Hier, à l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme, le Syndicat des Côtes du Rhône a réuni les femmes vigneronnes représentantes des appellations Côtes du Rhône et Côtes du Rhône Villages, à la Maison des Vins d’Avignon. 28 ont répondu présentes.
Les verres ont tinté, les rires ont fusé et les compliments ont été échangés. C’est dans une ambiance conviviale que certaines vigneronnes se sont rencontrées, et que d’autres se sont retrouvées.
Hier, une trentaine de vigneronnes se sont rendues à l’événement organisé pour la première fois en ce jour symbolique par le Syndicat des Côtes du Rhône pour célébrer les femmes, et plus particulièrement celles qui ont su se faire une place dans le milieu viticole, encore très masculin il y a quelques années.
Une évolution certaine
« Rappelons que c’est seulement en 1999 qu’a été créé légalement le statut social de conjointe collaboratrice pour les femmes sur les exploitations agricoles », a débuté Denis Guthmuller, président du Syndicat des vignerons des Côtes du Rhône. La loi d’orientation agricole qui a permis la création de ce statut social a été une nouvelle ère pour les agricultrices. Ce statut a ouvert droit à la retraite pour la conjointe ainsi qu’à des prestations sociales en cas d’accidents du travail et de maladies professionnelles, à une pension d’invalidité en cas d’inaptitude partielle ou totale et à une créance de salaire différé en cas de décès de l’époux et de divorce.
Aujourd’hui, de plus en plus de femmes sont cheffes d’exploitation agricole et ressentent l’évolution. C’est le cas d’Anne Collard qui gère le Château Mourgues du Grès à Beaucaire dans le Gard aux côtés de son mari depuis plus de 30 ans, mais qui a décidé il y a quelques années d’acquérir elle-même un domaine en Côtes du Rhône, devenu le Vignoble Anne Collard. « J’avais beaucoup de doutes au début, surtout en étant une femme, mais mon mari m’a beaucoup encouragée, explique-t-elle. C’est une fierté personnelle dans un environnement familial. J’espère que ça encouragera les futures générations de vigneronnes à se lancer car c’est un métier formidable qui n’a pas de genre. »
Les femmes dans les Côtes du Rhône
Comme Anne Collard et les 27 autres vigneronnes présentes à l’événement, les femmes sont de plus en plus nombreuses dans l’univers du vin. Elles représentent 30% des chefs d’exploitation viticole et1/3 des œnologues. Et le nombre de femmes dans le monde viticole n’est pas près de diminuer, comme en atteste le nombre d’étudiantes. Selon la statistique agricole Graph’Agri 2020, 50% des étudiants en œnologie sont des femmes.
« Nous sommes ravis de cette évolution mais les femmes sont encore sous-représentées dans le milieu viticole », a déploré Denis Guthmuller. En effet, les femmes ne représentent que 30% des personnes dans l’agriculture de manière générale, et entre 10 et 13% des personnes siégeant dans les instances dirigeantes du Syndicat des Côtes du Rhône. « Nous sommes dans une année élective, ça tombe à point, a continué le président du Syndicat. Nous souhaitons voir plus de femmes dans nos structures dirigeantes. »
Des problématiques qui persistent
Malgré des avancées prometteuses, les métiers de la vigne restent genrés dans beaucoup d’esprits. Beaucoup pensent encore que ce sont des métiers d’homme. Préjugé que le Syndicat a cœur à démonter. Cet événement a d’ailleurs eu pour objectif d’ouvrir davantage les discussions sur les différentes problématiques qui persistent et sur comment les éradiquer.
« Le débat homme-femme ne devrait plus être présent dans l’esprit des gens, le genre n’a plus lieu d’être », a conclu Denis Guthmuller.