Le centre des congrès du Palais des papes à Avignon vient d’accueillir l’AG du Souvenir français. A cette occasion, une convention a été notamment signée entre l’association mémorielle et la Secrétaire d’Etat à la jeunesse et du service national universel, Sarah El Haïry, pour « Donner envie de France aux jeunes générations »
C’est Avignon qui, ce week-end, a accueilli l’assemblée générale du Souvenir français. Une association créée dès 1887 pour enraciner la mémoire de la guerre de 1870 dans la Nation républicaine. Suivront deux Guerres Mondiales, l’Indochine, l’Algérie et leurs cortèges de ‘Morts pour la France’…
Aujourd’hui le Souvenir Français est riche de 90 000 bénévoles, 1 500 comités dans l’hexagone et 75 représentations à l’étranger et il participe à la sauvegarde et au développement d’une mémoire partagée de la France combattante à destination des jeunes.
Eveiller les jeunes à la citoyenneté
La première à prendre la parole lors de cette assemblée générale ce dimanche était la maire d’Avignon, Cécile Helle. « C’est un honneur pour Avignon d’accueillir le Souvenir Français et comme nous sommes en pleines Journées du Patrimoine cela vous a permis de voir à quel point notre Palais des Papes mérite de faire partie des 250 sites exceptionnels de l’Unesco. Comme vous, nous souhaitons faire vivre ces valeurs de transmissions, nous avons d’ailleurs un Conseil Municipal des Enfants à Avignon pour éveiller les jeunes à la citoyenneté, leur rappeler les luttes, les combats, les actes de résistance des anciennes générations et maintenir vivante cette mémoire alors qu’il y a de moins en moins de survivants du conflit mondial 1939-45. »
Pour le Département, le sénateur Jean-Baptiste Blanc saluera « L’héroïsme des anciens combattants, des médaillés comme des sans- grade qui se sont battus pour défendre nos libertés ». Pour la Région Sud, la conseillère régionale Bénédicte Martin parlera du grand-père de l’actuel président de Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’amiral Muselier qui avait donné la Croix de Lorraine à la France. « Le Souvenir Français s’est réapproprié le devoir de mémoire et le fait ruisseler vers les plus jeunes, notamment en Vaucluse à travers les actions du Maquis du Ventoux pendant la guerre, c’est une petite parcelle de démocratie certes, mais elle existe et elle prouve qu’il ne faut jamais baisser les bras ».
Les soldats du feu mis aussi à l’honneur
Autre prise de parole, celle du Contrôleur Général Grégory Allione, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France. « On nous appelle les soldats du feu, mais la lutte contre les incendies ne représente que 7% de notre travail, 84% de notre activité c’est le secours aux biens et aux personnes, aux victimes de la route, aux asphyxiés, aux noyés. Nous sommes des spécialistes du secours d’urgence au chevet de la détresse de nos concitoyens. On l’a bien vu pendant la crise sanitaire quand nous avons monté des centres de vaccinations et on a d’ailleurs réalisé 25% des injections en France ». Il ajoute « Nous sommes aussi les soldats du climat, avec les tempêtes en Outre-Mer et en Corse il y a quelques jours, les incendies en Gironde, en Bretagne, en Alsace nous avons envoyé des équipes partout » Et il conclut : « Nous devons sensibiliser, former, informer les jeunes citoyens, leur apprendre les gestes qui sauvent, faire nation, faire front à tous les fléaux et si nécessaire, prendre le maquis », ce qui a provoqué nombre d’applaudissements dans la salle.
Montrer le chemin de la démocratie
La présidente des Maires ruraux de France, Fanny Lacroix montera à la tribune pour évoquer quelques figures tutélaires : « Jean Vilar patron du Théâtre national populaire et créateur du Festival d’Avignon, le poète et résistant vauclusien René Char et Jean Moulin, ancien préfet et lui aussi résistant dont le Mémorial se trouve à quelques encablures d’Avignon sur la route de Salon-de-Provence. Eux savaient être proches des citoyens, leur montrer le chemin de la démocratie. »
La parole ensuite a été donnée au président du Souvenir français, Serge Barcellini, ancien Contrôleur général des armées. Il a d’abord regretté que nombre de tombes d’anciens combattants aient disparu au fil des décennies ou ne soient plus entretenues dans les cimetières. « Le patrimoine funéraire c’est l’ADN de notre mouvement. Il y a eu 1 million 400 000 morts à l’issue de 1914-18, certaines familles ont récupéré le corps de leurs défunts, d’autres sont inhumés dans des nécropoles, anonymement. Des tombes sont abandonnées, des concessions arrivent à échéance, personne ne le sait, pas même les maires, il faudrait faire quelque chose pour que cela change. Bien sûr il y a les cérémonies du souvenir, 17 en tout par an en France, c’est peut-être trop… Bien sûr le 8 mai, le 14 juillet, le 11 novembre sont incontournables, le génocide Arménien le 24 avril aussi, mais à force il y a de moins en moins de porte-drapeaux et de public lors de ces commémorations. »
De moins en moins de public lors des commémorations
Enfin le président soulèvera le problème des technologies nouvelles, d’internet que les bénévoles, souvent retraités du Souvenir français, ne maîtrisent pas forcément « C’est pourtant le meilleur moyen de toucher les jeunes, de transmettre le patrimoine mémoriel. On pourrait mieux communiquer, organiser davantage de voyages à Verdun où sont enterrés des centaines de poilus, dans le Vercors là où sont morts près de 800 soldats et résistants en 1944. » Il conclura en citant un livre d’Ernest Renan ‘Qu’est-ce qu’une nation ?’ écrit en 1887 à la suite d’une conférence donnée à la Sorbonne et il répond : « Une unité politique, une citoyenneté, un plébiscite de tous les jours ».
Enfin, c’est la ‘punchy’ Secrétaire d’Etat de la jeunesse et du service national universel, Sarah El Haïry qui prendra la parole pour conclure l’assemblée générale avant de signer un partenariat avec le Souvenir Français. « Malgré vos cheveux blancs, les jeunes ont besoin de vous, de votre expérience pour ressentir la fierté d’être français. Il n’y a pas de république à la carte, il y a pour chacun des droits mais aussi des devoirs. Vous êtes leurs tuteurs, leurs ambassadeurs comme les enseignants sont les Hussards de la République ». L’assemblée générale se terminera par un dépôt de gerbes au Rocher des Doms en fin de matinée en présence de la préfète de Vaucluse, Violaine Demaret.