Pour sa dernière à la tête du festival d’Avignon, Olivier Py lance, cette année, un thème pour le moins universel « Il était une fois… ». Hommage à la narration et aussi énorme pied de nez à la désinformation et aux fakes news devenus, aujourd’hui, les nouveaux soldats d’une guerre redoutable.
Cette 76ème édition, que chacun espère « normale », se veut pleine de promesses. D’abord ce choix de la narration avec cette ambivalence : raconter des histoires et ne pas se laisser avoir par les histoires… Savoir séparer le bon grain de l’ivraie. Une vigilance, pour ne pas dire un combat, de tous les instants.
Une place toute particulière faite aux femmes
Cette année, le festival accordera aussi une place toute particulière aux femmes. Et au même moment où Olivier Py et Paul Rondin tenaient leur traditionnelle conférence de presse de présentation, le 25 mars dernier, les talibans annonçaient la fermeture des collèges et lycées pour filles.Une triste actualité, une de plus…
Et comme par le plus grand des hasards (mais au fond en est-ce totalement un?) la réalisation de l’affiche du festival in a été confiée à Kubra Khademi, une artiste afghane. Féministe et refugiée en France depuis 2015, cette jeune femme milite au travers de ses œuvres pour les libertés dans son pays. La nudité des corps des femmes de son dessin met en scène « des corps libres ». On ne pouvait en pareilles circonstances y voir meilleure prise de parole. Malheureusement c’était sans compter sur des réseaux sociaux qui favorisent beaucoup le développement de la bêtise humaine. En effet, quelques agités du clavier y vont vu « provocation », « vulgarité » ou « incitation à la pédophilie »… Qu’auraient pensé ces mêmes censeurs décérébrés « des demoiselles d’Avignon » de Pablo Picasso : une vision de la femme trop anguleuse pas assez ronde… et que dire aussi des nus de Titien ou de Botticelli ? Restons plus que jamais vigilant pour ne pas se laisser embarquer dans le flot de la stupidité.
La résilience à l’affiche
Autre thème autre narration. Les organisateurs ont également souhaité, cette année, mettre en avant la résilience, bien que ce concept, aujourd’hui mis à toutes les sauces, finit par en perdre un peu de ses saveurs initiales. Juste un exemple. Il fallait oser nommer « plan de résilience économique et sociale » le plan de lutte contre l’inflation du précédent gouvernement. Ne pas tomber dans le piège des histoires une fois de plus…
Mais revenons à notre cher festival. Si la résilience est aussi un thème de l’édition 2022 c’est pour rappeler une fois de plus que la culture et le théâtre sont là pour nous aider à vivre et à surmonter les tourments du monde (Dixit O. Py). Et en ce moment y’a du taf !
Un off plein comme un œuf
Avignon c’est aussi bien sûr le off avec une offre d’une incroyable variété. Toutes les audaces et talents s’y expriment dans une effervescence revigorante et souvent foutraque. Cette année, 1540 spectacles sont annoncés on revient sur des chiffres d’avant Covid (c’est comme pour J.C. y a un avant et un après). Avignon fera cette année son come back du plus grand festival de spectacles vivants en France. Et sur les 1540 spectacles annoncés , 1068 seront joués pour la première fois dans la cité des papes. Si à cela vous ajoutez un Opéra rénové, une nouvelle salle, la Scala (la plus grande du Off), et une maison Jean Vilar remise à neuf on aura toutes les raisons de se laisser porter cette année encore par le festival d’Avignon. Une façon aussi de rendre hommage au travail d’Olivier Py et de son équipe On pourra ainsi écrire « Il était une fois… Olivier Py »