Mickaël Vallet, sénateur socialiste de Charente-Maritime, dénonçait, récemment, l’utilisation démesurée de l’anglais et, pire du pire, du globish, (version très simplifiée de l’anglais), notamment par les cabinets de conseil sollicités par l’Etat. Un jargon de « sachants » qui en définitive pourrait bien sonner plus creux qu’il n’y parait.
Meeting, call, feed-back, slides, brainstorming, start-up nation, tous ces anglicismes sont aujourd’hui incontournables pour tous ceux qui se veulent « up-to-date », pardon « dans leur temps ». Un galimatias (ou charabia si vous préférez) qui, de l’avis du sénateur, est un nouveau conformisme conduisant à un formatage et un appauvrissement de la pensée. Plus le langage s’appauvrit plus la pensée s’appauvrit. Le peu fréquentable Joseph Goebbels disait : « Nous ne voulons pas convaincre les gens de nos idées, nous voulons réduire le vocabulaire de telle façon qu’ils ne puissent plus exprimer que nos idées »*. Alors soyons plus que jamais vigilant.
La pauvreté du langage peut aussi être synonyme d’exclusion
Le langage ne sert pas uniquement à communiquer. Il est parlant et peut en dire beaucoup sur qui nous sommes. Dans un rapport remis au ministre de l’éducation nationale en 2007, le linguiste Alain Bentolila affirmait que : « à la fin du CE1 les enfants au vocabulaire le plus pauvre connaissent en moyenne 3000 mots. Ceux moyennement pourvus atteignent 6000, et le quartile supérieur à peu près 8000. » Inutile de préciser que le niveau de vocabulaire est directement dépendant des milieux sociaux dont sont issus les enfants. Des inégalités que notre système scolaire n’a malheureusement pas réussi à corriger. Pire cette pauvreté du langage peut aussi être synonyme d’exclusion.
Une langue figée est une langue finie
Bien sûr il ne s’agit pas de revenir à la marine à voile ou à l’utilisation inconsidérée du plus-que-parfait du subjonctif. Une langue doit savoir évoluer et s’adapter, fût-elle ancienne. Une langue figée est en définitive une langue finie. Mais il y a des usages dont il faut se méfier. Le fait n’est pas totalement nouveau, déjà, en son temps Molière se raillait des pseudos savants qui utilisaient un langage abscons, pédant, voire méprisant.
Parfois, ces mots qui sonnent bien à l’oreille résonnent le creux ou le pas grand-chose.
Ce globish a été importé par les firmes anglo-saxonnes et plus particulièrement par les cabinets de conseils d’outre-Atlantique. Vous savez ceux qui nous coûtent un pognon de dingue !
Comme le dit très justement le sénateur Vallet à propos des administrations : « quand on est payé par le contribuable, on le sert dans sa langue. Ca vaut pour l’administration comme pour ses dirigeants et ses prestataires ». Et pan sur le bec.
Ici en Provence, le langage oral (avec ou sans accent) reste primordial. Peuchère !
Si au français s’y ajoute les expressions provençales l’étendue du vocabulaire des habitants du cru est sans aucun doute bien supérieure à la moyenne nationale. Et on ne tient pas compte des interjections. Oh côquiiin… Le local : encore une bonne raison d’espérer…