19 M€, c’est ce qu’a coûté la rénovation de ce bâtiment ouvert en 1847 Place de l’Horloge à Avignon. Ce qu’on y a fait ? La chasse à l’amiante, au plomb, la réhabilitation des façades, de la toiture, la pose du double vitrage, l’étanchéité, la remise aux normes du système électrique, l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite, la machinerie scénique et technique, l’installation d’une pompe à chaleur, de deux ascenseurs, d’une sécurité anti-incendie, de nouveaux fauteuils plus confortables et moins nombreux -950 places au lieu de 1 100- puisque la population a grandi depuis le XIXe siècle.
Au plus fort du chantier, près d’une trentaine d’entreprises de rénovation s’y sont activées, peintres, maçons, staffeurs, plâtriers, électriciens, mosaïstes, plombiers, ferronniers, restaurateurs de fresques, serruriers-métalliers, installateurs de génie climatique et thermique, pendant qu’une salle éphémère, ‘Opéra Confluence’, en Courtine, face à la Gare d’Avignon TGV accueillait les spectateurs pendant 3 saisons consécutives.
La nouvelle saison
Et voici que se profile, après la crise sanitaire, la nouvelle saison 2021-22, intitulée « Contre vents et marées », une métaphore marine utilisée par le directeur de l’opéra, Frédéric Roels, pour rendre hommage à ceux qui ont travaillé dur, lutté depuis le confinement parce que « L’art est plus vivant que l’idée de la maladie et de la mort qui ont envahi notre quotidien. Parce que l’art a cette capacité de résister, d’agir, contre vents et marées » a-t-il insisté, lors de la conférence de presse de présentation de la nouvelle programmation ce jeudi, à l’Hôtel d’Europe.
La programmation
On y verra 88 spectacles : opéra, opérette, concert lyrique, danse, théâtre, musique de chambre, baroque, chanson et 13 spectacles scolaires soit 129 levers de rideau pour la saison qui arrive. Côté opéra, « Peter Grimes » de Britten dès le 15 octobre pour la réouverture, « Madame Butterfly » de Puccini en novembre, « La Somnabula » de Bellini en février, « Idomeneo » de Mozart en mars, « Didon & Enée » de Purcell en avril et « La Dame de pique » de Tchaikovski en avril mise en scène par le directeur du festival d’Avignon, Olivier Py raviront les lyricomanes. Mais aussi, une « Carmen, reine du cirque », le tube de Bizet transformé en opéra participatif, avec le public qui sera invité à chanter la partition.
La danse
Pour la danse, le nouveau directeur du Ballet de l’opéra-théâtre, Emilio Calcagno, venu de chez Angelin Preljocaj, proposera « Storm », une évocation tempétueuse du déluge accentuée par la présence sur scène de gros ventilateurs qui provoqueront des rafales de vent de 90km/h… « Folia » de Mourad Merzouki avec 12 danseurs et 8 musiciens, du baroque répétitif qui devrait déboucher sur une état second ou encore « Tree » de la chorégraphe Carloyn Carlson qui s’inquiète du naufrage de la nature avec pour décor, des toiles abstraites à l’encre de Chine de Gao Xingjian, Prix Nobel de Littérature en 2000 qui avait d’ailleurs exposé ses œuvres picturales au cœur du Palais des Papes. Quant à Jean-Claude Gallotta, il proposera « Le jour se rêve », un retour sur les années 80 et les baies vitrées du studio de Merce Cunnigham à Manhattan qui reflétaient ses espérances d’apprenti chorégraphe.
Eclectisme
L’éclectisme prime pour cette saison 2021-22, avec un hommage à Django Reinnhadt et Stéphane Grapelli le 16 octobre, un concert Renaud Capuçon-David Fray le 7 décembre, « Malher 5 » proposé et dirigé par Débora Waldman, à la tête de l’Orchestre National Avignon-Provence, pour un bijou, la symphonie n°5 de Malher, popularisée par Luchino Visconti dans « Mort à Venise » avec le fameux adagietto le 10 décembre et le 11, Benjamin Biolay sacré « Artiste masculin » de l’année 2021. Enfin, pour les amateurs des « Suites pour violoncelle » de Bäch, Emmanuelle Bertrand jouera l’intégrale de ces 6 œuvres, 3 le 29 janvier, les 3 autres le 30.
Une tête d’affiche avignonnaise
Et pour la semaine d’ouverture en fanfare, la tête d’affiche sera la soprano avignonnaise Julie Fuchs, invitée d’honneur de l’opéra. De grands airs d’opéras signés Mozart, Donizetti, Rossini ou Verdi le 23 octobre constitueront la soirée de gala. Voilà pour les grandes lignes de la programmation mais pour ceux qui rêvent de franchir la porte de ce bâtiment rénové, découvrir ce nouvel écrin du lyrique, avec à l’entrée, un lustre majestueux créé par la designer Sylvie Maréchal, il faudra encore attendre quelques semaines, le temps que tous les artisans qui se sont décarcassés depuis des mois sur ce chantier pharaonique, aient quitté les lieux, fiers du travail accompli.
Contact, programme, billetterie : operagrandavignon.fr 04 90 14 26 40