dans la VAD (Vente à distance) avec la parution de son 1er catalogue en 1975, « pour couvrir un plus large territoire ». Depuis 1980, l’entreprise connaît un essor considérable, multipliant entre 1983 et 1992 son chiffre d’affaires par 5. Ouverte à la croissance organique et externe, l’entreprise est présente dans une vingtaine de pays et continue sa progression grâce à l’essor de la vente en ligne.
Les infos pratiques
Exposition Mouvement et lumière #2. Jusqu’au 11 novembre 2023. Villa Datris. 7, avenue des Quatre otages à l’Isle-sur-la-Sorgue. 04 90 95 23 70 .Entrée libre .info@fondationvilladatris.com Les horaires : en juin, du mercredi au samedi de 11h à 13h et de 14h à 18h, le dimanche ouvert non-stop. En juillet août ,tous les jours sauf le mardi, de 10h à 13h et de 14h à 19h, le dimanche ouvert en continu. En septembre et octobre,du mercredi au samedi de 11h à 13h et de 14h à 18h, dimanche ouvert en continu. Ouvert en continu les jours fériés. Lieu accessible aux personnes à mobilité réduite. Visites guidées, réservation conseillée, les samedis à 16h et les dimanches à 11h,e n juillet et août les vendredis, samedis à 16h et dimanches à 11h. Visites de groupes uniquement sur rendez-vous. mediation@fondationvilladatris.com Visites scolaires. Entrée libre auprès de Fanny Vouland f.vouland@fondationvilladatris.com
Toutes les informations ici.
La fondation Raja-Danièle Marcovici ‘Agir pour les femmes’
La Fondation Raja-Danièle Marcovici a vu le jour à l’initiative de Danièle Kapel-Marcovici, Présidente Directrice Générale du Groupe Raja. Depuis sa création en 2006, sous l’égide de la Fondation de France, elle œuvre pour l’émancipation des femmes en France et dans le monde. La fondation s’incarne à travers trois missions : le soutien à l’émancipation des femmes ; Témoigner et sensibiliser et la Mobilisation des collaborateurs Raja.
Concrètement
En 2022, la fondation Raja-Danièle Marcovici a financé 110 projets en France et dans le monde. Concrètement, cela représente 8 494 jeunes filles scolarisées, 6 949 femmes soutenues dans leurs actions en faveur de la planète, 880 formations professionnelles ou aides à l’emploi dispensées. Retrouvez le rapport d’activités ici.