Tanguy Barthouil, concitoyen et avocat, a adressé une lettre ouverte au Maire d’Avignon à propos du ‘plan faubourgs, l’esprit village’ qui déploie nouveaux aménagements, zone 30, et boucles de circulation pour éloigner les voitures et apaiser la ville. L’idée ? “Rendre aux faubourgs d’Avignon leur esprit village en créant des aménagements qui replacent l’humain au cœur de la vie de quartier et en apaisant la circulation” explique Cécile Helle, maire d’Avignon.
Résultat ? La pression monte : habitants, piétons et automobilistes se sentent piégés et contraints de ne pouvoir se rendre aux lieux de leur choix tandis que la circulation s’immobilise créant d’importants embouteillages aux heures de pointe. Las, la population sera-t-elle contrainte de fuir la ville ? Pour l’heure, plusieurs pétitions –dont celle de Mireille Garcia, commerçante de l’avenue Saint-Ruf -1 118 signatures à ce jour- soulèvent nombre de commentaires.
Témoignages
«Nous avons subi trop longtemps, les travaux du tramway, dont l’installation a entraîné d’importants embouteillages des années durant, entame Tanguy Barthouil, avocat avignonnais, dans sa lettre ouverte au maire d’Avignon, Cécile Helle, en date du 12 novembre 2021. Depuis l’installation de voies de tram, puis la matérialisation de couloirs de bus dédiés, le trafic automobile a beaucoup ralenti, l’intramuros est devenu inaccessible et le tour des remparts connaît de forts embouteillages aux heures de pointe conduisant les automobilistes à se rabattre sur la deuxième ceinture alors que les contre-allées de la Rocade sud ont été supprimées. Vous entravez un peu plus, chaque mois, vos administrés dans leur vie quotidienne et de travailleurs. Des médecins annulent les visites à domicile faute de ne pouvoir se déplacer en temps et en heure ; difficulté de sortir de chez soi à certaines heures, détours de plusieurs kilomètres pour se rendre au travail, déposer les enfants à l’école ; pollution due aux embouteillages… Les parkings de déserte pour emprunter les transports collectifs et le tram ? Inenvisageable si l’on est chargé de volumineux dossiers.»
Que deviennent les personnes vieillissantes et à mobilité réduite ?
«Ma maman, âgée de 84 ans, demeure en centre-ville d’Avignon et peine à se mouvoir. Impossible de se garer en bas de chez elle pour la prendre en charge révèle une cinquantenaire avignonnaise. Impossible également pour elle de prendre les transports en commun, bus, citizen ou Baladine n’existent pas près de chez elle. Je dois faire plusieurs tours de remparts avant de pouvoir m’arrêter et la prendre en charge en priant de ne pas me faire trop insulter par la gêne occasionnée par mon stationnement sauvage et pourtant nécessaire.»
Un père de famille explique qu’il peut déposer son enfant à l’ensemble scolaire Champfleury mais qu’il ne sait pas par où passer pour le retour, boulevard Etienne Martelange qui devait passer en sens unique début novembre. Question : si la rue est en sens unique alors nous nous retrouverons tous dans une souricière sans pouvoir en sortir ? »
Les réseaux sociaux
Ça bouge aussi sur ‘Coup de gueule sur Avignon’ où Surikat&Co, paysan qui vit à la Trillade et travaille sur la Barthelasse a du mal à effectuer trajets et livraisons. «Je me déplace en camionnette pour mes parcours domicile/travail et effectuer mes livraisons de légumes bio et locaux en circuit court. Je ne suis pas une circulation de transit. Je ne peux pas faire mes trajets à vélo ou en transports en communs car je transporte souvent des kilos de marchandises. Découvrant aujourd’hui le nouveau plan de circulation, je constate que je me retrouve bloqué dans une souricière, entre 2 ‘boucles de circulation’, obligé de faire des détours et de passer par des petits axes routiers déjà saturés (Saint-Ruf) ou de très grands qui le sont encore plus (Rocade). Après avoir arrêté de livrer le centre-ville devenu inaccessible, je vais donc certainement arrêter de livrer la première ceinture et me tourner encore plus vers le Gard. Favoriser l’environnement et la tranquillité, ce n’est pas créer artificiellement des embouteillages et des détours qui entraînent plus de circulation donc plus de pollution et plus de nuisances…»
Agacé
Un Avignonnais soulève la pénibilité de traverser la ville pour se rendre chez son médecin et son kiné. « J’ai fui Avignon parce que la Ville se déclassait au fur et à mesure des années, manque de propreté, paupérisation des quartiers, problème de sécurité, difficultés accrues de stationnement, augmentation des temps de trajets et idem pour se garer… Désormais j’ai changé de département, boudant Avignon même le week-end, parce que la ville s’est trop complexifiée et requiert un effort que je ne suis plus prêt à fournir alors que j’ai habité et vraiment apprécié Carpentras puis Avignon durant des décennies. Cécile Helle, maire d’Avignon semble s’inspirer d’Anne Hidalgo, maire de Paris et je ne crois pas que ce soit une bonne idée car peu de Parisiens détiennent leur propre voiture puisqu’ils bénéficient de tram, bus, métro, RER ce qui n’est pas le cas des Vauclusiens. Les commerçants seront, quant à eux, encore plus fragilisés face au e-commerce qui offre de vous livrer ce que vous voulez à domicile. C’est très dommage. Je remarque toutes les villes font les mêmes choix, au même moment, créant les mêmes aberrations. »
Les travaux d’aménagement
Ils sont d’ores et déjà intervenus sur les boulevards Sixte-Isnard, Jacques Monod et sur l’avenue Etienne Martelange fin octobre. Ils ont commencé en novembre sur les rue Jean Macé, les avenues Monclar, les Deux routes et Reine Jeanne, ils seront très bientôt sur les avenues de l’Arrousaire et des Sources et, à la fin de ce mois, avenues de la Trillade et de la Croix des oiseaux.