3 décembre 2024 | 40 ans après sa création, l’ESEA continue de former les ébénistes de demain

Ecrit par Vanessa Arnal le 22 février 2024

40 ans après sa création, l’ESEA continue de former les ébénistes de demain

L’École supérieure d’ébénisterie d’Avignon (ESEA), qui est en réalité située au Thor, a célébré ses 40 ans en 2023. Ce lieu d’apprentissage et de transmission accueille chaque année une cinquantaine de stagiaires, qui ont choisi pour la plupart la voie de la reconversion.

Au détour d’une rue, à l’extérieur de la commune du Thor, derrière quelques habitations, elle se cache. Pourtant, ça fait 40 ans qu’elle est implantée là. L’École supérieure d’ébénisterie d’Avignon est la plus ancienne école d’ébénisterie de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui en compte aujourd’hui quatre.

Fondée en 1983 par le maître ébéniste Louis Suau, l’école est aujourd’hui dirigée par sa fille, Magali Donnat. Après avoir baigné toute son enfance dans le bois, Magali s’est dirigée vers des études d’économie et gestion puis a travaillé dans divers domaines avant de retourner dans l’entreprise familiale, l’ESEA, suite au décès de son père et au départ à la retraite de son oncle. Aujourd’hui, c’est le centre de formation ADEF de Marseille qui est propriétaire de l’école.

Une école, deux formations

Chaque année, l’ESEA accueille une cinquantaine de stagiaires, aussi appelés des « élèves », qui ont le choix entre une formation ébénisterie ou une formation sculpture et dorure sur bois. En tout, ce sont quatre formateurs, anciens élèves de l’ESEA, qui transmettent leur passion et leur savoir-faire aux stagiaires : Jérémie Labouré, Clément Pascal et Patrice Rousset pour la partie ébénisterie, et Yan Aubergier pour la partie sculpture et dorure.

Clément Pascal, Patrice Rousset, et Magali Donnat. ©Vanessa Arnal

Si 80% des cours concernent la pratique, les stagiaires ont également des cours un peu plus théoriques, pour lesquels ils quittent leur établi pour s’installer à un bureau plus classique. Dessin technique, dessin assisté par ordinateur, histoire de l’art, technologie et gestion d’entreprise sont des matières primordiales à l’enseignement proposé par l’ESEA, en plus des cours pratiques au sein des ateliers.

10 mois de formation

Chaque année, l’ESEA ouvre ses trois ateliers et ses salles de classe aux stagiaires pendant 10 mois, de septembre à juin. Durant cette période, ils réalisent plusieurs meubles imposés, ce sont généralement des meubles de style Louis XV ou Louis XVI, qui leur permettent de faire face à de nombreuses problématiques, et ainsi de savoir gérer tout un panel de difficultés à l’issue de leur formation. À la fin de l’année, ils doivent réaliser un meuble avec le style qu’ils souhaitent, qui est évalué par un jury de professionnels qui détermine si le stagiaire peut recevoir son titre RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles), reconnu par l’État.

En tout, il faut compter 200€ pour les frais d’inscription, de dossier et d’entretien, et 15 200€ pour 1520 heures de formation. Ce montant peut être payé en plusieurs échéances et les stagiaires peuvent bénéficier d’aides financières avec le CPF ou le dispositif PTP (Projet de transition professionnelle) par exemple. Au cours de l’année à l’ESEA, la matière première est fournie, l’outillage est mis à disposition, et les stagiaires repartent avec leurs créations à la fin de l’année.

Des stagiaires de tout horizon

Chaque année, l’ESEA accueille une cinquantaine de stagiaires de 18 à 65 ans, dont 73% sont des hommes et 27% des femmes (données de 2023). La plupart ont entre 35 et 40 ans, et sont en reconversion professionnelle. Ils sont banquiers, stylistes, dans le milieu de l’automobile, militaires, ou encore moniteurs de voile, et ils viennent des quatre coins du monde : la France, la Belgique, le Brésil, l’Australie, l’Afrique du Sud, ou encore la Turquie. Tous ont un point commun, ils veulent changer de vie.

Cette envie de changement a été notamment renforcée par la crise du Covid-19. Si les métiers qui nécessitent d’être assis derrière un bureau face à un ordinateur font de moins en moins rêver, les métiers manuels, eux, connaissent un véritable essor depuis quelques années. Une nouvelle qui aurait ravi le créateur de l’ESEA, qui avait pour objectif de mettre en valeur les métiers artisanaux, bien trop longtemps considérés comme des métiers « non intellectuels », vers lesquels étaient dirigés les élèves en difficulté à l’école.

Les stagiaires de l’ESEA vont donc garder leur nom collé sur leur poste de travail pendant encore quelques mois, les prochains, eux, feront leur rentrée le 2 septembre 2024. L’école, qui peut accueillir jusqu’à 54 stagiaires, accepte encore des candidatures. Pour ceux qui souhaitent plus de renseignements, il est possible de prendre rendez-vous pour visiter l’établissement, ou attendre la journée portes ouvertes qui aura lieu le jeudi 27 juin prochain.

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