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Chronique : La lavande est-elle finalement dangereuse ?

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Ce n’est pas la lavande qui est dangereuse, mais c’est l’Europe ! C’est par cette phrase que pourrait se conclure l’imbroglio causé l’été dernier par le projet de réglementation de la Commission Européenne relatif à la classification, à l’étiquetage et à l’emballage des substances (CLP). Cette réglementation prévoit de classer les molécules mises sur le marché et de les répertorier comme allergènes, cancérigènes ou perturbateurs endocriniens. De leur côté, les producteurs de lavande craignent qu’une mention obligatoire, indiquant que l’huile de lavande peut créer des allergies, dissuade les consommateurs et les fabricants de cosmétiques d’utiliser ce produit. Tollé général. Dans le sud, la filière de la Lavande c’est plus de 9 000 emplois directs et 17 000 indirects, et au-delà de son poids économique on s’attaque à un symbole, à toute une région. On est visé au cœur. C’est ‘l’âme de la Provence’ chère à Jean Giono qui est directement attaquée. C’est comme si on obligeait les Parisiens à démonter la Tour Eiffel au motif qu’en la regardant du bas elle peut donner le torticolis et que du haut elle peut présenter des risques pour les dépressifs…

Ils réfléchissent molécule par molécule
Pour Alain Aubanel, président du comité interprofessionnel des huiles essentielles françaises : « le problème c’est qu’ils réfléchissent molécule par molécule, alors que dans les huiles essentielles de lavande par exemple, il y en a plus de 600. Ils refusent de considérer les huiles essentielles comme une substance globale. » Et cerise sur le gâteau, le thym et le romarin seraient également concernés. On a coupé des têtes pour moins que cela…
Face à la déflagration causée,  la représentation française de la commission européenne prend la parole à l’automne et affirme qu’il n’est pas prévu qu’on interdise l’huile essentielle de lavande, de thym ou de romarin…  et estime que les craintes de l’industrie française des huiles essentielles sont, de leur avis, infondées et prématurées. ‘Prématurées’ ce dernier mot a de quoi interpeller…

Rétropédalage ou incompréhension ?
Une chose est sûre on se méfie tellement de l’Europe et de sa réglementation tatillonne que chacun de ses gestes ou propos sont prétexte à contestation ou, à minima, à la plus grande méfiance (pour ne pas dire défiance). Le degré de confiance en l’Europe est sans doute au plus bas de l’échelle de Richter (qui rappelons-le mesure l’énergie sismique des tremblements de terre). Et quand on n’a plus confiance dans sa représentation qu’elle soit nationale ou européenne c’est le début des difficultés pour le fonctionnement de nos démocraties.  

Un besoin de tout normer
On a de quoi s’interroger sur ce besoin de vouloir tout réglementer, tout normer ; de la courbure des concombres à la taille des étiquettes des soutiens-gorge*… C’est la société du contrôle et de la maitrise qui est en marche, quitte à sacrifier à la liberté, à la créativité ou tout simplement au plaisir de l’improvisation. Certes on vous répondra que sans les normes nous polluerions beaucoup plus, qu’il y aurait plus de morts sur les routes… etc. Mais n’y-a-t-il pas un équilibre à trouver ? Et n’y-a-t-il pas d’autres priorités que l’étiquetage préventif des bouteilles d’huile essentielle ? Ne peut-on pas faire aussi confiance aux consommateurs ? Cette infantilisation prend aujourd’hui un caractère vraiment insupportable. « Nous sommes en responsabilité » vous diront ceux qui nous gouvernent, c’est de notre devoir que de protéger… ‘Protéger’ le mot est lâché, et toutes les justifications qui l’accompagnent sont aujourd’hui permises (comme l’état d’urgence sanitaire avec la Covid). L’Etat ne peut être providentiel sur tout et tout le temps.  « Arrêtez d’emmerder les Français !» disait déjà en son temps  Georges Pompidou.
Moi, de mon côté je continuerai, quoi qu’il arrive, à utiliser l’huile essentielle de Lavande, car au-delà de ses propriétés  antioxydantes et antiseptiques, c’est sans doute la meilleure barrière à tous les insectes volants ou rampants qui en veulent à notre peau.

Didier Bailleux

*Propos du député François-Xavier Bellamy, tête de liste Les Républicains aux élections européennes en 2019. Affirmations qui n’engagent que son auteur.


Ancien directeur général et directeur de la rédaction de Mirabelle TV (télévision régionale en Lorraine), Didier Bailleux a été auparavant consultant dans l’audiovisuel et à travaillé sur plusieurs projets : TNT, SVOD, services en ligne, création de TV locales. En tant que directeur marketing, il a participé, dans les années 1990 et 2000, à la création de plusieurs chaînes thématiques : Canal J, Voyage et Pathé-Sport. Aujourd’hui, il vit en Vaucluse et travaille sur la production de documentaires consacrés aux terroirs.
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