À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai, l’ONG Reporters sans frontières (RSF) a publié son dernier rapport concernant l’état de la liberté de la presse dans le monde. La majorité des personnes interrogées dans les deux tiers des pays étudiés (118 pays sur 180) ont affirmé que les acteurs politiques de leur pays étaient « souvent ou systématiquement impliqués dans des campagnes massives de désinformation ou de propagande ». Parallèlement, RSF constate que le développement de l’intelligence artificielle bouleverse le secteur déjà fragile des médias.
Comme le montre notre graphique, 31 pays ont été classés dans la pire catégorie de l’indice – la situation de la presse y est jugée « très préoccupante ». 42 pays se trouvent dans une situation « difficile » et 55 « problématique », tandis que 52 pays présentent une situation « satisfaisante » ou « favorable ».
Depuis des années, la Norvège est considérée comme un exemple positif en matière de liberté de la presse. Alors que les conditions offertes aux journalistes sont déjà exemplaires dans ce pays, le gouvernement a également créé une commission chargée d’empêcher la propagation de fake news et de discours haineux sur Internet.
Parmi les pays où la liberté de la presse est la plus restreinte, on trouve surtout des pays asiatiques comme l’Iran, le Vietnam et la Chine, où le plus grand nombre de professionnels de l’information sont emprisonnés en raison de leur travail dans le monde. La dernière place du classement est toujours occupée par la Corée du Nord, où la presse est de fait intégralement détenue et contrôlée par le gouvernement.
Selon les chercheurs de l’ONG, c’est surtout le « chaos informationnel » et la désinformation qui exercent une influence négative sur la liberté de la presse dans le monde – l’espace d’information en ligne mondialisé et non réglementé favorisant la propagation des fake news et des actions de propagande. Même les démocraties ne seraient pas protégées contre la menace de la désinformation. Selon le rapport, les acteurs politiques d’au moins 118 des 180 pays étudiés ont été directement impliqués dans des campagnes de désinformation.
Ce phénomène a également été observé durant l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, avec une guerre de propagande qui a précédé le conflit armé. Sur le sol européen, la hausse des tensions sociales et politiques semble également alimentée par les réseaux sociaux et les nouveaux médias d’opinion, notamment en France, où les partis d’extrême droite bénéficient d’une exposition croissante et où la population semble de plus en plus polarisée politiquement.
De Claire Villiers pour Statista
Les pays qui emprisonnent le plus de journalistes
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) publie chaque année un rapport sur le nombre de journalistes détenus en prison en raison de leur profession dans le monde. D’après l’association, 363 journalistes étaient derrière les barreaux en décembre 2022. Un nouveau record, après en avoir dénombré un peu plus de 300 à la fin de l’année 2021.
L’année dernière, les cinq pays qui emprisonnaient le plus de journalistes étaient l’Iran, la Chine, le Myanmar, la Turquie et la Biélorussie. Comme le décrit le CPJ, « les efforts de plus en plus oppressifs des gouvernements autoritaires pour étouffer la presse s’expliquent par la volonté de contenir le mécontentement qui gronde dans un monde perturbé par le Covid-19 et les retombées de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine ».
En Iran, des dizaines de journalistes figurent parmi les quelque 14 000 Iraniens arrêtés lors de la répression des manifestations déclenchée par la mort en garde à vue de Mahsa Amini, une étudiante de 22 ans arrêtée en septembre 2022 pour avoir prétendument enfreint la loi iranienne sur le hijab.
En Chine, les autorités ont renforcé la censure numérique lors des manifestations contre la politique zéro-Covid qui se sont déroulées l’année dernière, et plusieurs journalistes auraient été détenus alors qu’ils couvraient les manifestations.
Quant au Myanmar, après la survenue du coup d’État militaire en 2021, ce pays a été propulsé au deuxième rang mondial des pires pays en matière d’emprisonnements de journalistes. Le nombre de journalistes emprisonnés au Myanmar est passé à au moins 42 en décembre 2022 (contre 30 l’année précédente).
De Tristan Gaudiaut pour Statista