Deep Purple lâche les watts à Orange : les papys du rock font de la résistance au Théâtre Antique.
A 79 ans, le bassiste Ritchie Blackmore est considéré, avec sa fidèle guitare Fender qui donne des rafales de vibrato uniques, comme un héro au même titre qu’Eric Clapton ou le regretté Jeff Beck. Ses potes sur la scène du Théâtre Antique affichent 72 ans pour David Coverdale et 68 ans pour Joe Satriani. Quant au plus jeune, le nouveau venu dans le groupe de légende, le chanteur Simon Mac Bride, il n’a que 45 ans. N’allez surtout pas leur parler pas de la retraite, pas plus qu’à Mick Jagger (81 ans) ni à Paul Mac Cartney (82ans), ils détestent, eux qui ne vivent que de passion, de rock et de décibels face à une foule en transe.
Et c’était le cas, hier soir à Orange, dès 18h, ils sont arrivés d’un peu partout et pas seulement de leur mas du Luberon. De Belgique, Boston, Liverpool, Canada, Italie, Suisse, Dublin, Hollande, Allemagne. Alexandre est venu de Saint-Rémy-de-Provence. « C’était ma 1ère bouffée de rock, les Deep Purple, que du bonheur et de la nostalgie ». A ses côtés, son fils Victor 20 ans « Depuis que je suis né, j’entends leur musique. En plus ici, à ciel ouvert, ça va déchirer ». Deux Jean-Luc, sont attablés, face au Mur, l’un vient de Jonquières « C’est toute ma jeunesse, ils sont mythiques et en plus ils jouent à côté de la maison! ». L’autre, de Sainte-Cécile-les-Vignes, surenchérit « Je suis guitariste, je faisais partie du groupe les ‘Indé-Si » (comme la note)… Mais je ne leur arrive pas au petit doigt ».
Un couple de Liège, Luc et Lieve ajoute « La musique fait partie de nos jeunes années et ici elle va être transfigurée dans un cadre aussi majestueux qu’Orange. Du coup on fera d’une pierre deux coups entre ce groupe iconique et ces gradins de pierre deux fois millénaires ». Eric et Martine de Sauveterre sont addicts et ils arborent un T-shirt Deep Purple. « J’ai 65 ans, dit-il, et je suis fan depuis mes 14 ans. Leur disque Made in Japan m’avait filé une claque, depuis 1985 je ne les ai jamais quittés, je les ai déjà vus 5 fois. Une vraie passion, j’ai hâte, plus qu’une heure! ».
Les fans arrivent par grappes, par centaines, avec souvent katogans poivre et sel et tatouages, casquette à l’envers, bandana et surtout T-shirts vintage et délavés dont la liste es longue, signe de leur appartenance à cette fratrie sans frontières du rock. Pêle-mêle, Metallica, Scorpions, Nirvana, Pink Floyd, Abbay Road, le studio mythique des Beatles, Billy Paul, David Bowie, Trust, Motorheand, AC / DC, Eagles et bien sûr Deep Purple. Plus de 5000 fans exultent dès les premières notes électro dans la nuit, à l’unisson avec un jeu de lumières vibrionnant et éblouissant. Pendant une heure trente, ils chanteront leurs tubes préférés, battront la mesure, applaudiront à tout rompre. Une mamy soixant-huitarde déchaînée, que son petit-fils ne reconnaît pas, hurle à tue-tête toutes les paroles sans exception. C’était ça le concert des Deep Purple. De larges sourires, des étoiles dans les yeux de ce public souvent au crépuscule de sa vie qui a vibré au son de « Smoke on the water », « Highway Star » ou « Child in Time ».