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Vaucluse : les pompiers ont toujours le feu sacré

En juillet 2017, 1 200 hectares de forêt avaient été brulés lors d’un incendie sur les hauteurs de la Bastidonne, dans le Luberon.

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Rencontre avec le contrôleur général Jean-Claude Sammut, patron des pompiers de Vaucluse. L’occasion de dresser le bilan des activités du Sdis 84, moins d’un an après qu’il en ait pris la tête.

Depuis près d’un an, le contrôleur général Jean-Yves Noisette, en poste pendant 14 ans dans le Vaucluse, a quitté le département pour Lyon où il est devenu chef d’état-major de la zone de défense Sud-Est. Lui a succédé en octobre 2019, un Martégal, Jean-Claude Sammut, né en 1962. Ce dernier est désormais à la tête des 51 casernes du territoire vauclusien et d’un effectif de 2 450 membres : 1 800 sapeurs-pompiers volontaires, 520 sapeurs-pompiers professionnels et 130 agents techniques et administratifs.

« Nous avons l’obligation de rationnaliser nos moyens sans pour cela affecter le maillage des secours, c’est la raison pour laquelle d’ici fin 2021, il y aura des regroupements de casernes, Les Dentelles de Montmirail (Gigondas-Vacqueyras-Sablet) Camaret-Sérignan et Althen des Paluds-Entraigues » précise le patron du Sdis 84 (Service départemental d’incendie et de secours).

« 343 caillassages en 10 ans »

L’un des sujets qui préoccupent les pompiers, ce sont les caillassages, les agressions physiques et verbales dont ils sont régulièrement victimes. « On en a dénombré 343 entre 2005 et 2016, c’est intolérable, inadmissible. Avec le Covid-19 et le confinement au printemps, leur nombre a baissé depuis le début de cette année, mais on en dénombre quand même une vingtaine. Chaque fois, nous déposons plainte et grâce au préfet de Vaucluse, Bertrand Gaume, qui a lancé le PPAPSI (Plan de prévention des agressions envers les sapeurs-pompiers en intervention) et aux procureurs de la République d’Avignon et Carpentras qui jouent le jeu, les délinquants sont condamnés à une amende assortie à une peine de prison, pour l’exemple. »

« L’urgence est notre priorité, le reste est une option » clament les pompiers. En 2016, le 15, le 18 et le 112 avaient reçu pas moins de 360 000 appels au secours pour 52 000 interventions, (incendie, secours aux personnes, accidents de la circulation, risques naturels, industriels, protection des biens et de l’environnement), les autres étaient hors champ de leurs compétences. Du coup, certaines interventions sont devenues payantes (destruction de nids d’insectes, capture d’animaux – 140€ -, dégagement dans un ascenseur – 200€ -, transport inter-hospitalier par hélicoptère médicalisé – 750€) et leur nombre est tombé à 48 000 l’an dernier.

« Trop de ‘randonneurs’ qui partent en short et en tongs. »

Avec le succès du tourisme fluvial, le nombre de bateaux de croisières est en constante augmentation. « Même si la crise sanitaire a là aussi un impact en ce moment, nous sommes en liaison avec la CNR (Compagnie nationale du Rhône) pour acquérir un bateau-pompe supplémentaire qui sera sans doute amarré au Quai de la Ligne, à deux pas du Pont Saint-Bénézet à Avignon », explique le contrôleur général Sammut.

Le GRIMP (Groupe de recherche et d’intervention en milieu périlleux) ne chôme pas non plus dans le département. « Nombre de vacanciers partent en randonnée en short, tongs et T-shirt et on est obligé d’envoyer un hélicoptère au-dessus des gorges du Toulourenc pour les récupérer à la nuit tombée… Il serait plus sage d’être équipé de chaussures adaptées, de vêtements chauds et d’un téléphone portable pour qu’on les géolocalise » conseille-t-il.

« S’adapter aux évolutions techniques. »

Pour faire face aux risques dans les entrepôts, les sites classés ‘Seveso’, les usines chimiques ou bien encore les toitures recouvertes de panneaux photovoltaïques, les pompiers renouvellent leur équipement et leur parc de camions-citernes anti-incendie. Casques, gants, bouteilles d’oxygène, masques, chaussures de sécurité, tenue ignifugée…

« Nous avons un parc de près de 700 véhicules, 73 de secours à personnes, 97 citernes pour les feux de forêt, 35 engins pour les incendies urbains, 50 embarcations en cas d’inondations, et 9 échelles pivotantes automatiques ainsi qu’un bras élévateur articulé, auxquels s’ajoutent 10 motopompes. Une échelle qui grimpe à 32 mètres coûte quand même 600 000 €. Un camion-citerne d’alimentation de 3 essieux qui contient 11 000 litres d’eau est facturé 360 000 €. Mais heureusement, nous sommes épaulés financièrement (75M€ dont 62% par le Conseil départemental et 38% par les communes et les EPCI (Etablissements publics de coopération intercommunale). Et même si nous n’avons pas de centrale nucléaire sur le territoire de Vaucluse nous sommes au cœur d’un triangle entre Cadarache, Marcoule et Tricastin. Nous pouvons donc être appelés en renfort par nos voisins drômois ou gardois » précise Jean-Claude Sammut.

« Un risque incendie toujours aussi important dans les massifs du département. »

Avec la sècheresse, le mistral et les épisodes caniculaires que nous vivons en ce moment les sapeurs-pompiers de Vaucluse appellent au respect des consignes de sécurité. « Pas de cigarettes en forêt et de jets de mégots par la fenêtre de la voiture, pas de barbecues aux abords de la végétation. Nous sommes tous mobilisés pour vous protéger, mais merci à vous de nous protéger à votre tour en adoptant les bons réflexes pour préserver les biens, les personnes et l’environnement » demande le contrôleur général vauclusien.

‘Sauver ou périr’ est le titre d’un film poignant de 2018 avec Pierre Niney emprunté à la devise des sapeurs-pompiers de Paris. Celle de tous les pompiers de France, donc de Vaucluse, est ‘Courage et dévouement’, un don de soi qui incarne la noblesse, la générosité et la grandeur qu’il y a à porter secours et assistance à tous ceux qui sont en péril.

 

Le contrôleur général Jean-Claude Sammut.

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