L’ombre de « Big Brother » est arrivé aux portes de l’Union européenne. C’est l’inquiétude relayée par le quotidien espagnol El País, qui rapporte le déploiement à Belgrade d’un système de surveillance constitué d’un millier de caméras couplées à un logiciel de reconnaissance faciale et développés par le géant chinois Huawei. En Europe, l’UE souhaite bannir l’utilisation de la reconnaissance faciale, même si plusieurs tests ont déjà été mis à l’œuvre ou prévus dans une dizaine de pays (dont la France). Toutefois et jusqu’à présent, rien n’indiquait que des autorités avaient choisi d’utiliser des logiciels et des équipements en provenance de Chine, pays dans lequel cette technologie est l’un des piliers du système de contrôle social mis en place par le régime.
Les métropoles chinoises sont les championnes mondiales de la vidéosurveillance, avec une densité de plusieurs centaines (voir milliers) de caméras au kilomètre carré. Plus proche de chez nous, les autorités britanniques sont également très friandes de cette technologie. Comme le révèlent les données de Comparitech, Londres affiche une densité d’équipements comparable à celle des grandes villes chinoises, soit actuellement 440 caméras par km2. Le Royaume-Uni est aussi un pionnier de la reconnaissance faciale, qui était déjà utilisée dans certaines régions, mais une décision de justice a néanmoins jugée son utilisation par la police illégale l’été dernier.
Ailleurs en Europe, les villes russes figurent également parmi les mieux équipées en caméras. On en trouve par exemple 81 au kilomètre carré à Moscou et 39 à Saint-Pétersbourg. Comme le montre notre graphique, ce genre de dispositif est beaucoup moins développé chez nos voisins espagnols et italiens (4 caméras par km2 à Madrid et seulement 1 à Rome). À Paris, la densité se situe actuellement à 15 équipements au kilomètre carré. Comme le révélait une étude publiée l’année dernière, la ville française qui compte (et de loin) la plus grande densité de caméras de surveillance est Nice, où le maire, Christian Estrosi, est notamment un fervent défenseur de la reconnaissance faciale. À ce jour, l’efficacité de la vidéosurveillance reste discutée.
De Tristan Gaudiaut pour Statista