Il avait donné son 1er concert à Moscou à l’âge de 10 ans. Le pianiste russe de 52 ans avait déjà été invité au Théâtre Antique d’Orange il y a 20 ans par Raymond Duffaut (d’ailleurs présent au premier rang hier soir), alors directeur général des Chorégies.
Cette année, c’est Jean-Louis Grinda qui a proposé à Evgeny Kissin de revenir. Pour un récital avec son piano seul, sur l’immense scène, au pied du Mur d’Auguste face à des milliers de spectateurs – même si les 8313 places des gradins de pierre n’étaient pas toutes occupées.
Programme éclectique avec, en 1ère partie, la « Fantaisie chromatique et fugue BWV 903 » de Bäch, la « Sonate pour piano n°9 » de Mozart et la « Polonaise en fa dièse mineur, opus 44 » de Chopin. Un ruissellement de notes, de tempi parfois intenses parfois pianissimo. Après des applaudissements nourris et une pause, retour du public pour une seconde partie totalement dédiée à Rachmaninov, avec des œuvres écrites entre 1903 et 1941, de quoi balayer 4 décennies de compositions du musicien mort en 1943 à Beverly Hills.
Des œuvres romantiques, avec des harmonies riches, une exigence de virtuosité du pianiste dont les mains se croisent sur le clavier, qui demandent à la fois force physique et nuances musicales. « Lilas, opus 21 n° 5 », « Prélude opus 32 en la mineur », « Prélude opus 23 en sol majeur » et « Etudes-Tableaux opus 39 », le tout joué par cœur, sans une seule page de partition! Des bravos qui fusent, des fans debout qui applaudissent à tout rompre, Evgeny Kissin bissé puis trissé. Lors du cocktail qui sera servi à l’issue du concert, il viendra dans le Jardin des Vestiges, timidement, à la rencontre de son public et poser avec le directeur des Chorégies, Jean-Louis Grinda. Une façon, peut-être, pour les amateurs de piano d’oublier le forfait de la rock-star du piano, Khatia Buniatishvili, qui aurait dû ouvrir ces « Chorégies 2023 » le 1er juillet et qui a fait faux bond, baby-blues oblige.