Emprunté à l’autrice de bande-dessinée Nicole Lambert, l’expression « chicouf » est la contraction de « chic », ils arrivent et « ouf », ils repartent. Elle est utilisée par les grands-parents à propos de leurs petits-enfants. Mais on pourrait aussi l’utiliser pour les touristes qui arrivent et qui repartent. On les attend avec impatience mais on est content de retrouver un peu de calme quand ils partent, en attendant bien sûr leurs retours l’année prochaine…
On se doute bien que le tourisme joue un rôle important, sinon essentiel, dans l’économie du Vaucluse. Mais on ne le mesure pas toujours avec précision. Imaginez 4 millions de touristes par an, c’est 7 fois la population du département. Une véritable migration ! Cela représente, chaque année, 21 millions de nuitées. Ca donne une idée de la renommée et de l’attractivité de la région. Côté finances, on estime que la dépense des touristes s’établit, chaque année, à plus d’un milliard d’euros (Source Vaucluse Provence Attractivité). C’est également 16 500 emplois, directs et indirects. Mais foin de chiffres. Qui sont ces « envahisseurs » ? Pourquoi viennent-ils chez nous ?
Sans les touristes, point de festivals, d’animations, de véloroutes…
Ils sont pour moitié français et moitié européens. Les français viennent principalement de la région parisienne et des départements limitrophes du Vaucluse. Pour les étrangers, depuis plusieurs années le classement reste inchangé avec en première place sur le podium la Belgique suivi des Pays-Bas et de l’Allemagne. On va dire des régions où le soleil ne brille pas 300 jours par an. Où séjournent-ils ? En priorité dans le Lubéron avec 34 % des nuitées, suivi du pays du Ventoux (28%), en troisième place on trouve le Grand Avignon (23%) et la vallée du Rhône (15%) ferme la marche. Et que font-ils, quand ils ne se prélassent pas au bord de la piscine de leur maison ou de leur camping (euh pardon hôtel de plein air)? Et bien ils se promènent et visitent. A pied, en vélo, à moto, à cheval, en voiture, en 2 CV, en Solex, en bus, en camping-car… les sites et les occasions sont nombreux. La présente chronique n’y suffirait pas pour les présenter tous. On ne remerciera pas assez ces visiteurs et touristes d’avoir donné naissance à tous ces événements qui rythment et animent nos étés. En effet, sans eux, point de festivals, d’expositions, de véloroutes, d’entretiens de nos sentiers de randonnés, de marchés provençaux tous plus authentiques les uns que les autres…
On range les parasols, les matelas de piscine et on sort le balai…
Même si ils viennent plus volontiers en été (46% des nuitées), les « chicoufs » ont également la gentillesse de ne pas nous oublier le reste de l’année. Ainsi, 25 % des nuitées sont réalisées au printemps. Merci les vacances scolaires et les ponts à géométrie variable du mois de mai. Ca ne nous empêche pas d’avoir comme un petit coup de blues quand les touristes nous quittent à la fin de l’été. On range les parasols, les matelas de piscine et on sort les balais pour ramasser les premières feuilles. Au cœur du tourbillon estival on rêvait de calme et de tranquillité et là maintenant qu’ils sont partis : « ça fait un peu vide quand même »… En tout cas, si les « chicoufs » ne revenaient pas l’été prochain ça nous manquerait, c’est sûr.
Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.