Tout à l’Est du département de la Moselle, la ville de Bitche est connue pour sa citadelle. Se dressant sur un promontoire rocheux, surplombant la cité, elle possède une longue histoire, reflet de son importance stratégique et militaire au fil des siècles. Propriété de la ville depuis 1960, dotée de musées et de parcours informatifs, elle attire de nombreux visiteurs tous les ans.
La citadelle de Bitche, dont l’allure puissante domine la ville de 1500 habitants, semble posée sur son rocher depuis des siècles. Les visiteurs la découvrent d’en bas, tout en longueur, et y devinent les tracés caractéristiques de l’architecte de Louis XIV, le célèbre ingénieur militaire Vauban, son concepteur. Témoin des grands tournants de l’histoire, de la Révolution française jusqu’à l’issue de la Seconde Guerre mondiale en passant par la guerre franco-prussienne de 1870, la citadelle est devenue gardienne de la mémoire.
La structure actuelle date en grande partie du XVIIᵉ siècle. Elle a été significativement reconstruite et fortifiée par Vauban donc. Les travaux par lui décidés ont transformé la citadelle en une forteresse redoutable capable de résister aux sièges et aux attaques. La citadelle possède des murs épais, des bastions et des douves, toutes caractéristiques de l’architecture militaire de cette époque. Ces éléments étaient conçus pour offrir une capacité de défense maximale contre les attaques d’artillerie et d’infanterie. Une des caractéristiques notables du site est son vaste réseau de galeries souterraines. Ces tunnels étaient utilisés pour stocker des provisions, loger des troupes et comme moyen de communication pendant les sièges.
Un symbole de la résistance
C’est au cours de la Révolution française que la citadelle fut pour la première fois soumise à l’épreuve d’un assaut militaire. Mais elle est particulièrement connue pour son rôle lors de la guerre franco-prussienne, de 1870-1871. La forteresse a en effet résisté à l’armée prussienne pendant plusieurs mois, endurant un siège prolongé avant de capituler finalement. Cet épisode témoigne de la solidité de ses fortifications et de la détermination de ses défenseurs. Durant la guerre de 1870, sous les ordres du commandant Teyssier, la citadelle résista au siège le plus long de son histoire et notamment à trois bombardements meurtriers. Aujourd’hui, un parcours cinématographique retrace l’histoire de ces valeureux résistants pendant les 230 jours de siège. Cette fiction dans laquelle François Cluzet campe le rôle de Napoléon III a réuni près de 700 figurants sur un tournage en 2005.
Des parcours interprétatifs
Mais l’histoire ne s’arrête pas après la Guerre de 1870 et l’Annexion. Le territoire de l’actuel département de la Moselle étant devenu allemand à partir de 1871, une garnison allemande prit possession de la place de Bitche jusqu’en 1918, date du retour à la France. Perdant peu à peu son intérêt militaire face à l’évolution de l’artillerie, la citadelle fit l’objet de quelques réaménagements à la fin du XIXᵉ siècle, visant notamment au blindage des superstructures. Durant la Première Guerre mondiale, elle n’eut pas à souffrir des combats. La Seconde Guerre mondiale et les bombardements des Alliés de 1944-1945 sonnèrent pourtant définitivement la fin de l’exploitation militaire de la forteresse.
La commune de Bitche a acquis la citadelle en 1960 en vue de la conserver et d’en valoriser l’intérêt patrimonial. Classée monument historique depuis 1979, elle est conservée pour rappeler que la paix ne s’est finalement imposée qu’au prix de douloureuses épreuves. Plus récemment, les lieux ont été aménagés et dotés de parcours interprétatifs particulièrement intéressants, déployés entre musées, ressources audiovisuelles et équipements interactifs. Dans le dédale des galeries, les visiteurs sont plongés en un instant dans l’histoire de ce siège étonnant et passionnant. À l’extérieur, au sommet de la rampe, une belle vue panoramique sur la ville et collines des Vosges du Nord s’offre à eux. Tout au long de l’année, des visites guidées, des reconstitutions historiques et divers événements font de la citadelle un lieu particulièrement prisé des passionnés d’histoire.
Informations pratiques
La citadelle est ouverte jusqu’au 13 octobre 2024.
Horaires de mars à juin et septembre-octobre, en semaine :
Ouverture : 10h
Dernier accès parcours complet (parcours cinématographique et plateau supérieur) : 16h30
Fermeture complète : 18h
Dimanche, samedis et jours fériés, et période juillet-août :
Ouverture : 10h
Dernier accès parcours complet (parcours cinématographique et plateau supérieur) : 17h
Fermeture complète : 18h
Adulte tarif normal : 11€
Voir sur place pour tarifs réduits, groupes.
Un Jardin pour la Paix
Au pied de citadelle de Bitche, il faut absolument visiter le Jardin pour la Paix, qui est un havre de fraicheur et de couleurs. Créé il y a 22 ans, il est installé dans un endroit emblématique, au pied de la citadelle, haut-lieu de la Guerre de 1870. Aux pierres grises, aux hautes murailles, au passé militaire de la forteresse, il oppose le calme, la gaieté, les couleurs. Avec ses installations amusantes, ses parterres de plantes aromatiques, de longues étendues de verdure, ses cabanes dans les arbres, ses ponts suspendus, ses décorations originales en mode « années 50 », c’est un lieu insolite qui plaira aux petits pour pouvoir gambader à loisirs et aux grands pour son côté « vintage ». Le bâtiment de réception, joliment baptisé « L’Accueillette », abrite une cafétéria et une boutique des jardiniers.
Ouvert du dernier dimanche d’avril ou premier dimanche d’octobre. Entrée adulte : 6€.
Le géant de grès rouge
À 15 kilomètres au nord-est de Bitche, il est aussi un bel endroit à découvrir, mais complètement naturel cette fois, c’est le Rocher de l’Altschlossfelsen, le « Rocher du Vieux Château ». Sur un peu plus d’un kilomètre se dresse là une véritable curiosité géologique, une barrière de grès rougeâtres, parsemée de strates, de piliers, de colonnes, de cavités. Autant d’éléments sculptés par le vent, le gel, l’eau, le temps. Le Rocher de l’Altschlossfelsen est situé sur la frontière avec l’Allemagne, tout près de la petite commune de Roppeviller, toujours en Moselle. Nous sommes là sur le domaine du Parc Naturel Régional des Vosges du Nord, et les falaises y constituent un magnifique décor naturel, à l’étonnante couleur rose-rouge. D’où son surnom de « Petit Colorado Lorrain », alors que ce nom est impropre puisque ceux qui arpentent l’endroit sont alors bien outre-Rhin. Le site est d’ailleurs bien mieux connu par nos voisins allemands, beaucoup moins par les Mosellans. Même si les photos sur les réseaux sociaux contribuent désormais à sa renommée.
Pour y accéder en voiture depuis la France, le stationnement se fait dans le village de Roppeviller. Un plan de situation près de l’église renseigne sur le chemin à prendre, un sentier de 2 km balisé par le Club Vosgien. Attention, le tracé fait arriver les marcheurs en haut des rochers. Il faut les contourner sur la droite, redescendre, pour admirer ces incroyables falaises.
Dominique Péronne / Les Affiches d’Alsace et de Lorraine membre du Réso Hebdo Eco