Niché au cœur du vieux village de Saint Didier, le Château de Thézan s’éveille lentement de son sommeil séculaire, prêt à dévoiler ses trésors cachés. Depuis son acquisition par Pierre de Beytia et Emmanuel Renoux en 2019, ce joyau architectural de la Renaissance de 4 000m2 dans un écrin de 1,4 hectare de verdure, a entrepris une métamorphose fascinante, visant à ouvrir ses portes aux curieux et passionnés d’histoire.
Pierre de Beytia et Emmanuel Renoux viennent de passer une convention avec la Fondation du Patrimoine qui propose à chacun d’entre-nous de prendre part au financement participatif de la rénovation de l’Orangerie ici pour atteindre les 60 000€.
Le Château de Thézan Copyright MMH
Face à l’Église, le château bénéficie d’une double perspective
d’un côté, le charme pittoresque du village, de l’autre, l’immensité de ses terres agricoles. Chaque été, depuis l’ouverture partielle en 2022, son parc enchanteur se transforme en une galerie d’art en plein air, accueillant des artistes de renom. Cette année, le photographe naturaliste Michel Jolyot investit les lieux jusqu’au 30 septembre 2024, offrant une exposition photographique sur l’invisible débusqué par l’œil du photographe.
Quant aux propriétaires,
Emmanuel Renoux, ancien expert en marketing pour une prestigieuse maison de maroquinerie, et de Pierre de Beytia, administrateur de biens passionné par l’immobilier, nous les avions rencontréspour la première fois en décembre 2023. Amateurs d’art et de vieilles pierres, les deux hommes avaient arpenté la France à la recherche d’un château à restaurer. Tous deux avaient, finalement, signé l’acquisition du Château de Thézan en 2019.
Ils avaient acquis le château pour 1,4M€ plus 3M€ pour parer
au plus pressé comme la toiture de 1 000m2 de tuiles provençales sur le point de s’effondrer. Les deux hommes ne mandent que les artisans locaux qui vaqueront au plus pressé : le clos et le couvert avec notamment 750 000€ de travaux sur les toitures. Huisseries et volets sont peints en rouge sang de bœuf, typique de la Renaissance, et des projets d’appartements privés ainsi que de gîtes sont toujours en cours. La jolie maison à étage, posée à gauche des grilles du château sera un jour transformée en accueil du château au rez-de chaussée et en habitation à l’étage, pour les ouvriers qui offrent leur talent à l’illustre édifice.
La maison en entrée du château proposera l’accueil en rez-dechaussée Copyright MMH
Et puis, Pierre de Beytia et Emmanuel Renoux
avaient inscrit le château aux Monuments historiques afin de bénéficier des aides de l’Etat. Après le débroussaillement du parc, le retour à la vie des deux fontaines rocailles, l’une au creux de la cour et l’autre au creux du parc, l’inventaire des arbres remarquables, la mise au jour de la rivière anglaise et la pose de hérons afin de conserver les poissons du lieu, les propriétaires ont continué à restaurer les intérieurs.
Autofinancer le château
C’est leur leitmotiv car 3M€ en plus du prix d’acquisition du château ont déjà aidé l’édifice à revenir à la vie. Les entrées, les visites guidées et les événements festifs prennent alors, le relais, contribuant à la restauration du château. Désormais on s’y promène autant dedans que dehors, découvrant le parc et ses jardins qui furent, autrefois, dessinés par le fameux André Le Nôtre.
Déambulation dans le château
Situé au centre de l’aile aménagée au XVIIe siècle, le Grand Salon ouvre sur une terrasse dont la vue permet d’admirer jusqu’au Mont Ventoux. Pièce maîtresse de la demeure, le Grand Salon est aussi la pièce qui a subi le plus de modifications au XIXe siècle. L’ensemble du mobilier d’époque et de style Louis XIV, Régence et Louis XV permet d’apprécier l’ambiance caractéristique d’un certain art de vivre aux XVII et XVIIIe siècles.
Un des salons Copyright MMH
Le Salon Louis XIII est la pièce conçue pour impressionner les hôtes.
Les murs sont recouverts de riches cuirs gaufrés, dans l’esprit des cuirs de Cordoue, surmontés d’une frise peinte agrémentée de quatre paysages. Son plafond à la française, quant à lui, est orné d’un riche décor de feuilles d’acanthe et de laurier. A la fois cabinet de travail et antichambre, ce salon était aussi l’occasion de montrer la richesse de son ameublement et la beauté des objets collectionnés. La somptuosité de cette pièce s’explique par le fait qu’elle a toujours jouxté la Chambre du Roy.
La Chambre du Roy propose un décor particulièrement soigné.
Les murs, recouverts d’un ensemble de boiseries raffinées, accueillent des encadrements garnis de soieries, tandis que le plafond présente un décor de gypseries en trompe-l’oeil au centre duquel se déploie un médaillon représentant la Chute de Phaéton, d’après un dessin de Michel-Ange. Le grand lit à la polonaise ainsi que le mobilier aux tons pastel soutiennent l’atmosphère raffinée de la pièce.
La Chapelle privée
A l’occasion de la construction des nouveaux appartements au XVIIe siècle, Louis de Thézan a obtenu du vice-légat du pape à Avignon le droit de créer une chapelle privée dans son château. Le décor sobre et délicat dont elle est pourvue met en valeur les symboles religieux tels le maître Autel, le bénitier et l’exceptionnel Christ en bois sculpté du XVIIe siècle
Un peu d’histoire
Le Château de Thézan, dont les fondations remontent à 900 ans, déroule une histoire fascinante. Anciennement une villa gallo-romaine, il a été le témoin de la vie de famille d’Elzéar de Thézan et de son épouse Siffreine de Venasque au XVIe siècle. Les grands travaux de construction ont été entrepris à partir de 1660, transformant le château en un lieu de fête et de splendeur.
Les visites guidées avec Pierre de Beytia Copyright MMH
Au fil des siècles, le château a connu des propriétaires prestigieux,
dont Adolphe Masson, qui en fit un centre d’hydrothérapie très prisé. Malheureusement, à partir de 1980, le château et son jardin tombent dans l’oubli, victimes du temps et du vandalisme.
Le Château de Thézan, fleuron du patrimoine régional,
a déjà séduit 6 000 visiteurs l’été dernier, témoignant de l’engouement suscité par cette renaissance. Avec ses 4000 m² et son parc de 1,4 hectares, il retrouve peu à peu son éclat d’antan, se révélant au grand jour comme le ‘Diamant de Provence’.
C’est depuis la Cour d’Honneur que l’on contemple l’allure
que les Marquis de Thézan- Venasque ont donné au château au cours de la Renaissance. L’inspiration italienne – le Comtat Venaissin était alors un État Pontifical – se ressent dans l’architecture typique de cette époque florissante, avec ses fenêtres à meneaux, et ses portes et passages en pierres ouvragées. L’accès aux salles du château se fait par un majestueux Escalier-en-vis de 1518, dont la taille des marches avoisine la rare longueur de deux mètres.
La Salle des Gardes Copyright MMH
La Salle des Gardes,
caractérisée par un décor modeste et un mobilier simple, sert d’écrin à une crèche provençale représentant le château, réalisée en 2022 par une habitante du village.
Le Salon de Musique est réputé
pour la qualité picturale de son plafond à la française et de la frise peinte par Nicolas Mignard qui orne les murs.
Une Ouverture Envoûtante
La première partie des espaces intérieurs a été dévoilée en 2023 : la Salle de Bal ornée de fresques de Pierre Mignard le Jeune, le Salon de Musique, le Salon de Jeux, ou encore les Bains-Douches Napoléon III. Le public a alors pu découvrir les premières étapes du parcours de visite.
Le Salon des Jeux présente
des traces de fresques des XVIe et XVIIe siècles, mises à jour lors des études patrimoniales et représentant les belles armoiries des Venasque surmontées d’un heaume à panache sur fond rouge. On peut aussi y admirer une cheminée du sculpteur provençal, Jacques Bernus (1650 – 1728), dont les angelots en plâtre sont aujourd’hui mutilés suite à des actes de vandalisme.
La salle de bal Copyright MMH
La Salle de Bal
présente le décor le plus fastueux qui en fait, dès le XVIIe siècle, la pièce la plus exceptionnelle de la demeure. Son plafond d’inspiration italienne, ainsi qu’une frise peinte par Pierre Mignard Le jeune, ornent cette salle, la plus vaste du château. Une cheminée monumentale de Bernus dont le trumeau est surmonté des armes des Thézan-Venasque embellit l’ensemble.
Les bains Napoléon III
Les visiteurs pourront ensuite découvrir les bains Napoléon III, dont la présence est liée à la transformation du château en centre hydrothérapique. Ces infrastructures uniques, atypiques et miraculeusement préservées rappellent la mode des bains, lorsque la belle société venait découvrir et apprécier les bienfaits de l’eau.
Le jardin
C’est à la fin du XVIIe et surtout au début du XVIIIe siècle qu’un véritable jardin clos va être aménagé. Sa structure, son organisation et sa disposition régulière sont caractéristiques d’un jardin à la française dont le dessin est attribué à André Le Nôtre. C’est à la suite de la visite de Louis XIV au Château que ce jardin a été initié. On lui attribue la phrase suivante : « Votre Château est fort beau, Monsieur le Marquis, mais il lui manque quelque chose d’essentiel à mes yeux : un jardin ! »
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle,
ces jardins suscitent l’admiration et, durant près d’un siècle, ils continueront de fasciner par le soin et l’ordonnancement d’origine qui évoluent avec le goût des époques. Ils sont décrits comme «immenses et magnifiques, des eaux saillantes et en jet, des salles de verdure, des allées à perte de vue présentant un coup d’oeil unique».
La conversion partielle du jardin en parc paysager
dans la seconde moitié du XIXe sièclen’a pas complètement effacé cette composition que l’on peut encore lire dans sa partie Sud. Lors de la transformation du site en centre de soins hydrothérapiques à partir de 1862, les arbres remarquables de l’ancien jardin sont manifestement conservés et de nouveaux, plus exotiques, horticoles ou répondant aux goûts de l’époque sont plantés, dans le style typique des parcs à l’anglaise de cette seconde moitié du XIXe siècle. Un jardin bas est ajouté au domaine et l’Orangerie est construite au Nord de cette parcelle.
Quatre Nouveaux Espaces à Découvrir
Le 1er mai 2024 marquera l’inauguration de quatre espaces spectaculaires le Grand Salon, le Salon Louis XIII, la Chambre du Roy et la Chapelle. Ces pièces du XVIIe siècle, entièrement remeublées et redécorées, offrent un voyage dans le temps, plongeant les visiteurs dans l’élégance d’une époque révolue.
La cour d’honneur Copyright MMH
Le Grand Salon, pièce maîtresse de la demeure,
s’ouvre sur une terrasse offrant une vue imprenable sur le Mont Ventoux. Son mobilier d’époque évoque l’art de vivre des XVIIe et XVIIIe siècles, tandis que le Salon Louis XIII, avec ses murs ornés de cuirs gaufrés et son plafond richement décoré, impressionne par sa somptuosité.
La Chambre du Roy, quant à elle,
se distingue par son décor raffiné, où boiseries et gypseries en trompe-l’œil se mêlent harmonieusement. La Chapelle privée, construite sur ordre de Louis de Thézan, révèle un décor délicat, mettant en valeur des symboles religieux d’une beauté intemporelle.
Un Voyage à Travers les Âges : L’Histoire du Château
Évoqué pour la première fois en 1159, le Château de Thézan a traversé les siècles, évoluant au gré des ambitions de ses propriétaires. Résidence des Marquis de Thézan-Vénasque, il a connu des transformations fastueuses au XVIIe siècle, avant de devenir un centre de soins hydrothérapiques au XIXe siècle. Aujourd’hui, il renaît sous l’impulsion de ses nouveaux propriétaires, qui ont à cœur de partager son histoire avec le public.
La Cour d’Honneur, majestueuse,
témoigne de l’inspiration italienne qui a façonné le château à la Renaissance. L’accès aux salles se fait par un Escalier-en-vis datant de 1518, dont les marches impressionnantes invitent à la découverte. Chaque pièce, du Salon de Musique à la Salle de Bal, raconte une histoire, révélant des fresques, des cheminées sculptées et des décors d’une richesse inouïe.
L’orangerie actuellement en travaux Copyright MMH
Un Jardin de Rêve : L’Héritage Végétal du Château
Le jardin, conçu à la suite de la visite de Louis XIV, est un véritable chef-d’œuvre à la française, dont la beauté a traversé les âges. Bien que partiellement transformé en parc paysager au XIXe siècle, il conserve des traces de son passé glorieux, avec des arbres remarquables et des aménagements qui rappellent l’art des jardins d’antan.
Les propriétaires actuels, animés par leur passion à préserver ce précieux édifice,
ont entrepris de sauver ce patrimoine de la ruine. Ils invitent chacun à participer à cette aventure en soutenant la rénovation de l’Orangerie, un projet ambitieux qui promet de redonner vie à ce lieu enchanteur.
Le Château de Thézan vous attend pour un voyage
au cœur de l’histoire et de la beauté. Participez à cette renaissance et découvrez les mystères que recèle ce monument exceptionnel. Ensemble, faisons briller à nouveau le ‘Diamant de Provence’.
Vue du parc vers le Château Copyright MMH
Les infos pratiques
Château de Thézan. 58, rue du Château à Saint-Didier (84210). Visite libre ou guidée pour une durée 1h30 à 11h et 16h. Ouvert jusqu’au 30 septembre tous les jours sauf les mardi et mercredi. Ouverture de 10h à 13h et de 15h à 18h. Plein tarif 10€, réduit 8€, famille 25€ et annuel 30€. Gratuit pour les enfants jusqu’à 10 ans inclus et aux porteurs d’une carte mobilité réduite. Cours de Hatha Yoga jusqu’au 31 août 2024 le samedi et jeudi à 8h30 et 9h45 avec charlotteyogavaucluse.com / www.chateaudethezan.com / contact@chateaudethezan.com 06 22 88 07 46