En France, selon les chiffres les plus récents de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), 6,8 millions (13 %) de personnes de 15 ans ou plus vivant à leur domicile déclaraient en 2021 « avoir au moins une limitation sévère dans une fonction physique, sensorielle ou cognitive » et 3,4 millions (6 %) disaient « être fortement restreintes dans des activités habituelles, en raison d’un problème de santé ». S’y ajoutent plus de 140 000 personnes de 16 ans ou plus hébergées en établissement spécialisé dans la prise en charge du handicap. En outre, 15 % des personnes reconnues handicapées le sont de naissance ou avant leur 16 ans, ce qui signifie que 85 % des handicaps surviennent au cours de la vie.
Si les personnes en situation de handicap font face à des difficultés d’accès à l’emploi ou aux infrastructures publiques, une étude récente réalisée par l’Ifop permet également de lever le voile sur un phénomène particulièrement alarmant : la surexposition des personnes handicapées, en particulier les femmes, aux violences physiques et sexuelles.
D’après cette étude, qui a interrogé environ 4 000 adultes en France en 2022 (dont la moitié en situation de handicap), près d’une femme handicapée sur quatre indique ainsi avoir subi des violences conjugales (23 %). Ce chiffre est nettement supérieur à celui mesuré auprès de l’ensemble des femmes (15 %) et auprès des hommes handicapés (13 %), ces derniers étant significativement plus touchés que l’ensemble des hommes (4 %). En ce qui concerne les violences sexuelles, près d’une femme handicapée sur cinq indique avoir déjà été violée (16 %), soit une proportion substantiellement plus élevée que celle mesurée chez l’ensemble des femmes (9 %), les hommes handicapés (9 %) et l’ensemble des hommes (3 %). Les résultats de cette enquête montrent que les femmes en situation de handicap doivent faire face à des difficultés cumulatives et que la vulnérabilité physique et psychologique pousse très souvent les agresseurs à passer à l’acte.
L’accès à l’emploi reste restreint pour les personnes handicapées
Dans son dernier rapport intitulé « Handicap, inclusion et travail » paru en 2022, l’OCDE observe que « si les taux d’emploi des personnes handicapées se sont améliorés au cours de la dernière décennie, le fossé entre les personnes en situation de handicap et celles sans handicap face à l’emploi reste important ». En 2019 (données les plus récentes disponibles), dans un ensemble de 32 pays de l’OCDE, moins d’une personne handicapée sur deux avait accès à l’emploi (44 %), un chiffre qui était plus de 25 points de pourcentage inférieurs à celui des personnes sans limitations fonctionnelles. Comme le montre notre graphique, la Suisse et le Canada font partie des pays les mieux lotis en matière d’inclusion professionnelle des personnes handicapées, avec des taux d’emploi compris entre 54 % et 58 % pour ces dernières, et un écart avec les personnes sans handicap qui était inférieur à 20 points.
Comme l’explique l’OCDE, « le déficit d’emploi persiste car les personnes handicapées sont confrontées à un déficit substantiel et durable de compétences : sans les compétences requises et la possibilité d’améliorer ces compétences sur un marché du travail en constante évolution, les personnes handicapées ne sont pas sur un pied d’égalité pour pourvoir un poste vacant ou conserver un emploi. Les faibles taux d’emploi sont également responsables de taux élevés de pauvreté chez les personnes handicapées ».
De Tristan Gaudiaut pour Statista