Le 30 octobre dernier des librairies avignonnaises dont l’Eau vive, la Comédie humaine et la Crognote rieuse proposaient quelques livres à la vente devant la Fnac de la rue de la République. Objet du mécontentement ? Le 2e confinement ordonnant la fermeture des petits commerces non essentiels que le rayon culture de la Fnac était, alors, encore ouvert.
«Je pensais être confiné tout le mois de novembre et m’apprêtais à faire du ‘drive’ lorsque j’ai constaté que la Fnac ouvrait et que son 1er étage, dédié aux ouvrages, dvd et jeux de société était ouvert alors que je vends, ainsi que les libraires d’Avignon, également ce type d’objets, s’insurgeait Cyril Dewavrin, gérant de la Comédie humaine située rue Vieux Sextier à Avignon et installé depuis février 2018. En clair, aujourd’hui, pour acheter un livre, dans toute la France, il faut passer par la Fnac, Amazon ou par la grande distribution. Il est inadmissible de dire à nos clients ‘passez par eux et plus par nous’ pendant que nous sommes confinés, que nous nous battons toute l’année contre ces concurrents. Nous avons alors décidé d’ouvrir une journée, même en risquant la fermeture administrative. Nous sommes dans un pays porté par la liberté d’expression et la culture et les libraires indépendants sont ceux qui y contribuent le plus parmi les vendeurs de livres. Fermer les librairies est une bêtise, une erreur. Il y a rarement plus de 3, 4 personnes en même temps dans nos espaces, surtout en temps de confinement ou peu de gens sont dans les rues, d’autant que nous prenons toutes les précautions sanitaires nécessaires. On ne peut pas contribuer à tuer toutes les librairies indépendantes de France et favoriser la grande distribution et les plateformes de vente à distance, c’est fou ! Nous sommes privés de travailler quand d’autres peuvent le faire alors qu’ils ne sont pas dans la même situation que nous. Nous voulons rouvrir au plus vite et être au moins sur le même pied d’égalité entre les vendeurs de livre et les librairies.»
«On veut dire qu’il faut ouvrir nos librairies, poursuit Eric Dumas gérant de la Crognote rieuse, rue Bonneterie à Avignon et de Lettres vives à Tarascon. Si le livre est un bien de 1ère nécessité, on doit pouvoir le vendre partout et, a fortiori, dans les librairies. On a besoin de pouvoir réfléchir : la situation est compliquée pour tout le monde d’un point de vue économique, politique et écologique. Ces interrogations sont encore plus fortes lorsque l’on est confiné chez soi. On doit aussi pouvoir se divertir, rigoler, éduquer ses enfants, partager avec les grands-parents et petits-enfants, et le livre apporte tout cela car il se partage. Nous devons pouvoir vendre nos livres quand d’autres le font. »
«Nous nous sentons démunis face à cette situation de fermeture de nos librairies pendant le confinement, déplore Dominique Bastide, de la librairie l’Eau vive. Les ventes du mois de novembre représentent un enjeu considérable car c’est Noël que l’on prépare, particulièrement en ce qui concerne les librairies jeunesse alors nous avons remis en place le click en collect.»
Pour l’heure les ventes se font depuis les sites internet, et les courriels. Infos sur les pages facebook.
librairiecrognoterieuse@gmail.com ; librairie-eauvive@outlook.com ; comediehumainelibrairie@gmail.com.
Désormais les rayons Culture des grandes surfaces sont fermés au profit des Gafa (Google, Amazon, Facebook, Apple)