«Un festival Off ESSENTIEL», tel est le maître mot énoncé par Sébastien Benedetto, nouveau président du festival Off qui se tiendra du 7 au 31 juillet 2021.
Avancer ensemble, en ordre de marche et de bataille
La conférence de presse d’AFC qui a réuni par visio-conférence des membres du conseil d’administration d’Avignon Festival et Compagnie (AFC), des journalistes locaux et parisiens, des compagnies et artistes, des membres de la Fédération des Théâtres indépendants – dont deux membres récemment élus au bureau AFC- vient, bien sûr, à point nommé pour annoncer les dates du festival off 2021 et l’élection de son nouveau président Sébastien Bénédetto.
Un nouveau président pour AF&C
Celui-ci après les remerciements d’usage n’a pas renié sa filiation –fils d’André Benedetto, un des fondateurs du off- et a réaffirmé sa volonté d’un festival solidaire et conforme aux valeurs de respect et d’égalité. L’ancien président Pierre Beffeyte a tenu à réexpliquer sa démission qui n’est que celle d’un poste et non de son engagement : «j’ai atteint les limites du bénévolat du Off et ai eu à prendre la difficile décision d’annoncer la non-tenue du off 2020, je suis la personne qui a géré la crise, ce n’est pas à la même d’être celle de la reconstruction.» Il a appuyé avec conviction la candidature de Sébastien Benedetto qui aura, lui, à reconstruire et à fédérer avec une belle légitimité locale. Les débats internes existent toujours mais il semble acquis de l’urgence de faire taire, pour un temps, les distensions pour avancer ensemble et relancer la dynamique.
Un festival essentiel pour être un festival de relance
Les compagnies, les artistes, les commerçants et restaurateurs ont été privés de commandes, de publics, de salaires et le public du spectacle vivant. Il faut donc rattraper une saison mais surtout redémarrer pour devenir le symbole de la relance. On ne rappellera jamais assez les retombées économiques du Festival dans la Cité des Papes et alentours : 150 000 personnes et 100 M€ de retombées économiques.
Travailler à la relance
Avec des contraintes sanitaires maintenues en juillet, les jauges risquent d’être réduites, les compagnies seraient donc en droit de demander de baisser le prix de location des théâtres. Les théâtres ont aussi une logique économique à sauvegarder. La solution ? Aider les compagnies et les artistes autrement. Plusieurs pistes ont été évoquées lors de près de 10 réunions depuis novembre 2020. Ainsi, le fonds de professionnalisation créé en 2017 va être élargi «pour aider un maximum d’artistes». Il complètera le Fonds d’urgence abondé en juillet par l’Etat. Mais le Off n’étant pas subventionné, le nouveau Conseil d’administration d’AF&C va aller démarcher les collectivités territoriales après avoir également sollicité les partenaires habituels : Fondation Face, Spedidam etc.. qui abondent ce fonds de professionnalisation. Beaucoup de pistes sont encore en discussion qui auront sûrement à être validés en Assemblée générale extraordinaire d’après Laurent Rochut, théatre La Factory, mais « après une économie de la réparation, il faut résolument aller vers la relance».
Des pistes et réflexions pour un festival plus solidaire et écoresponsable.
La crise sanitaire et l’annulation du off 2020 auront permis à ce temps suspendu de réinterroger l’économie du off et de remettre en cause ou pas certaines pratiques. Ainsi la trésorière Alexia Vidal a rappelé la consultation publique qui a obtenu 862 réponses avec 2 questions volontairement très ouvertes «Quel est pour vous le festival idéal ? Et Comment y parvenir ?»
Retour d’expérience
Toutes les idées ont été retenues et classées par thématiques devenant ainsi des documents de travail pour une réflexion à mener avant mai 2021. Trois groupes de travail vont bientôt être mis en place – dans un premier temps en visio – : Quel festival pour demain ? (l’éthique, solidarité, la viabilité) ; Quel festival pour les publics (accessibilité, billetterie, communication) ; Quel festival pour les professionnels (résidence, programmation, intermittence).
Les interrogations récurrentes
Les questions dans la salle virtuelle n’ont pas manqué de refaire surgir les interrogations récurrentes : Pourquoi des dates différentes entre In et Off ? ; Pourquoi a-t-on rendu de l’argent à l’Etat, le fonds d’urgence n’ayant pas été complètement dépensé ? ; Affichage ou pas dans la ville ? ; Billetterie centralisée ? Contrôle ou pas des loyers pour les festivaliers et les compagnies ? ; Edition d’un guide des bonnes pratiques ? Les réponses dans les prochains mois seront déterminantes pour la survie d’un des plus grands festivals au monde de théâtre et donneront un signal fort ou pas d’optimisme et de relance pour tout le spectacle vivant en France. Essentiel n’est pas un mot vain !
Michèle Périn