La 1ʳᵉ édition avait eu lieu le 15 août 1966 avec seulement 14 exposants. 57 ans plus tard, cette foire bi-annuelle, qui se déroule pour Pâques et l’Assomption, a accueilli du 11 au 15 août 75 exposants venus de Provence, de toute la France, mais aussi de Belgique, d’Italie ou du Luxembourg.
Tous adhèrent au SNCA (Syndicat National du Commerce, de l’Antiquité et de l’occasion), qui garantit « qualité et authenticité des marchandises » selon le commissaire général de la foire, Bernard Rouflay. « Nous avons cette délégation de service public (DSP) à la demande des commerçants locaux », explique-t-il. La mairie, de son côté souhaitait justement que cette 115ᵉ édition soit placée « sous le signe de la qualité, de l’intemporel et de l’histoire des objets. »
Pour tous les goûts, et tous les budgets
Mobilier ancien de tous styles (Gothique, Renaissance, Restauration, Directoire, Louis XV, XVI, Régence, scandinave, chinois ou japonais…) comme art contemporain, design, décoration intérieure, vintage depuis les années 60, bibelots, accessoires, luminaires, tableaux, bronzes, miroirs, sculptures, tables de jardin, tous certifiés par des experts, étaient à la disposition des visiteurs.
« Nous sommes là pour limiter le nombre d’objets neufs ou contrefaits, ajoute Bernard Rouflay. Ici, il y en a pour toutes les bourses, à partir de 5€ pour un tire-bouchon ou une poignée de porte, jusqu’à 30, 40 ou 50 000€ un tableau. Je suis dans ce métier depuis 33 ans, je représente la 3ᵉ génération. Certes les temps changent, mais l’envie d’authenticité, de transmission de patrimoine demeure, même si elle se fait aussi par internet. Le terrain favorise les contacts directs, les relations avec les amateurs d’art comme les néophytes. »
Les exposants
Jean-Pierre est belge, il vient de Spa, propose dans son stand des BD (Tintin, Tarzan) et des sculptures. « Je suis content, j’ai vu pas mal de monde, j’ai pu échanger et j’ai fait des affaires ». Juste à côté de lui, autre son de cloche. David a fait le voyage depuis Montauban. « Ici, on se demande si c’est la maison de la copie… Moi, je suis spécialiste en successions de célébrités. J’ai des services de table qui ont appartenu à Michèle Morgan, à Jeanne Moreau, à Bernard Tapie, à Michou et à Jean-Claude Brialy. Ils sont en pleine poussière, alors que le stand de 25 m2 avec plancher m’a coûté 2 000€, sans parler du camion pour le transport, de l’appartement loué 800€ et de la fatigue. »
Rencontre également au cœur du Parc Gautier avec Paul Azzopardi, antiquaire né au Panier (au cœur de Marseille, au-dessus du Vieux-Port) et qui a deux magasins, un là-bas, Rue Paradis, l’autre ici, au centre de l’Isle-sur-la-Sorgue (Avenue des 4 Otages). Il participe régulièrement à l’émission de France 2 ‘Affaire conclue’ qui attire plus de 900 000 spectateurs chaque jour et qui a même fait un tabac en prime-time en mars, avec une audience-record de 1,74 million de spectateurs. « Cette émission donne une visibilité aux métiers d’excellence qu’exercent les artisans d’art. Elle apprend les styles, les époques à ceux qui ne les connaissent pas. Elle leur ouvre les yeux. Le savoir-faire de ces métiers manuels n’est pas du tout en perte de vitesse, au contraire. Aujourd’hui le XVIIIᵉ est aussi côté que le contemporain signé Charlotte Perriand, une designer qui a travaillé avec Le Corbusier », conclut Paul Azzopardi.
Les visiteurs
Un peu plus loin, un visiteur regrette qu’il ne reste plus que le Parc Gautier pour cette Foire internationale, même si l’accès est gratuit. « Moi, je préférais le barnum d’avant, le souk le long des quais de la Sorgue ou des ruelles avec plus de brocante, des stands de chapeaux, de bonbons, de chichis fregis, c’était plus populaire, plus familial. »
Le Jardin du Quai
Avant de quitter la Foire et le Village des Antiquaires, certains visiteurs sont allés déjeuner au Jardin du Quai, tenu par l’ancien chef de La Mirande, Daniel Hébet et son épouse Stéphanie. « Nous travaillons avec la même équipe et des saisonniers en été, soit une vingtaine de personnes que nous logeons nous-mêmes, car il est très difficile de trouver du personnel », explique-t-elle, pendant que Daniel est en cuisine avec sa brigade.
« On ne se plaint pas ! Hier, on a fait 150 couverts au ‘Jardin’ et 233 à l »Atelier’ adjacent. Il n’y a pas de secret : la qualité, les produits frais, avec des fournisseurs d’ici, les fraises de monsieur Pique, entre Pernes et Carpentras par exemple, les légumes de Verprim à Eyragues, le poisson d’Elite Marée au MIN d’Avignon, pareil pour les vins des vignerons des Côtes-du-Rhône, du Ventoux et du Luberon. Tout est fait maison avec un menu à partir de 20€ (plat-dessert-café) pour la formule bistro, 42€ au Jardin à 12h avec le marché du matin, la carte change tous les jours. Avec des classiques, la caviar d’aubergine, l’aïoli de cabillaud, les pieds et paquets, la daube en hiver et les babas au rhum.
En 2024, Stéphanie et Daniel fêteront le 20ᵉ anniversaire de leur installation à l’Isle-sur-la-Sorgue. Et la prochaine édition de la Foire internationale Antiquités et Brocante est déjà programmée pour Pâques, entre le 29 mars et le 1ᵉʳ avril.