Et comme pour chaque Fête Nationale, une ‘Marseillaise’ XXL a retenti en ouverture, au pied du mur d’Auguste, entonnée par la contralto québécoise Marie-Nicole Lemieux, la basse Nicolas Courjal, le ténor Cytille Dubois, la soprano australienne Eleanor Lyons, 300 choristes, les musiciens de l’Orchestre Nexus et les 7 000 spectateurs du Théâtre Antique, tous debout. Un moment de communion et de ferveur républicaines en amont de cet ‘Everest’ de la musique sacrée dirigé par le chef John Nelson, 80 ans, habitué des partitions liturgiques(on l’a vu dans ‘La grande messe des morts’ de Berlioz, ‘La création’ de Haydn, ‘La Passion selon Saint-Mathieu’ de Bäch).
Cette ‘Messe solennelle’, Beethoven a mis plus de 4 ans pour la composer. Elle est dédiée à l’Archiduc d’Autriche Rodolphe, son ancien élève devenu ami puis mécène à qui il a dédicacé nombre de partitions, comme ‘Le Trio l’Archiduc’ ou ‘Le Concerto pour piano n° 5 L’Empereur’ qu’on a entendu ici même la semaine dernière, sous les doigts de Pierre-Laurent Aymard. C’est une oeuvre monumentale qui transcende les 5 mouvements traditionnels d’une messe : Kyrie – Gloria – Credo – Sanctus – Agnus dei, en latin, avec une palette de trompettes, de cors, de timbales, de percussions qui ont embrasé Orange, avant de revenir au recueillement et au pianissimo d’un solo de violon. On passe du gigantesque symphonique à la flûte seule d’un oiseau, des ‘tutti’ monumentaux à la fugue d’un Jean-Sébastien Bäch.
Près d’une heure et demi d’enchantement, une standing ovation des milliers de spectateurs ravis mais inquiets à cause de l’odeur de pins calcinés et des tourbillons de cendres venues de l’incendie de La Montagnette, entre Graveson et Tarascon, à quelques encablures de là.