Face à l’urgence climatique et à l’envolée des prix de l’énergie, de plus en plus de citoyens s’unissent pour devenir leur propre producteur d’électricité. En Provence, les initiatives sont nombreuses. Beaucoup y réfléchissent et plusieurs projets ont déjà vu le jour. À Mérindol, petit village du Luberon, sous l’impulsion de la mairie, un projet de coopérative citoyenne est en gestation. Loin d’être des exceptions ces projets illustrent la volonté des territoires de reprendre la main. Sommes-nous à l’aube d’un changement de modèle ?
Centralisation à tous les étages. Politique, économie, réseaux routiers, chemin de fer… dans notre beau pays tout est centralisé et remonte vers le haut. Seules les décisions redescendent ! La production d’énergie n’y échappe pas. À la fin de la deuxième guerre mondiale il fallait reconstruire et rapidement. En 1946, la production et la commercialisation de l’électricité a été nationalisée, et un réseau interconnecté a été mis en place.
Une telle infrastructure permet d’ajuster au mieux la production à la demande, et cela à l’échelle du pays. Ainsi, en région PACA, il faut savoir qu’on produit moins de la moitié de ce que l’on consomme. Vous l’aurez compris le réseau est essentiel et ne saurait être remis en question, mais néanmoins il existe aussi une place pour une production décentralisée. Une alternative en quelque sorte. Certes, elle est loin d’être en capacité de couvrir tous les besoins mais elle peut jouer un rôle important. A minima, celui de redonner aux territoires quelques pouvoirs et d’avantage d’autonomie. Et en cela la production d’énergie en devient un symbole fort.
La proximité et le local sont aujourd’hui des valeurs montantes
Hier raillés, la proximité et le local sont, aujourd’hui, des valeurs montantes. Face à une bureaucratie envahissante, une déshumanisation des services exaspérante, face à l’inflation des procédures, des normes… on ne s’y retrouve plus. Tout devient compliqué, long et parfois insupportable. N’attendant plus grand-chose de ces administrations et de ces organisations pyramidales la contre-attaque s’organise. Partout dans les territoires des projets, des initiatives tentent de renverser la table et de faire autrement. La crise du Covid a accéléré le phénomène. Face aux manquements de l’État centralisé nombre de territoires ont pris en charge les choses. Vous vous souvenez… les masques ?
Contre le tropisme jacobin : la révolte des terroirs
Au travers de tous ces projets citoyens, il faut y voir l’émergence d’un mouvement de fond, l’expression d’une aspiration profonde, celle de redonner aux « gens » une place centrale. Celle de pouvoir décider eux-mêmes sur des sujets qui les concernent directement. C’est l’idée que « les sachants d’en haut » ne peuvent pas tout décider et en particulier ce qui est bon ou pas pour vous. On met ici le doigt sur une question essentielle : celle du partage du pouvoir. Je me risque à croire que si dans le pays de la démocratie et des droits de l’homme il était mieux partagé les choses iraient sans aucun doute beaucoup mieux.