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Marseille-Provence, un air neuf

© Foster

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L’impact sur l’environnement, au sens le plus large, est devenu la clé du développement aéro- portuaire. Prévoyant un accrois- sement du trafic de 20% d’ici 2025, Marseille-Provence veut pérenniser ses activités avec de nouvelles idées pour être recon- nu comme un acteur durable au service du territoire.

 

Les aéroports n’ont pas toujours cherché à concilier croissance et développement durable. Cela se faisait naturelle- ment, grâce aux compagnies. La démocratisation du transport aérien a permis de mieux remplir des avions de plus en plus gros. « En 20 ans, le trafic de notre plateforme a cru de 50% tandis que le nombre de mouvements d’avions a diminué de 3% », rappelle Julien Boullay, directeur commercial et marketing. Mais en franchissant le cap symbolique des 10 millions de passagers en 2019, l’aéroport Marseille-Provence (AMP), en plein renouveau, est entré dans le club des aéroports régionaux européens. La croissance du trafic (8%) en 2019 – deux fois celle de Nice – est toujours large- ment tirée par les liaisons internationales : plus de 6 passagers sur 10 ont voyagé sur des liaisons sortant de France. L’aéroport joue main- tenant son rôle de porte d’entrée sur la Provence pour 33 pays. Les comptes n’ont sans doute jamais été si florissants. La marge brute de l’activité (158M€) atteint 10%. Et les investissements réalisés en 2019 et prévus pour 2020, totaliseront 100 M€.

Pour l’économie locale, l’aéroport est devenu un poids lourd qui fait travailler près de 10 000 personnes et contribue à hauteur de 720M€ au PIB régional. Par conséquent, « la réduction de son empreinte environnementale et territoriale est aujourd’hui un enjeu prioritaire ».

 

■ Neutralité carbone en 2022 Comment se concrétise cet engagement ?

Airport carbon accreditation (ACA) est une certification du Conseil international des aéroports. Elle vise l’engagement collectif de la communauté aéroportuaire pour réduire les émissions de CO2 avec comme objectif final la neutralité carbone des activités liées à l’ensemble du fonctionnement de chaque plateforme, à l’exception des opérations spécifiques de décollage et d’atterrissage.

« Notre aéroport a réussi à diminuer de 25% ses émissions de CO2 entre 2013 et 2017 », explique Philippe Bernand, président du directoire. En 2019, nous avons reçu la certification ACA de niveau 3 qui reconnaît la démarche d’optimisation engagée par chacun des acteurs ». Les émissions de chacun d’entre eux sont comptabilisées : compagnies aériennes (circulation des avions au sol), activités d’escale, sociétés d’avitaillement, contrôle aérien, transports en commun ou encore déplacements véhiculés des salariés et passagers.

« Notre ambition est d’aller vers la neutralité carbone. Toutes les émissions carboniques de l’aéro- port seront compensées en 2022 ». Pas de quoi coller un sourire sur ‘l’épouvantail’ Thunberg mais il y a du progrès.

“Une porte d’entrée sur la Provence.“

Ainsi, par exemple, du recours moins fréquent aux moteurs auxiliaires utilisés pendant les escales, puisque tous les appareils au contact sont reliés à des alimentations électriques. L’aéroport a également signé un contrat de fourniture 100% énergie verte. Il produira 10% de sa consommation électrique au moyen d’une centrale photovoltaïque alimentée par les ombrières des nouveaux parkings (3 200 places) qui entreront en service entre 2021 et 2023. Dans 18 mois, une nouvelle centrale thermo-frigorifique (10M€) permettra de récupérer et d’économiser les énergies primaires, réduisant de 50% les adductions en eau, de 40% les émissions de CO2 et de 30% la consommation électrique. Tous les collaborateurs seront regroupés dans un même site basse consommation (14 M€) en 2021.

 

■ Innover pour être moins fragile

« Tous les projets incluent un enjeu de développement durable », main- tenant qu’il s’agit de devenir une « référence parmi les aéroports régionaux européens pour la qualité de service et l’excellence opérationnelle ». La capacité d’innover est au centre de la stratégie aéroportuaire. Ainsi, la plateforme marseillaise continue-t-elle de se rapprocher de son objectif d’offrir le meilleur maillage territorial en matière de trans- port collectif de toutes les régions françaises. La part modale des trans- ports en commun devrait passer de 18 à 25% en 2025. Avignon propose actuellement une desserte de 23 allers-retours par jour.

Mais comment en faire un peu plus ? Si un aéroport, en droit, ne peut refuser l’installation d’une compagnie, il est possible « d’encourager la vertu », selon Julien Boullay. En tout cas, « on se pose la question de la pertinence d’une ligne et de l’avion mis en place pour la desserte ». Les plus bruyants ont déjà été écartés du service de la plateforme. Et rien n’interdit d’adapter les tarifs aéroportuaires en fonction de l’impact environne- mental des projets des compagnies. Pas à l’ordre du jour, mais la direction communique volontiers sur la liaison au ‘hub’ africain d’Addis- Abeba (60 destinations), opérée par un Boeing 787 ‘Dreamliner’ qui consomme 20% de carburant de moins que les appareils de génération précédente.

Pour l’été 2020, 17 nouvelles lignes sont annoncées par rapport à l’été 2019 : Alghero, Antalya, Athènes, Castellon, Catane, Copenhague, Dakar, Dublin, Essaouira, Koutaïs- si, La Canée, Londres Southend (le cinquième aéroport londonien), Milan-Bergame, Olbia, Sofia, Tel Aviv et Vienne. Ce sont 124 destinations et 158 lignes régulières qui sont prévues à ce jour pour l’année 2020.

 

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