« Je ne pouvais pas choisir de lieu plus emblématique pour évoquer l’avenir des festivals que cet endroit si cher à Jean Vilar » a déclaré Roselyne Bachelot, nouvelle ministre de la Culture, en introduction des Etats généraux des festivals qui ont débuté ce matin dans la salle de la Paneterie, au cœur du Palais des Papes.
« Nous sommes là, tous ensemble, pour ouvrir une perspective, en tenant compte évidemment des gestes-barrières. Les différentes Drac (Direction régionales des affaires culturelles) retransmettront en direct sur internet les débats et elles m’en feront, chacune, le bilan pour que nous puissions échanger avec des remontées de toute la France. »
« La souffrance des artistes à ne pas rencontrer leur public. »
Et d’évoquer les différentes pistes à aborder. D’abord échanger avec les artistes, faire un état des lieux. « Ils ne me parlent pas d’abord d’argent, de souci financier mais de la souffrance qu’ils ressentent à ne pas rencontrer leur public. L’avenir aussi les inquiète. Il faut repenser le monde d’après, le spectacle vivant de demain car le virus est là pour longtemps » précise l’ancienne ministre de la Santé. « Les modèles vont évoluer, l’impact économique des festivals sur les territoires aussi, nous devons nous soucier d’un développement durable. »
Ensuite Roselyne Bachelot précise que ce sont des autochtones qui vont au festival, (des habitants de Provence-Alpes-Côte-d’Azur dans la Cour d’Honneur comme au Théâtre Antique d’Orange), même si évidemment, certains qui ont une notoriété internationale attirent des spectateurs du monde entier. Et que les plus de 60 ans représentent 12% du public alors que les jeunes y sont sous-représentés, « Peut-être une piste à creuser? »
Concernant la parité et la diversité, la locataire de la rue de Valois insiste : « nous avons de larges marges de progression ».
« 10M€ de Fonds de Soutien du Festival, puis 5M€ supplémentaires en janvier 2021. »
Mais c’est du côté des aides de l’Etat qu’elle détaillera tout ce qu’elle fait, elle que certains surnomment déjà affectueusement ‘La ministre des Artistes’. D’abord 10M€ de Fonds de Soutien du Festival, qui sera allongé de 5M€ en janvier 2021 si nécessaire et « d’autant si besoin s’en faisait sentir plus tard ». Le chômage partiel sera maintenu au taux plein de 100%. Au titre du Fonds de solidarité, la subvention passera de 1 500€ à 10 000€ par mois. Les PGE (Prêts garantis de l’état) sont prolongés pendant 6 ans.
Autre action de cette ministre qui se décarcasse : « Un fonds d’aide à la billetterie viendra compenser les spectacles et concerts qui ne peuvent franchir le taux de rentabilité à cause de la jauge divisée par deux en raison de la crise sanitaire. » Enfin, les mesures de sécurité à l’entrée des théâtres qui, jusqu’ici étaient payées par les directeurs de salles, seront désormais prises en charge par le ministère de l’Intérieur. Donc plus de vigiles, mais des policiers pour contrôler le contenu des sacs et le port des masques jusqu’au 31 décembre.
Pour conclure, Roselyne Bachelot a répété que « ces Etats généraux des festivals ne sont absolument pas destinés à alimenter des discussions stériles. Jusqu’ici on a réagi dans l’urgence sanitaire. La situation épidémique se tend, elle est complexe. J’espère qu’à partir d’Avignon nous allons tous bâtir un modèle pérenne du spectacle vivant, du rôle social de la culture et de son implication dans le développement durable du tous les territoires ».