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Université d’Avignon : « la fracture numérique vient exclure ceux qui étaient déjà exclus »

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Mardi 16 mars, les étudiants de la Licence 3 AES (administration économique et sociale) ont organisé la restitution collective de leur enquête sociologique sur le thème de la fracture numérique.

Ils sont 70 étudiants à avoir travaillé sur cette enquête, réalisée dans le cadre de leur formation. Durant plusieurs mois, ils ont effectué une série d’entretiens semi-directifs auprès d’individus en fracture numérique, c’est-à-dire auprès de celles et ceux qui n’ont pas accès aux technologies numériques ou qui rencontrent des difficultés d’utilisation. Au total, 130 enquêtés ont répondu à leurs questions. Hier, les étudiants en dernière année de Licence ont présenté durant plus d’une heure les résultats de leur enquête, devant leurs camarades et professeurs encadrants.

Une illusion d’opportunité pour tous

Le premier résultat obtenu par les étudiants concerne l’impact du numérique sur l’intégration sociale. Selon eux, les personnes loin des technologies numériques ou rencontrant des difficultés d’utilisation sont des personnes en difficulté sociale. Ainsi, au lieu de créer une nouvelle opportunité, le numérique représente pour eux une nouvelle barrière qui renforce les inégalités sociales : incapacité à effectuer certaines démarches administratives, à créer un cv, à garder le contact, etc.

« Le numérique partout ça me stresse, c’est trop de choses à penser, même pour les choses qui étaient simples avant »

Clémentine, 59 ans.

« Je me suis renseigné un peu au début pour savoir ce que c’était et puis je me suis dit : Oula c’est trop compliqué, je n’en ai pas besoin et je n’en ai pas eu envie »

Bernadette, 96 ans.

Les étudiants ont observé que les parmi leurs enquêtés, plus de 50% de celles et ceux en fracture sociale n’ont pas de diplôme ou ont un niveau bac. Outre le niveau d’étude et la catégorie socio-professionnelle, la langue, l’âge et le niveau de revenu sont également des barrières à l’utilisation des nouvelles technologies.

« J’aurais aimé avoir les moyens de pouvoir donner la possibilité à mes enfants de faire comme les copains en ayant des téléphones récents et de pouvoir moi aussi avoir la possibilité d’en avoir, pour parler avec eux »

Nour, 37 ans.

Des stratégies d’adaptation

Face à leurs difficultés, les « exclus du numérique » s’adaptent notamment en demandant de l’aide, ce qui crée pour eux une dépendance aux autres, mais peut également faire ressentir un sentiment de honte, de peur ou de gêne. Ils peuvent demander de l’aide à un tiers de confiance informel, comme un membre de leur famille, un ami, un proche ou à des structures formelles publiques et privées, comme France Service, lieu très fréquenté par les personnes en fracture numérique.

« Le seul truc qui me dérange avec le numérique c’est de devoir embêter mes filles pour me le faire »

Michel, 73 ans.

« Je vais chercher les renseignements dans les organismes concernés [en parlant de la CAF] »

Lina, 55 ans.

« J’ai fait appel à un formateur pour apprendre à utiliser mon ordinateur. C’était une formation une fois par semaine pendant plusieurs semaines, il y a une dizaine d’années, c’est lui qui venait chez moi »

Suzanne, 77 ans

Face à ces résultats, les étudiants de l’université d’Avignon concluent qu’il faut promouvoir l’inclusion numérique en mettant en place des mesures forte pour réduire la fracture numérique. Fracture qui crée un sentiment de peur chez beaucoup d’interviewés et qui exclut « ceux qui étaient déjà exclus ».

FRACTURE-NUMÉRIQUE

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J.R.

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