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Isle-sur-la-Sorgue : Job Appart victime de son succès

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A l’Isle-sur-la-Sorgue en plein centre ville, l’association Job’Appart propose une aide alimentaire et un accompagnement pour des personnes en précarité financière. Chaque jour, le local ouvre ses portes pour une préparation de repas suivie de deux services à table. Depuis le covid, le nombre de bénéficiaires à doublé.

Au départ, l’association fondée par le psychanalyste et diacre Jean-Louis Andreani en 1995 avait pour vocation d’accompagner au logement ainsi qu’à l’emploi. Les premières aides alimentaires étaient à hauteur d’une cinquantaine de repas par jour moyennant une participation de 50 centimes, pour ceux qui le pouvaient. Tous les repas étaient préparés par des bénévoles et servis (‘la table de Job’) sur deux services à midi et 13h: une soupe, un plat de résistance, un fromage et un dessert.
“Très rapidement, on est passé de 50 repas par jour à 80 repas et maintenant on est autour de 100 à 130 repas distribués par jour, constate Fanny Frauciel, directrice de l’association.
Avec le covid, l’association à du fermer ses portes et trouver une solution. Finalement, c’est par l’attribution de repas en boîte à l’extérieur du local (Job Drive) qu’elle à pu se maintenir.
“C’est à ce moment-là qu’on s’est rendu compte que beaucoup de personnes étaient dans le besoin mais ne venaient pas manger. Elles n’osaient pas venir parce que les principales personnes qui venaient étaient des gens de la rue. Mais beaucoup de personnes avaient besoin de manger, notamment équilibré,” poursuit Fanny Frauciel. Depuis, de nouveaux profils font surface. Beaucoup plus de familles viennent chercher leur repas, notamment des familles nombreuses, des mères seules et des couples. Mais la plus grande majorité des nouveaux bénéficiaires sont retraités ou étudiants.

Une transition difficile
Pour la trentaine de bénévoles, l’idéal était d’arriver, après le Covid, à continuer la distribution alimentaire à l’extérieur mais de reprendre ‘la table de Job’ qui fournissait un véritable intérêt pour les personnes à la rue et les plus oubliés, leur permettant de manger assis, tous ensemble et de partager ce moment.
“Le problème, indique la directrice et ancienne éducatrice spécialisée, c’était qu’on arrivait plus à faire 100 repas. C’était un calcul tous les matins pour savoir ce qu’on allait faire et comment on allait le faire.”
C’est grâce au projet France Relance, pour lequel l’association à été lauréate, que celle-ci a pu continuer de servir les repas. L’année dernière, le préfet du Vaucluse est venu annoncer en personne l’attribution de 75 000€. Une somme qui a permis d’effectuer des travaux d’optimisation de la cuisine, de la réserve, de passer de 1 à 3 salariées.
Au bout du compte, c’est de façon tout juste suffisante que l’association se maintient chaque année même si elle bénéficie de subventions du conseil départemental de Vaucluse, du Conseil régional pour l’aide alimentaire, d’apports de fondation qui financent des projets chaque année (Grand Delta Habitat, Saint François d’Assises) et d’entraide de particuliers qui soutiennent le projet par des dons.
“On avance grâce à tout ça mais on à toujours la boule au ventre, on n’est jamais très à l’aise” rappelle Fanny Frauciel.

Une aide qui va bien au-delà des repas
Au-delà de la distribution des repas, l’association met en place tout un système d’accompagnement pour les bénéficiaires. Au-dessus du local, un hébergement d’urgence est ouvert avec quelques lits pour des périodes de courtes durées. Tous les matins, pendant que les bénévoles épluchent, trient, ramassent et cuisinent, Fanny s’entretient avec des bénéficiaires pour un accompagnement social spécifique (aide vers l’hébergement, médicale, administrative) en collaboration avec les partenaires sociaux du secteur.
Car à l’Isle-sur-la-Sorgue, Job’Appart n’est pas seule et bénéficie de l’aide d’autres associations comme Les restos du cœur, La Croix Rouge, le Secours Catholique, les 3 Eco, pour l’accompagnement de l’aide au logement ou encore de la Cigalette pour l’aide administrative et l’accompagnement de l’apprentissage de la langue française. Un réseau actif qui permet le bon fonctionnement des associations et facilite la coordination.
“La table de Job et Job Drive sont une entrée pour les personnes qui n’osent pas forcément demander de l’aide. Par ce biais là, les bénéficiaires prennent confiance et viennent ensuite chercher une aide, principalement administrative. Les trois quart n’ont pas de poste informatique ou ne savent pas l’utiliser.”

Une situation qui traduit ‘un mal-être’
Si le nombre de bénéficiaires a augmenté si drastiquement, ce n’est pas un hasard. En tout, on retrouve dans le Vaucluse une dizaine d’associations d’aide alimentaire. Une présence indispensable pour le 5ème département le plus pauvre de France avec 11,5% des personnes vivant sous le seuil de pauvreté en 2021, contre 9,5% en 2017.
Néanmoins, la directrice de Job’Appart y voit du positif et relativise sur le sujet. “L’Etat ne peut pas tout gérer. On voit bien que tout cela traduit un mal-être. Malgré tout, on perçoit un tissu associatif qui se renforce, que les particuliers entre eux s’entraident. Cette situation actionne tout un système de solidarité, qui ne fonctionne que parce que cela reste associatif, qu’on reverse ce que l’on reçoit et qu’il n’y a aucun but lucratif derrière. Les gens donnent à leur manière et en fonction de leur capacité. Beaucoup de bénéficiaires sont aussi bénévoles. Sur 300 foyers qu’on aide, peut-être 5 ou 6 vont abuser du système, et encore ce n’est pas sûr. Certains vont aller dans 3 associations en un jour et redistribuer à ceux qui n’y vont pas. Chacun effectue un échange à sa manière. Le principal est de ne pas faire de l’associatif inutile et d’accompagner vers l’autonomie,” insiste Fanny Frauciel.

Pour faire un don: https://www.leetchi.com/c/un-don-pour-job-appart

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