22 novembre 2024 | Le Ventoux à tout prix

Ecrit par Echo du Mardi le 14 juin 2022

Le Ventoux à tout prix

Cet été, Didier Bailleux nous propose de revisiter des lieux, des événements, des produits locaux, des us et coutumes, tous typiquement provençaux et qui font tout les charmes et les spécificités de notre région. Et cela en toute subjectivité. Première étape le Mont Ventoux.

En vélo (avec ou sans assistance), à pied, à moto, en mobylette, en roller, en triporteur, en véhicule d’époque, en camping-car ou plus simplement en auto  tout le monde veut ‘faire le Ventoux’. On dit même ‘vaincre le Ventoux’. Mais ça c’est plutôt pour les cyclistes ou les coureurs à pieds. ‘Le géant de Provence’ agit comme un aimant. Impossible d’y résister. Depuis sa première ascension connue, en 1336, par le poète Pétrarque, 700 000 personnes y grimpent chaque année. Grimper au Ventoux c’est plus qu’un lieu de promenade, c’est un défi, un accomplissement, et pour certains un graal…

La montagne monument
Le mont Ventoux a toujours fasciné. Ce lieu d’ascension permet de prendre de la hauteur au propre comme  au figuré. Taquiner les étoiles fait toujours rêver. Cette montagne, haute de 1912 mètres, dans son métrage le plus favorable, est unique. Elle offre à son sommet un panorama à 360° époustouflant. Elle présente également la particularité d’être visible depuis la plaine pratiquement sous tous ses angles. A des dizaines de kilomètres autour, on la voit toujours. Elle est là comme un phare, un repère. Elle a quelque chose de majestueux. Sa présence rassure.

Le Ventoux : visible à des dizaines de kilomètres autour. Il est là comme un phare, un repère.

Un lieu d’exploits
Celui qui est également surnommé ‘le mont chauve’ (les guides touristiques sont riches en figures allégoriques)  est rapidement devenu le terrain d’exploits et de compétitions sportives prestigieuses. On pense d’abord  aux courses cyclistes : Tour de France, Paris Nice et Dauphiné Libéré pour les plus connues. Le Tour de France, l’a escaladé à 18 reprises, dont 10 fois comme arrivée d’étape. La palme de l’ancienneté revient aux sports mécaniques avec l’organisation en 1902 de la première course de côte. Cette épreuve ouverte aux autos, puis ensuite aussi aux motos et side-cars s’arrêtera en 1976, pour la plus grande déception  de tous ses amateurs. Les coureurs à pieds ne sont pas en reste puisque la première épreuve du ‘Marathon du Ventoux’ fût organisée en 1908 par l’Union Sportive de Carpentras. Cette compétition existe toujours.

Le Tour de France au sommet du Ventoux en juillet dernier.

Le Ventoux rend fou
Le Ventoux a également été le théâtre de quelques exploits hors du commun : le 7 aout 1921, Gustave Daladier pose son avion sur le plateau au col des Tempêtes. Le 14 octobre 1967, Julien Bouteille, 70 ans fait l’ascension du versant sud avec un vélo sans selle. Il mettra un peu moins de deux heures. Le 3 juillet 1983, André Derve réalise la montée en triporteur, un engin pesant 52kg. Il lui faudra 4 heures en passant par le versant Nord (un peu moins pentu). En 2003, la première montée en roller est réalisée par Thibaut Dejean. Cet exploit donnera ensuite naissance à une compétition régulière le ‘Roller aventoux’. Des cyclistes téméraires se sont essayés au plus grand nombre de montées sur 24 heures. Le record en revient à Jean-Pascal Roux avec 11 montées et par le versant sud s’il vous plait ! Le Ventoux rend fou !

On y vend tout
Si cette montagne est une vraie icône, elle est aussi devenue avec le temps une marque qui fait vendre.  La première initiative revient sans doute à Jean Bugatti le fils d’Ettore (le constructeur automobile) qui en 1938 baptisa son modèle type 37, un élégant et performant coupé bicolore du nom de Ventoux. Sans aucun doute la plus belle et la plus désirable des autos de son temps.
Côté bouche le Ventoux excelle également. Récemment les cerises produites autour du Ventoux ont obtenus le prestigieux IGP une première en France pour ce fruit.
Il y a aussi bien sûr l’appellation Ventoux pour le vin (ex coteaux du Ventoux) qui a obtenu son AOP en 1973. Avec 7000 hectares et ses 140 domaines c’est la deuxième plus importante appellation des côtes-du-Rhône.

Quand une ‘célèbre marque’ rencontre une autre ‘marque’ tout aussi connue mondialement.

Ultime consécration, la renommée de cette montagne est telle qu’elle fait même l’objet de détournement comme cela avait été le cas en 2021 dans les colonnes de l’Echo du mardi avec un canular du 1er avril consacré en 2021 au lancement d’une crème dessert ‘Ventoux’ par ceux qui font déjà celle du ‘Mont blanc’. Même la Patrouille de France n’hésite pas à associer sa célèbre ‘marque’ avec ce monument de la montagne (voir photo ci-dessus).

N’oublions pas non plus la célèbre truffe du Ventoux (il s’agit du champignon bien entendu).  Nous ne serions pas complet si nous omettions  toutes les boutiques et autres échoppes qui utilisent la dénomination : on a ainsi des garages du Ventoux, des bars du Ventoux, des hôtels du Ventoux, des restaurants du Ventoux, des glaciers du Ventoux…  Bref le Ventoux vend tout.  Mais sans forcément y perdre son âme.

Didier Bailleux

Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.

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