Alors que les prix des produits alimentaires ont bondi en février de 14,5 % sur un an, l’Observatoire Cetelem et Harris Interactive viennent de publier une étude* sur ‘L’Alimentation à l’heure des arbitrages’ et à la façon dont les Français font face à l’inflation alimentaire en modifiant leur consommation.
Des habitudes alimentaires stables malgré les pénuries
Associées jusqu’alors à un passé révolu, les pénuries alimentaires se sont à nouveau invitées dans le quotidien des Français, notamment après le déclenchement de la guerre en Ukraine il y a un an, mais également du fait d’évènements climatiques. Ainsi, ils sont plus de 3 sur 4 (77%) à affirmer avoir été confrontés eux-mêmes à des pénuries, un phénomène qui semble avoir touché tout particulièrement les familles (84%). L’huile et la moutarde sont les principaux produits pour lesquels les Français ont dû faire face à une pénurie en 2022, devant les pâtes, la farine et les œufs.
En réaction à ces ruptures de stock, 51% des Français ont cherché à remplacer le produit manquant tandis que d’autres (41%) ont attendu qu’il soit de nouveau disponible. Par ailleurs, lorsqu’ils ont cherché des produits de remplacement, la majorité des consommateurs (54%) les ont souvent trouvés plus chers que le produit d’origine.
Ces stratégies n’ont duré qu’un temps puisque presque 7 Français sur 10 (69%) indiquent être revenus à leurs anciennes habitudes de consommation une fois le retour du produit en rayon.
Une sobriété de mise face aux contraintes budgétaires
La quasi-totalité des Français affirment avoir ressenti une augmentation des prix de l’alimentation. L’inflation n’aura donc épargné personne avec une majorité qui l’estime à un niveau compris entre 10% et 19% (53%) ; 25% des personnes aux revenus les plus modestes et 23% des familles la considèrent encore plus élevée, supérieure à 20%.
Pour des raisons budgétaires, près de 7 Français sur 10 (69%) révèlent avoir déjà renoncé à faire certaines de leurs courses alimentaires au cours des 12 derniers mois, dont 30% qui indiquent que cela a pu concerner des produits qu’ils jugent comme essentiels. Un renoncement plus prononcé chez les jeunes (83%, dont 42% concernant des produits essentiels).
Pour lutter contre l’inflation, la réaction la plus courante, pour 51% des Français, a été de remplacer le produit devenu trop cher à leurs yeux par un équivalent d’une marque moins coûteuse. Ils sont un quart (24%) à avoir malgré tout continué d’acheter leur produit habituel, même s’il était devenu plus cher ; un comportement plus fréquent chez les personnes aux revenus élevés (37%) que chez celles aux revenus moyens (23%) ou faibles (19%).
De manière plus générale, les Français considèrent apporter une plus grande attention aux prix (86%), faire attention à ne pas gaspiller (86%) mais également avoir changé leurs réflexes alimentaires (manger moins, voire un peu moins équilibré pour un peu plus d’un tiers d’entre eux). En outre, le low-cost, qui n’est plus perçu comme un achat dévalorisant, a vu ses marques plébiscitées par 52% des Français, et ils sont 61% à s’être davantage tournés vers les marques distributeurs.
Pour les Français, l’inflation va durer
Les habitudes de consommation adoptées par les Français face à l’inflation leur semblent destinées à s’inscrire dans le temps. En effet, chez ceux qui ont opéré des changements dans leur consommation de produits de marque, la plupart envisagent ces changements comme pérennes (67%). Les femmes les inscrivent plus souvent que les hommes dans la durée (76% contre 56% des hommes), de même chez les personnes aux faibles revenus (70% contre 57% chez ceux ayant des revenus élevés).
Pour près de 3 Français sur 4 (74%), les prix de l’alimentation vont continuer à augmenter dans les 12 prochains mois. Les bouleversements récemment vécus seront amenés selon eux à être plus fréquents à l’avenir, qu’il s’agisse de pénuries (69%) ou de fortes variations de prix (79%).
Face à ce constat, les Français semblent opter pour un modèle alimentaire plus sobre à un niveau collectif comme individuel. Au niveau collectif, la plupart d’entre eux estiment qu’il faut miser davantage sur une plus grande indépendance de la France dans sa production alimentaire (73%) pour lutter contre les dérèglements de l’économie, et ce, quitte à ce que les produits vendus soient plus chers. Cet avis est particulièrement partagé par les plus âgés (80% chez les 50 ans et plus).
Quant au niveau individuel, les Français mettent tout particulièrement l’accent sur la limitation du gaspillage alimentaire (39%). Une mesure privilégiée, comme le sont aussi le fait d’effectuer plus de stocks (29%), de cuisiner davantage » maison » (28%), ou de privilégier des marques moins chères pour ses achats alimentaires (22%).
*Méthodologie : Enquête réalisée par Harris Interactive en ligne du 8 au 10 février 2023. Échantillon de 1000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).