La 74e édition du Festival d’Avignon n’a pas eu lieu………vive (ment) une belle semaine de retrouvailles en octobre. En septembre 1947, Jean Vilar et le maire d’Avignon Georges Pons créent «La semaine d’Art» sur une suggestion du poète René Char et du critique d’art Christian Zervos. Objectif ? Faire renaître la ville par les reconstructions mais aussi la culture suite aux bombardements d’avril 1944. Plus de 4 800 spectateurs vont ainsi assister dans 3 lieux, à la Cour d’honneur du Palais des Papes, au Théâtre municipal et au Verger Urbain V, à 7 représentations de 3 créations : La Tragédie du roi Richard II de Shakespeare, La Terrasse de midi de Maurice Clavel et L’Histoire de Tobie et de Sara de Paul Claudel. Dès 1948, cette semaine d’Art dramatique devient le Festival d’Avignon. Tronqué en 1968, annulé en 2003 il abdique en juillet 2020 comme chacun le sait, face à une crise sanitaire sans précédent.
Que le spectacle continue
En octobre 2020, la décision du directeur Olivier Py de proposer une Semaine d’Art en Avignon a certes valeur de référence, est sûrement dans le même esprit de reconstruction et de reconquête. Le défi est de prouver envers et contre tout, dans un contexte sanitaire encore difficile, le rôle incontournable de la culture dans la cité et l’économie d’un territoire. Il y aura surtout l’immense besoin de renouer avec le spectacle vivant, le plaisir de se retrouver entre spectateurs et artistes. Des 37 spectacles prévus en juillet 2020, 7 pourront nous être présentés mais il y aura aussi les ateliers de la pensée, l’esprit d’ouverture de France culture, l’accueil des jeunes, la web-radio, les journées professionnelles, les expos, des vies minuscules du festival Viva villa, des rencontres-discussions avec la journaliste Laure Adler.
Au programme
Le conteur burkinabe Etienne Minoungou et le musicien Simon Winse ouvriront cette semaine avec ‘Traces’ discours aux nations africaines de Felwine Sarr, un texte puissant et engagé pour «décoloniser les esprits». Le voyage continuera avec les marionnettes de Yngvild Aspeli dans un «Moby Dick» captivant et traversant la nature autant que l’âme humaine. Le collectif Raoul, Don Quichotte moderne, nous convie à une «Cérémonie» prétexte à suivre les aventures d’un groupe de musiciens passionnés de jazz. La danse ne sera pas oubliée avec la dernière création du grand chorégraphe Israël Galvan et son comparse musicien Nino de Elche «Melizzo Doble», exploration innovante de la culture traditionnelle sévillane dans un corps à voix exceptionnel. Le No, théâtre moderne japonais, évoquera avec «Le tambour de soie» la transmission entre une jeune danseuse et un vieil homme. Les grands textes classiques trouveront leur place avec une Andromaque de Racine revisitée par Gwenaël Morin. Le metteur en scène Jean Bellorini revient pour la deuxième fois à Avignon avec « Le jeu des ombres » de Valere Novarina jeux de langue sur l’Orféo de Monteverdi. Festival ? Rendez-vous ? Arrière ou avant-goût ? Qu’importe ! Ces propositions artistiques sont les bienvenues dans un présent fragile que nous espérions depuis des mois.
Du 23 au 31 octobre 2020. Du mardi au samedi de 14h à 18h30. Plus de 10 000 billets à la vente. Tarif unique 15€. www.festival-avignon.com