Avec deux comédiens qui portent ce long-métrage de Julien Rambaldi : Eye Haidara en nounou qui se dresse contre le mur invisible qui sépare parents et aides à domicile sans papier d’un côté. Et Vidal Arzoni, un petit garçon d’une dizaine d’années, qui vit dans les beaux quartiers et fait tout pour sauver celle qui passe plus de temps avec lui que sa maman biologique (Léa Drucker).
« L’idée de ce scénario est née d’une réalité », explique le réalisateur : « A propos de mon petit garçon et de la jeune femme qui s’occupait de lui. A Paris, on manque cruellement de crèches, du coup on fait appel à des femmes qui passent plus de temps avec notre progéniture que leurs propres enfants. Il avait une relation fusionnelle avec elle, elle était devenue son repère. Une situation qui n’est pas rare : souvent des immigrées ont besoin d’un boulot déclaré pour prétendre à une carte de séjour. Or nombre d’employeurs les paient au black, du coup elles ne peuvent pas faire valoir leurs droits, restent dans l’illégalité, ce qui les fragilise, les rend invisibles ».
Le petit « Arthur » (Vidal Arzoni) dans le film s’impose d’emblée, c’est un surdoué. Il a déjà tourné dans un long métrage (« Pearl »), il a une maturité hors du commun, du bon-sens, il pose plein de questions, observe et comprend tout. Quant à sa nounou, « Angèle » interprétée par Eye Haïdara qu’on avait déjà remarquée dans « Zohra Kung-Fu », c’est une héroïne en mode survie, qui se bat contre l’injustice.
Et le square qui donne son nom au film c’est celui qui existe réellement aux confins de deux mondes, l’Avenue Trudaine dans les beaux quartiers et Pigalle-Barbès. Une frontière symbolique où on a des maghrébines, des africaines, des asiatiques qui poussent des berceaux avec des bébés qui ne sont pas les leurs et habitent dans des appartements luxueux qui ne ressemblent pas à leurs chambres de bonnes, bref, un monde de paradoxes, de contradictions, de dysfonctionnements qui sautent au visage mais que chacun feint de ne pas voir.
Dans la distribution également, l’humoriste-comédien Ahmed Sylla en avocat qui a, lui aussi, le sens de la justice sociale chevillé au corps. Enfin pour clore ce film, la chanson ‘La tendresse’ : « C’est une valeur qu’on a tendance à juger mièvre, or elle me parait essentielle », explique Julien Rambaldi, « Bourvil lui redonne ses lettres de noblesse, ce sont les mots, la manière de les dire, c’est prêter attention à l’autre ». ‘Les femmes du square’ sortent le 16 novembre.
Andrée Brunetti