Au bout de 4 ans de chantier, un velours aux nuances framboise, serti par le chêne blond et doux des sièges et du parquet, adoucit cette bonbonnière à l’italienne qui fêtera son bicentenaire en 2025.
Frédéric Roels, directeur, est le premier à prendre la parole pour cette visite inaugurale destinée à la presse et aux riverains de la place de l’Horloge qui ont subi les nuisances sonores, la poussière et les embouteillages pendant les 48 mois qu’ont duré les travaux de rénovation, entre gilets jaunes et Covid. « Des fondations aux sept toits, hors la maçonnerie structurelle, tout a été réhabilité en respectant l’histoire et le patrimoine ».
Mise aux normes de l’équipement scénique, électrique, traitement de l’air, chauffage, climatisation, lutte anti-incendie, système acoustique, peinture, électricité, lumière, agrandissement de la fosse d’orchestre, création d’une petite ‘Salle des Préludes’ sous le parterre, d’un ascenseur pour les personnes à mobilité réduite, d’un accès à la scène par la rue Corneille de 17m de hauteur et 4m de large pour les éléments de décor sans bloquer la circulation comme c’était le cas auparavant. Le directeur a également salué le travail de Sylvie Maréchal, la designer-styliste qui a conçu, créé et installé le lustre somptueux à Led qui trône au cœur de l’opéra, « Un geste magistral et esthétique » de plus de 5 mètres de haut, 750 kilos, 626 pampilles en porcelaine de Limoges. Il a conclu en insistant : « Cet opéra est là pour vous, pour les musiciens, les chanteurs, les danseurs, pour le vibrer ensemble ».
Une succession de défis technologiques
Ensuite Claude Morel, vice-président de l’agglomération en charge du spectacle vivant a salué le travail des artisans qui ont officié sur le chantier : « Ces travaux titanesques, soumis à l’approbation constante des Monuments historiques se sont révélés être une succession de défis technologiques. L’opéra est un élément essentiel de la culture de notre territoire ». Le Grand Avignon a financé 80% de la facture totale (24,4M€) intégrant la réhabilitation de l’opéra (19,4M€), l’agrandissement des ateliers en Courtine (2,8M€) et la construction de l’opéra éphémère de Confluence (2,2M€). L’Etat a participé aux frais (1,71M€), le département (830 000€) et la ville d’Avignon a déboursé (seulement) 935 000€ alors que c’est un outil majeur de la vie culturelle de la cité des papes…
Un chantier à cœur ouvert
Dernier intervenant, et non des moindres, pour évoquer ce chantier, Marc Andrieu, intarissable et brillant conteur d’aventures humaines (Festivals de Châteauvallon dans le Var et de La Chartreuse à Villeneuve-lès-Avignon, reconstitution numérique du Pont d’Avignon). Il a continué avec la mise en valeur des grands travaux d’Avignon (Mémoire du Tram) et maintenant ‘Chantier à cœur ouvert’ consacré à l’opéra du Grand Avignon : « Pas moins de 1 300 sondages ont été faits dans la structure, on a trouvé 16 ou 17 couches de peinture crème sur les murs, de l’amiante, du plomb. En 1846 un grand incendie l’avait partiellement détruit, on parlait alors de ‘volcan’ visible jusqu’à Barbentane ! »
Forêt d’acier de 25m d’échafaudages autour et à l’intérieur de l’opéra, fourmilière où se côtoient toutes les confréries d’artisans (tailleurs de pierres, menuisiers, charpentiers, peintres, façadiers, couvreurs, zingueurs), « Dans un fourmillement perpétuel, la rotation des bennes, l’approvisionnement des matériaux, le va-et-vient des fourgonnettes et des camions exécutent un ballet millimétré. Les engins se frôlent en permanence et les livraisons se font au chausse-pied » écrit Marc Andrieu dans son livre où des dizaines de photos retracent les étapes des travaux sur 4 ans, pour laisser une trace. « Ce défi hors norme correspond à l’attachement des Avignonnais à leur opéra » conclut-il.
Le livre ‘L’opéra Grand Avignon à cœur ouvert’ est en vente à l’Accueil de l’opéra (29€), Place de l’Horloge.
Découvrez les travaux de l’Opéra Grand Avignon avec ce film d’animation réalisé par les étudiants de l’Ecole des Nouvelles Images d’Avignon.