Le théâtre du Balcon dirigé par Serge Barbuscia propose ‘Antoine et Cléopâtre’ dans le cadre du Fest’Hiver 2020 sur un texte de tragédie historique William Shakespeare par la compagnie Le bruit de la rouille.
Le monde a deux piliers. César régit l’Occident, Antoine l’Orient. Cléo- pâtre, reine d’Égypte, est l’amante d’Antoine. L’univers n’a pas assez de place pour contenir autant d’icônes. Une grande guerre éclate et les dés favorisent César. La chute d’Antoine et de Cléopâtre est fracassante, l’ascension du premier dictateur de l’histoire imminente. Shakespeare ouvre la brèche. Le premier mot de la pièce est ‘Non’. Un Kiai. Un cri de contestation qui résonne comme un besoin bafoué. Où sont les héros ? Ils n’existent plus. L’œuvre de William Shakespeare offre des personnages à la psychologie particulièrement étudiée. Comment rester à la hauteur de sa mission politique tout en restant humain ? Une réflexion sur la limite entre le privé et le public, sur l’ambivalence de l’humain, de ses choix.
La source ? Plutarque
La principale source de William Shakespeare est ‘La vie de Marc Antoine’ par Plutarque, selon la traduction de Thomas North du texte français d’Amyot. Shakespeare suit de près le récit de Plutarque, n’omettant que la campagne d’Antoine contre les Parthes. Après la mort de Jules César, Marc-Antoine hérite d’un tiers du monde romain, dont l’Égypte. Las de la guerre, il tombe sous le charme de Cléopâtre et aurait pu passer la fin de sa vie auprès d’elle si les besoins de l’État et les attaques de son rival Octave César le lui avaient permis. Convoqué à Rome pour une conférence au sommet, il se marie avec la sœur d’Octave.
L’argument
Cléopâtre est furieuse et fait tout son possible pour regagner son amour ce qui enrage à son tour Octave. Il déclare la guerre contre l’Égypte et la faiblesse militaire de Cléopâtre entraîne l’échec de celle-ci. Antoine se suicide et Cléopâtre, plutôt que de souffrir la honte d’un défilé par les rues de Rome, fait de même.
L’amour dans la mort
La pièce est aussi une tragédie amoureuse qui, bien qu’écrite quelque dix années plus tard, fait suite à Roméo et Juliette : le Liebestod (dans l’amour et dans la mort) des amants du Nil fait écho au double suicide des amants de Vérone. Certes les protagonistes sont tous deux des personnages d’âge mûr : à la simple vendetta locale des Capulet et des Montaigu se substitue désormais un conflit politique aux dimensions globales, dont la résolution allait donner naissance à l’Empire ro- main et à la fameuse ‘paix universelle’ du règne d’Auguste.
L’art de la tragédie
Shakespeare offre aux spectateurs une nouvelle sorte de tragédie.Après la faute et la culpabilité ex- plorées dans ‘Hamlet’, ‘Othello’, ‘Le Roi Lear’ et ‘Macbeth’, il s’intéresse ici à de grands défauts et à la honte, en sondant chez Antoine la confusion et l’humiliation d’une conduite inconsidérée et, chez Cléopâtre, les manœuvres souvent infructueuses d’une courtisane. Dans une tragédie sans vraie noirceur, il projette continuellement, par-delà les jugements réitérés contre les personnages principaux, une image, celle de deux êtres humains prodigieusement agrandis. Il dirige toute l’action vers son point culminant, vers la rencontre étrangement enivrante de la noblesse et de la mort.
‘Antoine et Cléopâtre’ sur un texte de William Shakespeare. Compagnie Le bruit de la rouille. Direc- tion d’acteur : Thibault Patain. Mise en scène : Mélaine Catuogno. Avec Alexandre Streicher, Julien Perrier, Vivien Fedele et Mélaine Catuogno. Création lumière : Amandine Richaud. Jeudi 23 jan- vier à 19h et dimanche 26 janvier à 16h. Abonnés 15,50€ et tarif plein 22,50€. Fest’Hiver, festival de théâtre, du 23 janvier au 9 février. Scenesdavignon.com Théâtre du balcon. 38, rue Guillaume Puy. Avignon. 04 90 85 00 80. contact@ theatredubalcon.org