Entretien avec le Colonel Jean-Christophe Le Neindre, patron des gendarmes de Vaucluse : « Je suis à la tête d’un groupement résolument engagé au service de la population. »
Il est en poste depuis le 1er juillet 2019 dans un département où il commande plus de 700 militaires d’active et près de 400 réservistes. Auparavant, le colonel Jean- Christophe Le Neindre a fait ses études au lycée militaire d’Aix-en-Provence, à l’école de l’Air de Salon-de-Provence puis son parcours l’a amené à devenir chef d’escadron à Sélestat, à diriger l’antenne GIGN de Cayenne, à la Gendarmerie de Colmar ainsi qu’à être chargé de mission auprès de l’Association des maires de France (AMF).
« Globalement, la population a l’esprit civique. »
Si les chiffres de la délinquance ne sont pas excellents (+6,8% de violences sexuelles, +4,7% de cambriolages, +2,4% d’atteintes volontaires à l’intégrité physique) selon le ministère de l’Intérieur pour 2019 dans le Vaucluse, « avec la crise sanitaire, sociale et économique induite par la Covid-19, nous avons mis en œuvre, avec l’aide du Préfet, une organisation adaptée pour répondre, jour et nuit, aux sollicitations des Vauclusiens », explique Jean- Christophe Le Neindre. « Nous avons vécu un printemps et un été particuliers. Les frontières ont été fermées, le flux de touristes a été différent, chacun voulait son petit coin de verdure, de nature, on a assisté à quelques crispations, quelques tensions, sans plus. On n’est ni à Dijon (rixes avec des Tchétchènes), ni à Bayonne (chauffeur de bus mortellement agressé). La population est compréhensive, globalement, elle porte le masque, respecte les gestes barrières, elle a l’esprit civique. Nous avons mené des contrôles de bon aloi. Même si certains conducteurs se sont défoulés sur les autoroutes en moto ou en berline avec de très grands excès de vitesse, à plus de 200km/h. Les suspensions de permis de conduire ont grimpé de 12%. Mais, en revanche, avec le confinement, le nombre d’accidents de la route a reculé, avec moins de victimes. »
Le Colonel Le Neindre poursuit : « Avec la crise de la Covid, nous avons mis sur pied un ‘Détachement d’appui territorial’ avec une trentaine de réservistes opérationnels par jour sur le terrain, par exemple au Pontet, à Bollène ou à Gordes pour vérifier le port du masque, le respect des distanciations avec bienveillance et discernement, mais les plus récalcitrants qui n’observaient pas les règles, rares heureusement, ont été verbalisés. » Autre initiative à l’actif des gendarmes, soutenir les maires, notamment les nouveaux élus issus des municipales 2020. « Nous avons reçu un renfort de gendarmes mobiles, soutenus par des réservistes, organisé des patrouilles à cheval dans le Luberon, en canoé sur la Sorgue, en VTT autour d’Orange et Carpentras pour aller au-devant de la population autochtone et des touristes. »
« Surveillance de l’outil de travail pendant le confinement. »
« Pendant le confinement, nous avons surveillé les entreprises, les commerces fermés et les dépôts de marchandises pour qu’ils ne subissent pas de cambriolages, les pharmacies pour qu’on ne dérobe ni masques ni gel hydro-alcoolique, mais aussi les exploitations agricoles pour éviter les vols de tracteurs ou de fuel et ainsi préserver l’outil de travail de chacun. Les personnels soignants, et pas seulement les médecins et infirmières, ont bénéficié de coupe-files avec caducée pour circuler plus facilement au service des malades. »
Contrairement à l’image d’Epinal, les véhicules des patrouilles de gendarmes ne sont pas hors d’âge et délabrés… Le groupement de Vaucluse voit sa flotte régulièrement renouvelée par des véhicules récents et puissants « Nous avons une Mégane RS pour l’escadron autoroutier, mais aussi des motos, des vans dans lesquels les groupes d’intervention peuvent mettre tout leur matériel quand ils partent en mission. »
Le Colonel se félicite de la réaction de ses troupes : « Pendant le confinement, des gendarmes qui étaient en vacances les ont annulées pour reprendre du service, ‘Je veux revenir pour être utile quand mon pays en a besoin’ a expliqué l’un d’eux. Ou encore : ‘J’ai gardé ‘l’esprit Charlie’, quand je me lève le matin, je fais mon métier de gendarme, je me mets naturellement au service de la population’. »
D’ailleurs, la gendarmerie recrute à des degrés divers d’âge et de qualification. Elle a besoin de ‘réservistes opérationnels’, qui ont déjà un métier mais qui peuvent travailler 60 jours par an pour la gendarmerie en étant rémunérés. Pour les jeunes, existe le SNU (Service national universel). Dix-sept vont bientôt être reçus pour suivre un stage d’acculturation aux métiers de la gendarmerie à la Toussaint. En liaison avec Bertrand Gaume, le Préfet de Vaucluse, des ‘Cellules territoriales de prévention et de contact’ avec les maires permettront d’associer des citoyens et des référents par quartier et par commune, pour qu’ils recensent les difficultés qu’ils rencontrent et apportent une solution d’apaisement, de mieux vivre ensemble.
« De plus en plus d’échange de proximité. »
Grâce à la PSQ (Police de sécurité du quotidien), les forces de l’ordre ont développé leur implication sur le terrain, au contact de la population, en un an +60% d’échanges de proximité sur les marchés et dans les commerces, en discutant avec les gens dans la rue, pour connaître les attentes des territoires, prendre le pouls du Vaucluse. Avec l’organisation Jeux olympiques en France en 2024, la gendarmerie a besoin de beaucoup de monde pour l’accueil du public, des équipes du monde entier, la sécurisation des stades et des hôtels dans lesquels séjourneront les délégations olympiques. Ils toucheront environ 100€ par jour. Et le Colonel Le Neindre le dit haut et fort pour conclure : « Je suis à la tête d’un groupement solide, efficace, motivé, disponible, entraîné, résolument engagé au profit de la population. Et ce qui nous fait tous avancer, dans la gendarmerie, c’est l’envie. »