Dernière série de clichés inédits de Grégory Pons. L’avignonnais spécialiste de l’aviation américaine durant la seconde guerre mondiale, nous propose des photographies issues des archives de l’US air force (Usaf) prises lors des bombardements du 15 août 1944 sur Avignon visant les pont d’Arles, Aramon et Montfaucon.
Au moment où la flotte alliée libère ses vagues d’assaut amphibies sur les plages de la côte d’Azur le 15 août 1944 entre Saint-Raphaël et les îles du Levant, plusieurs opérations aériennes se déroulent le long du Rhône pour détruire les ponts qui ont résisté aux précédents raids. Ainsi, les villes d’Arles, Aramon et Montfaucon sont attaquées par de petites vagues de bombardiers moyens de la 12th Air Force composées d’unités équipées de bombardiers bimoteurs B-25 Mitchell et B-26 Marauder. Montfaucon constitue un objectif de premier ordre car au-delà du pont ferroviaire qui franchit le Rhône, elle abrite un important relais de communications allemandes couvrant la vallée du Rhône.
Vers 13h00, une formation de B-25 Mitchell du 321st Bomb Group en provenance de Corse bombardent le pont ferroviaire de Montfaucon. L’objectif est totalement noyé sous la fumée.
Quelques heures plus tard, ce sont des B-26 Marauder du 17th Bomb Group venant de Sardaigne qui bombardent le pont routier d’Aramon en deux vagues de 18 et 17 appareils. La précision n’est pas très bonne, mais les services de renseignement américains relèvent près de 86 impacts dans la zone de la cible et confirment que le pont est bel et bien détruit.
A peine quelques minutes plus tard, c’est au tour d’une trentaine de B-26 du 320th Bomb Group en provenance également de Sardaigne depuis leur base de Decimomanu, qui se présentent sur Arles à 16h11. Leur cible n’est autre que le pont routier de Trinquetaille. L’autre pont qui relie la voie ferrée d’Arles à Lunel a, quant à lui, été précédemment détruit le 6 août par les B-26 de l’Armée de l’Air française des groupes Maroc (1/22), Gascogne (1/19) et Bretagne (2/20). La précision du bombardement est optimale et le pont est détruit.
Au cours de cette journée historique du Débarquement en Provence, les bombardements des ponts sur le Rhône sont un succès et vont contribuer à couper les voies de repli à l’armée allemande. Forcée de battre en retraite dans la précipitation face à l’importance des troupes alliées et ne disposant plus que d’un seul axe Sud-Nord dans la vallée du Rhône, les colonnes allemandes vont devoir s’entasser sur la célèbre Route Nationale 7 qui va devenir leur tombeau.
Les chasseurs-bombardiers P-47 de la 1st Tactical Air Force vont se livrer à une véritable curée en mitraillant ces colonnes où ils vont semer la terreur. Des centaines de véhicules et des tonnes de matériel vont être détruits et abandonnés le long des routes, poussés et jetés à la hâte dans les talus, avec l’ultime espoir de pouvoir parvenir à échapper aux appareils alliés et réussir à s’exfiltrer de cette souricière.
Grégory Pons
Sources : Archives du 17th Bomb Group et Bulletin des Amis du Vieil Arles n°147 Décembre 2010