Dans la nuit de mercredi à jeudi, des militants d’Extinction rébellion Vaucluse ont enlevé les affiches de plusieurs dizaines de panneaux publicitaires à Avignon pour les remplacer par des messages ‘Le monde d’après sera sans pub’.
« Les panneaux publicitaires défigurent notre ville classée patrimoine mondial de l’humanité et engendrent une dépense d’énergie inutile pour leur éclairage permanent, expliquent dans un communiqué les membres locaux d’Extinction rébellion (XR). Les affiches publicitaires finissent en déchets dont nous payons, en tant que contribuables, le retraitement. Les communes et intercommunalités ont les compétences nécessaires en matière de réglementation pour interdire la publicité dans l’espace public au moyen des règlements locaux de publicité, comme cela a déjà été fait à Grenoble. »
Mettre la pression sur le PLU de la Ville d’Avignon
Avec cette opération coup de poing, XR entend ainsi mettre en avant « les lacunes dans le programme du président réélu en matière d’écologie et de lutte contre la surconsommation ». C’est également un moyen de mettre la pression sur la municipalité de la cité des papes qui travaille actuellement à la réalisation de son nouveau Plan local d’urbanisme (PLU).
« La mise en place du nouveau PLU est une formidable opportunité pour mettre fin à la nuisance publicitaire dans notre quotidien, insiste XR Avignon-Vaucluse, C’est une occasion de mettre définitivement fin à la publicité dans nos rues. »
La publicité contre la planète ?
« La publicité est omniprésente dans l’espace public, poursuit Extinction rébellion 84. Dans un contexte d’urgence climatique et de ressources limitées, elle incite à la surconsommation de biens en suggérant sans fin de nouveaux désirs. La publicité cache les agissements nocifs des grandes marques pour la santé (plastique, perturbateurs), la planète (pollution, gaspillage énergétique) et la société (évasion fiscale, travail précaire). Comme cela a été signalé par de nombreuses associations de défense de l’environnement et de la biodiversité, le programme d’Emmanuel Macron en matière d’écologie et de lutte contre le réchauffement climatique présente d’importantes lacunes malgré les alertes à répétition lancées par les scientifiques du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) et la multiplication des événements climatiques extrêmes en France. Le GIEC appelle à une baisse drastique de la consommation pour limiter la hausse des températures à 1,5 degré d’ici 2050. Cette baisse passe entre autres par la fin des appels à la surconsommation. La publicité n’invite pas à préserver la viabilité de notre planète. »
Internet aussi sur la sellette ?
Cet acte intervient fortuitement juste après des coupures volontaires de câbles de fibres optiques dans la nuit de mardi à mercredi. Une action d’une ampleur inédite qui a affecté le trafic internet de plusieurs grandes villes françaises dans l’Est notamment. Free, opérateur le plus touché, a ainsi vu le débit ralentir pour 1% de ses abonnés. Pour le parquet de Paris, qui a ouvert une enquête préliminaire pour « détérioration de bien de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation », « entrave à un système de traitement automatisé de données » et « association de malfaiteurs », il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une opération coordonnée.
Si les enquêteurs de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) et de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) travaillent sur une piste terroriste ils n’excluent pas la piste d’activistes politiques même si aucune revendication n’a été retrouvée à ce jour.
Une usine à carbone
En effet, de nombreux militants environnementaux dénoncent les conséquences d’Internet sur la planète. On estime par exemple qu’une heure de streaming consomme plus d’électricité que deux réfrigérateurs, pendant un an. Actuellement, Internet utiliserait plus de 10% de toute l’électricité produite dans le monde (ordinateurs, data centers, réseaux…).
Des applications comme TikTok, l’une des plus polluantes, affichent des niveaux d’émission de près de 5 grammes équivalent CO2 par minute (voir graphique Statista ci-dessous).
Véritable usine à carbone, entre la 5G, la vidéo 8K, les jeux, le cloud, les objets connectés et la réalité virtuelle, internet pourrait ainsi consommer la moitié de l’électricité mondiale d’ici 2030 !
Il y a donc fort à parier que les actions de contestation menées par Extinction rébellion ou d’autres groupes d’activistes et de militants environnementaux se multiplient et se diversifient dans les années à venir.