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La Banque Alimentaire de Vaucluse, toujours plus indispensable

Le préfet de Vaucluse, à gauche, avec les bénévoles de la Banque Alimentaire de Vaucluse lors de la collecte du week-end dernier dans la galerie marchande du magasin Mistral 7 à Avignon.

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31 000 bénéficiaires en 2017, 33 000 en 2020, la pauvreté progresse et ce n’est pas la triple crise sanitaire, économique et sociale qui va inverser la tendance. Ce week-end, vous les avez vus avec leurs gilets orange fluo, les centaines de bénévoles qui ont quadrillé les supermarchés de l’ensemble du département pour la fameuse collecte de produits alimentaires et d’hygiène. Même le préfet, Bertrand Gaume, s’y est collé. Il s’est rendu au siège de l’association, à Montfavet et après avoir pris un café et rencontré l’équipe qui entoure Anne Paly, la présidente, il s’est posté à l’entrée de Mistral 7 pour tendre lui-même des sacs aux clients venus faire leurs courses, comme n’importe quel autre citoyen anonyme mais engagé dans cette opération de solidarité.

25 ans au service des Vauclusiens

La Banque Alimentaire (BA) de Vaucluse a 25 ans cette année, son rôle est d’aller retirer les invendus consommables, de faire la chasse au gaspi dans les magasins d’alimentation, de trier et de stocker, notamment les surgelés dans les congélateurs, sans interrompre la chaîne du froid. Ensuite, plus de 70 associations caritatives de l’ensemble du territoire viennent se fournir chez elle ou sont livrées tout au long de l’année pour donner ensuite de quoi se nourrir aux plus démunis. C’est dire l’importante de cette collecte du dernier week-end de novembre qui conditionne en grande partie l’activité du reste de l’année.

« La situation s’aggrave, la précarité empire, il y a de plus en plus de personnes qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté, précise Annie Paly. De nouvelles catégories sont concernées, les jeunes adultes, notamment les étudiants qui n’ont pas eu de petit boulot depuis le virus, les mamans seules à s’occuper de leurs enfants et qui au printemps, quand les écoles étaient fermées, avaient trois repas par jour à confectionner, les retraités, beaucoup de veuves. Depuis mars, la demande a progressé de 20%. »

Un manque de bénévole

A Montfavet, siège de l’association, sur 1 500m2 œuvrent 8 salariés, dont 4 chauffeurs, des jeunes qui se sont engagés dans le ‘Service civique’ et des bénévoles. Il y en a une cinquantaine mais les effectifs ont fondu, divisés par deux en quelques années, puisqu’on pouvait compter sur 90 volontaires auparavant. « Mais nos bénévoles vieillissent, on en a qui tournent autour de 75-80 ans, souvent ils vivent eux-mêmes dans des conditions précaires et même si des jeunes veulent se rendre utiles, ils sont peu nombreux à s’engager » déplore la présidente de la BA 84.

En 2019, 103 tonnes de nourriture avaient été collectées, là, tout n’a pas été comptabilisé. Covid oblige, les produits offerts par les vauclusiens ne seront triés que dans 3 jours puis stockés. Une trentaine de magasins ont gardé l’ensemble des denrées au frais et tout n’a pas encore été pesé. « On avait cru, avec la crise, que la collecte serait plus maigre, mais ce n’est pas avéré, le mouvement de solidarité a été formidable, confie Annie Paly. Certains, particulièrement sensibles à la pauvreté qui gagne du terrain ont carrément rempli des chariots à ras bord, ça fait chaud au cœur cet élan de générosité. Et finalement, quand on aura fait le point, on verra que ce sera peut-être mieux que prévu. Les donateurs se disent que la précarité peut les toucher eux aussi, ça n’arrive pas qu’aux autres. »

L’unique banque qui ne s’intéresse pas à notre argent

En plus de cette opération annuelle, la Banque Alimentaire, reconnue d’utilité publique, reçoit des aides, du département, qui, cette année a aussi fourni des produits frais venant de paysans, comme des œufs, du fromage, du lait, des lapins et bien sûr des fruits et légumes. La Région Sud a rajouté 20 000 € à sa subvention habituelle, la Ville d’Avignon aussi a proposé une rallonge. La Banque Alimentaire doit payer un important loyer pour sa plateforme de Montfavet, les factures d’électricité, du chauffage, du téléphone, l’essence des camions, le salaire du personnel qui gère, trie et livre les denrées alimentaires, mais aussi les produits d’hygiène pour bébés qui coûtent cher et que tout le monde ne peut pas s’offrir. Cette année, on a aussi vu des caddies de supermarchés avec des sacs de croquettes et des terrines réservés aux chats et chiens qui sont les seuls compagnons de personnes âgées et isolées qui ont de moins en moins les moyens de les nourrir.

Bref, la seule et unique banque qui ne s’intéresse pas à notre argent mais aux gens, c’est la Banque Alimentaire.

www.monpaniersolidaire.org

 

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