Le Vaucluse en Chiffres 2020 édité par L’Echo du Mardi est sur les presses.
Retrouvez ci-dessous l’édito de Laurent Garcia.
« La 5e édition du Vaucluse en chiffres est enfin sortie. Cela n’a pourtant pas été facile cette année en raison d’une crise sanitaire hors du commun. Mais, grâce au soutien sans faille de nos partenaires, pour qui l’appui à l’économie locale n’est pas un vain mot (les autres se reconnaîtront), les 180 pages du « Vaucluse en chiffres – édition 2020 » apportent un éclairage unique sur notre département.
Si ces données concernent principalement l’année 2019, elles reflètent déjà les forces et les faiblesses d’un territoire qui ne manque, ni des uns, ni des autres. Il faudra cependant attendre la prochaine édition pour mesurer l’impact définitif de la pandémie de Covid-19 (au risque de passer pour un ignoble populiste, j’ai décidé de privilégier la règle de l’usage, en utilisant le genre masculin, plutôt que le féminin, préconisé par l’Académie française).
L’essentiel n’est d’ailleurs pas une question de vocabulaire, même si on peut remercier nos Immortels d’avoir mis des mois à réagir, montrant au passage la capacité de notre pays à prendre des décisions dans l’urgence. L’essentiel est surtout de savoir comment nous avons pu laisser notre destin entre les mains d’un pays pratiquant des normes sanitaires douteuses, du ‘dumping’ social et une démocratie ‘alternative’. Il n’aura suffit donc que d’une carcasse de chauve-souris ou de pangolin sur un marché de Wuhan pour initier un inexorable ‘effet papillon’ plongeant le monde dans le chaos ?
Aujourd’hui, la Chine aimerait démontrer la supériorité de son système autoritaire face à l’épidémie oubliant, un peu vite, qu’il en a favorisé la propagation par son silence tout en minimisant l’ampleur du nombre de victimes. Etonnant de voir d’ailleurs ces pays qui se sont fait une spécialité de faire disparaître les vivants vouloir, soudainement, faire disparaître leurs morts. Ainsi, à en croire le très mesuré Kim Jong-un, aucune personne n’a été atteinte par le Covid-19 dans son pays. Pendant longtemps, la Biélorussie a nié le virus et au Turkménistan il a même été interdit d’utiliser le mot coronavirus.
« IL NE FAIT PAS BON ÊTRE HERBIVORE DANS UN MONDE DE CARNIVORES »
Ces régimes autoritaires, pratiquant censure et répression, ne faisant même plus semblant de préserver les apparences, ont aussi incité les gouvernements de certaines démocraties (aux États-Unis, au Brésil…) à s’affranchir des usages d’une gouvernance éclairée. Au premier rang de ces pays aujourd’hui complètement décomplexés figure encore Pékin qui, après avoir déjà tordu le cou à Hong Kong, ne cache plus ses intentions de s’en prendre à Taïwan. Un mouvement dans lequel s’est engouffré sans vergogne l’islamo-nationalisme turc d’Erdogan qui multiplie les provocations à tout-va, encouragé par l’inaction de l’Europe.
Bien d’autres devraient encore suivre si nous continuons à réfuter le sens de mémoire de notre histoire en refusant de voir qu’aujourd’hui nous n’avons jamais été aussi proches des prémices apocalyptiques des années 1930. Notre silence concernant les Yazédis, les Kurdes, les Rohingyas, les Ouïghours, les Coptes et les Arméniens maintenant (je dois malheureusement en oublier un grand nombre) ne sont que les premiers signes de nos compromissions et de nos lâchetés…
« Il ne fait pas bon se comporter comme des herbivores dans un monde de carnivores », constatait il y a peu un ancien ministre des Affaires étrangères allemand. Havre de paix, l’Europe s’est mise à confondre pacifisme et passivité laissant le seul usage de la force au tyran. « Nous, nous ne savons plus ni mourir, ni même tuer », prophétisait Albert Camus. Alors que tous les animaux de la jungle fuient l’incendie qui ravage leur forêt, seul le colibri si cher au paysan ardéchois et penseur Pierre Rabhi, s’active en allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Nous sommes tous ce colibri qui, à son échelle, apporte sa contribution à cet effort collectif que nous devrions tous assumer. Mais, face aux orages qui menacent, si nos seuls actes de résistance se limitent à frapper sur des casseroles ou boire un verre en terrasse alors, nous ne sommes pas près de déloger Jean Moulin du Panthéon. »