Dimanche 21 janvier, le ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique Bruno Le Maire a annoncé une hausse entre 8,6 % et 9,8 % des prix de l’électricité à partir du 1er février, actant également la fin du bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement en 2021 pour limiter les effets de l’augmentation des prix de l’énergie pour les consommateurs. Cette augmentation, « décision difficile mais nécessaire » d’après Bruno Le Maire, a cependant été qualifiée de « décision gouvernementale » par la présidente de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) Emmanuelle Wargon : les prix de gros de l’électricité ont en effet baissé de plus de 30 % au cours des six derniers mois, et la CRE a donc recommandé une baisse moyenne du tarif réglementé de 0,35 % le mois dernier. Mais, en parallèle des prix de gros de l’énergie, l’État entame la suppression de son bouclier tarifaire, et va donc commencer à augmenter les taxes sur l’électricité, qui vont progressivement revenir à leur niveau d’origine. Le ministre de l’Économie a également précisé que la prochaine augmentation des prix de l’électricité aurait lieu au 1er février 2025.
Pour essayer de se consoler, le consommateur français pourra toujours se dire qu’il bénéficie globalement d’une électricité moins chère que la moyenne en Europe. Au regard de la situation sur le Vieux Continent, c’est en Belgique où l’on paye l’électricité le plus cher selon les dernières données publiées par Eurostat. En effet, les ménages belges payent plus de 43 centimes d’euro par kilowattheure (taxes et prélèvements inclus), soit un peu plus que les allemands qui déboursent environ 41 centimes. En Italie, les prix se situent à près de 38 centimes par kilowattheure, alors que la moyenne de l’UE-27 s’établit à 28,9 centimes.
Comparée à ses voisins, la France profite donc de tarifs d’électricité plutôt avantageux, notamment grâce aux coûts de production moins élevés liés au recours à l’énergie nucléaire (plus de 70 % de l’électricité produite en France en 2020). Le coût pour une consommation comprise entre 2 500 et 5 000 kW/h s’élevait ainsi à environ 23 centimes par kilowattheure au premier semestre 2023 dans l’Hexagone, un chiffre qui ne tient toutefois pas compte de la dernière hausse annoncée. Les pays où les tarifs sont les plus bas se trouvent en Europe de l’Est, mais aussi au nord, avec par exemple l’Islande qui profite de l’exploitation de la géothermie.
Les prix de gros retrouvent leur niveau d’avant la crise
Après les fortes hausses observées en 2021, puis en 2022 dans le sillage de la guerre en Ukraine, les prix de gros de l’électricité ont chuté ces douze derniers mois en Europe. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a ainsi proposé une diminution des tarifs réglementés de vente de l’électricité, une première depuis quatre ans. Mais la baisse des prix sur les marchés ne se reflétera pas sur la facture des consommateurs. Le gouvernement français a en effet annoncé une hausse de près de 10 % des prix de l’électricité à partir du 1er février 2024, en lien notamment avec la suppression du bouclier tarifaire qui avait abaissé les taxes sur l’énergie au plus fort de la crise.
Comme le montre le suivi mensuel d’Ember, les prix de gros de l’électricité en Europe sont globalement retombés à leur niveau d’avant la crise énergétique. En France par exemple, le prix de gros moyen était redescendu à 68,3 euros par mégawattheure en décembre 2023, soit une diminution d’environ 75 % par rapport à décembre 2022, et un chiffre proche du niveau enregistré au premier semestre 2021.
Comme le détaille également notre infographie, l’Espagne fait partie des rares pays d’Europe à ne pas avoir connu de flambée des prix de gros de l’électricité durant le pic de la crise énergétique. En juin 2022, l’Espagne et le Portugal avaient en effet adopté le mécanisme dit d’« exception ibérique », plafonnant le prix du gaz utilisé pour produire de l’électricité.
De Valentine Fourreau et Tristan Gaudiaut pour Statista