Par rapport aux élections législatives de 2022, le RN gagne la 5e circonscription qui lui manquait. Cependant, dans le même temps le parti lepéniste perd la 1re circonscription qui place en tête l’antifa LFI Raphaël Arnault empêchant ainsi le RN de faire le grand chelem dans le département. Pour ce second tour, le Vaucluse reste cependant largement une terre RN avec 143 574 voix (56,36%) face au Nouveau Front de Populaire (100 198 voix et 43,02% des suffrages).
Contrairement au Gard où le parti lepéniste a raflé la mise en enlevant la totalité des 6 sièges de députés du département, le Vaucluse en conserve 4 sur 5. Déjà, la semaine dernière dans la 3e circonscription, Hervé de Lépinau avait été réélu dès le 1er tour (53,51% des suffrages). Dans sa permanence de Carpentras, hier soir la déception des militants se lisait sur tous les visages. « Le Vaucluse a relevé la tête, mais ailleurs, les magouilles LFI-Macron ont joué à fond. Ce qui est sûr, c’est qu’à la prochaine élection, on va cartonner » a averti le député.
Dans la 2e circonscription, Bénédicte Auzanot a été réélue avec 56,92% des voix face à Patrick Blanes pour l’Union de la Gauche (43,08%). Par ailleurs, dans la 4e, Marie- France Lorho avait pour sa part failli être réélue au soir du 1er tour à une soixantaine de voix près. Finalement, le RN est repassé haut la main (65,43%) face à Monia Galvez (34,57%). Enfin, dans la 5e délaissée par le sortant Jean-François Lovisolo au soir des Européennes, c’est la RN Catherine Rimbert qui s’est imposée avec 55,39% contre 44,61% pour Céline Celce.
La 1re au centre de toutes les attentions
La 1re circonscription (Avignon-Morières-Le Pontet) où, dans le passé ont été élus les socialistes Henri Duffaut, Dominique Taddéi, Guy Ravier, Elisabeth Guigou, Cécile Helle et Michèle Fournier-Armand, voit l’élection du controversé Raphaël Arnault qui est passé avec 54,98% des voix face à la frontiste Catherine Jaouen (45,02%).
Dans cette circonscription, c’est Avignon qui a fait la différence pour le Nouveau front populaire avec 18 863 voix pour Raphaël Arnault (60,44%) contre 12 346 pour la sortante RN Catherine Jaouen (39,56%) qui, en revanche est arrivée en tête à Morières (65,92%) et au Pontet (58,47%).
« Avec moi, l’anti-fascisme entre à l’Assemblée Nationale. »
Raphaël Arnault, nouveau député de la 1re circonscription de Vaucluse
« Nous, les militants de terrain, on a subi une violence folle de l’extrême droite sur le terrain, a déclaré le vainqueur venu célébrer son succès sous les fenêtres de la mairie de la cité des papes. Avec moi, l’anti-fascisme entre à l’Assemblée Nationale. Malgré l’acharnement des medias contre nous, les fake news, on a contrecarré le RN. Le dissident Philippe Pascal nous a soutenus dès le soir du 1er tour, on a fait du porte à porte, les marchés et ça a payé. C’est une victoire de toutes les forces de gauche, des militants de tous âges. Il faut résister. Hier soir, une manifestation spontanée a eu lieu devant la Mairie. Les gens étaient soulagés, les LGBT, les bi-nationaux, les musulmans, les républicains, les juifs, le peuple de gauche ». D’ailleurs Cécile Helle, la maire d’Avignon qui avait soutenu une liste dissidente au premier tour, l’a souligné : « Avignon n’a pas failli, la dynamique collective du NFP a fonctionné à plein ».
« Le grand chelem pour le RN, ce sera la prochaine fois. »
Thierry d’Aigremont, secrétaire départemental RN du Vaucluse
Autre son de cloche du côté du référent du RN en Vaucluse, Thierry d’Aigremont. Après ce ‘retournement national’ qu’aucun sondeur ni commentateur n’avait vu venir, le secrétaire départemental lepéniste reconnaît « un défaite cinglante » de son camp. Mails il insiste : « Un ‘fiché S au Palais Bourbon, c’est une atteinte à la sûreté de l’Etat. Nous ne lâcherons pas. La France va être ingouvernable. Le grand chelem pour le RN, ce sera la prochaine fois. »
Le RN reçu 4 sur 5 en Vaucluse
Plus en détail, dans la 2e circonscription, la sortante lepéniste Bénédicte Auzanot a réalisé de hauts scores à Caumont (62,71%), au Thor (58,37%), à Cavaillon (58,21%) et à l’Isle-sur-la-Sorgue (54,96%). Son opposant Patrick Blanes, fataliste l’a reconnu, « Vous ne pouvez pas changer la décision des électeurs ».
Pour sa part, Marie-France Lorho a été confortée dans la 4e avec 75% des voix à Piolenc contre 25% pour Monia Galvez (NFP), 79,93% à Lamotte-du-Rhône, 71,64% à Châteauneuf-du-Pape, 71,36% à Uchaux, 71,26 à Jonquières, 66,61% à Sérignan, 65,92% à Orange, 65,71% à Beaumes-de-Venise. Elle dénonce : « Tous ces retraits, ces désistements, c’est une mascarade, on se fout des Français, on nous fait prendre les vessies pour des lanternes. Je m’inquiète pour le fonctionnement de l’hémicycle, on a déjà vu ce que ça donnait avec la NUPES dans la précédente législature. Au bout de quelques semaines, c’est le NFP qui va éclater en mille morceaux. Mais heureusement, chez nous, un nouvel élan est né ».
Enfin dans la 5e circonscription où l’ancien secrétaire fédéral du PS vauclusien et député sortant macroniste Jean-François Lovisolo ne s’est pas représenté, c’est la RN Catherine Rimbert, conseillère régionale qui l’a emporté dans un duel avec Céline Calce (55,4% contre 44,6%).
« Ce n’était pas facile dans ce bastion, mais heureusement les électeurs ne se sont pas laissé infantiliser par les consignes de vote. Et je serai la représentante de tous les Vauclusiens à l’Assemblée ». Elle a totalisé 66,67% des voix à Violès, 65,54% à Sarrians, 64,90% à Aubignan, 64,78% à Gargas. En revanche Céline Celce réalise un excellent score dans l’un des plus petits villages de Vaucluse, Auribeau 81,25% avec 39 voix contre 18,75% et 9 voix pour la nouvelle élue RN.
Au final, la participation en Vaucluse pour ce second tour est de 67,14%. Globalement, le RN s’impose avec 143 574 voix (56,36%) face au Nouveau front populaire (100 198 voix et 43,02% des suffrages). Soit 43 376 votes de plus.
Un seul point commun : la détestation du Président de la République
Maintenant que le second tour est passé, on attend toujours la clarification. Rien n’est réglé puisqu’aucun des 3 blocs n’a de majorité. Et les questions qui se posent sont innombrables. Et maintenant quelle majorité ? Qui à Matignon ? Pour quoi faire ? Les analystes y vont de leurs commentaires et se désolent. Après ces alliances contre nature, quel gâchis. Que de fractures entre français. Une coalition de bric et de broc, un président dont le parti est arrivé derrière le NFP et devant le RN, coincé entre les extrêmes qui n’ont qu’un point commun, la détestation du Président de la République. La gauche fait un carton, l’ex-majorité présidentielle fait ses cartons. Remontada de la gauche, étiolement du macronisme.
Il est vrai que l’ampleur des désistements a notoirement modifié la physionomie du scrutin entre les 2 tours. Le RN qui était donné vainqueur, aux portes du pouvoir, se retrouve 3e en raison du Front républicain. Entre les Français lepénistes qui sont frustrés à cause du tir de barrage anti-RN, ceux qui ont suivi les consignes et voté pour un candidat qui ne représentait pas leur sensibilité politique, ceux qui n’ont pas envie d’une majorité de gauche avec LFI, la France sera encore moins gouvernable qu’avant la dissolution-surprise…
A l’heure qu’il est, l’Union de la Gauche disposerait, selon le Ministère de l’Intérieur, de 182 sièges, Ensemble de 168 (alors qu’Emmanuel Macron bénéficiait d’un confortable matelas de 245 députés), le RN de 143 (lui qui n’en avait que 6 en 2012 et 89 avant la dissolution).
Un calendrier chargé pour le maître des horloges
Le calendrier de la semaine qui s’ouvre est plutôt chargé : déplacement dès demain du Président Macron à Washington pour les 75 ans de l’OTAN, retour à l’Elysée le 11, puis défilé du 14 juillet. La 1ère séance de l’Assemblée Nationale est prévue le 18 juillet, avec l’élection du ou de la présidente, des vice-présidents, des présidents des 8 commissions dont celle des Finances, des questeurs, des présidents de groupes (15 élus au moins pour en constituer un) et enfin la Cérémonie des Jeux Olympiques sur la Seine le 26 juillet.
On se souvient que lorsque Gérard Collomb avait démissionné après notamment l’affaire Benalla le 3 octobre 2018, il avait fallu 13 jours à Emmanuel Macron, maître des horloges, pour nommer Christophe Castaner au Ministère de l’Intérieur.