Terrible constat. En France, premier pays producteur de vins dans le monde (après l’Italie), la bière est devenue la boisson alcoolisée la plus vendue (52 % de la consommation). Mais que s’est-il passé ? N’avons-nous pas les meilleurs terroirs et la quintessence des savoir-faire ? Mais, si on y regarde de plus prêt c’est la consommation du vin rouge qui est en recul, les ventes de blanc, de rosé et de pétillant se maintiennent. Alors pourquoi le rouge est-il passé de mode ?
Le rouge est une couleur ambivalente. C’est d’un côté, l’énergie, le feu, la passion, l’amour et de l’autre le sang, le danger et la révolte. Cette couleur si sensuelle, si riche en émotions semble aujourd’hui, ne plus être dans l’air du temps. Fait-elle peur ? Le rouge a fait place à du « plus clair », pour ne pas dire à de l’édulcoré voire du translucide. Allusion à peine voilée à certains rosés plus clairs que clair… Dans ce cas que dire des saveurs, des émotions ressenties ? Au fort en goût on préférera aujourd’hui l’atténué, l’allégé, le consensuel. Le facile à consommer, le plus accessible.
Tout cela est malheureusement totalement subjectif. Les images sont parfois tenaces. Le rouge n’est pas forcément synonyme de lourd, de puissant ou de forcément complexe. Il existe des rouges légers, fruités et qui de surcroît peuvent être accessibles. En définitive, le rouge pourrait être d’avantage victime de l’image de sa couleur que de son goût ou de ses saveurs. Au fond, peut-être qu’il suffit de faire évoluer les signifiants véhiculés par le rouge pour que l’image de ce noble breuvage change. L’image est malheureusement aujourd’hui devenue plus importante que le produit lui-même. Et la représentation y dépasse souvent la réalité.
Ainsi, notre vin doit quitter le rouge des flammes de l’enfer pour le rouge d’un fruit mûr et gorgé de saveurs. Redonnons à nos rouges et à leurs vignerons toutes les couleurs qu’ils méritent.